Avec "Des Mains en Or", on ne peut pas vraiment dire que la sympathique Isabelle Mergault ait souhaité miser sur une histoire originale d’autant qu’elle explique avoir écrit son scénario « très vite et sans plan ». Et c’est sûrement là tout le problème : rester en surface, être trop préssé(e), ne pas étoffer ses personnages, penser que les terrains connus sont fédérateurs. On a beau vouloir aimer son film, ce manque d’investissement se ressent forcément au sein d’une intrigue bâclée donc, sans profondeur ni subtilité et à la direction d’acteurs inexistante, ces derniers accomplissant ce qu’ils ont déjà fait maintes fois. Si le prétexte de la rebouteuse était pourtant intéressant, il est au final survolé et réduit à de rapides clichés. Pour le reste, on a affaire à une énième histoire de rencontre entre deux personnages que tout oppose, quelle ambition ! Et que de caricature… En effet, pour souligner le contraste entre les deux héros qu’elle souhaite aux antipodes l’un de l’autre, la réalisatrice a choisi Lambert Wilson et Josiane Balasko, respectivement étiquetés depuis longtemps comme un « acteur délicat et élégant » et une « comédienne gouailleuse et populaire ». Alors forcément il est coincé, elle est libérée, il est rigide, elle est sans filtre, il est sapé, elle est débraillée et ébouriffée, il a de la culture, elle est déconnectée, il est brillant, elle est simplette, il est hautain et méprisant, elle a bon cœur, il vit dans un univers bourgeois et austère, elle vit dans le bazar mais son environnement est chaleureux. Qu’ajouter de plus ? Ah voilà : au sein d’une petite nuée de seconds rôles tous plus inconsistants les uns que les autres (palme à Jean-Louis Barcelona en homme à tout faire continuellement au bord de la syncope, au secours !), on retrouve avec peine Sylvie Testud jouant les faire-valoir avec le maigre rôle de l’épouse froide, médecin obsédée par les médicaments qu’elle impose en vain à son mari. Si Isabelle Mergault a parfaitement le droit d’être attachée aux clichés qui siéent si bien au théâtre de boulevard dont elle est l’une des vedettes à succès, on est en droit d’attendre un peu plus d’inspiration pour ses rares passages sur grand écran. Son film se laisse voir grâce au capital sympathie dont bénéficie l’ensemble mais ce capital est mis à rude épreuve.