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Barry.L
28 abonnés
136 critiques
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3,0
Publiée le 21 juin 2020
‘’Sept morts sur ordonnance’’ n’est pas un film qui dévoile une patte très personnelle de la part de son réalisateur. Si le film présente des qualités et des défauts évidents, il frappe surtout de par ses similitudes avec le cinéma de Claude Chabrol. Même critique acerbe d’une bourgeoisie provinciale qui tient à conserver ses privilèges. Même filmage brut, très attaché à peindre avec le plus de réalisme possible un milieu. L’ombre de Chabrol plane sur l’ensemble de ‘’Sept morts sur ordonnance’’.
Le chirurgien Losseray (Michel Piccoli) est un fonctionnaire qui va se heurter au professeur Brézé (Charles Vanel), lequel dirige une clinique privée. Très puissant praticien, Brézé est gêné par Losseray qui lui volerait une partie de sa clientèle. Losseray va alors découvrir que 10 ans plus tôt, un excellent médecin, Berg (Gérard Depardieu) très hostile à Brézé avait massacré sa propre famille avant de se suicider.
Pour rendre hommage au regretté Michel Piccoli, ‘’Sept mort sur ordonnance’’ n’était pas le film le plus adéquat. En effet, Piccoli, ou plutôt son personnage n’est pas l’élément le plus marquant du film, et n’est même pas spécialement mis en valeur. Ce qui marque dans le film, ce serait plutôt le personnage incarné par Charles Vanel (formidable, comme d’habitude) et son entourage. Plus globalement, le point fort de ‘’Sept morts sur ordonnance’’ est son scénario, signé Georges Conchon (d’après son roman éponyme). Il présente sans aucune concession le milieu médical et toutes les magouilles qui s’y passent. On a déjà eu au cinéma des descriptions très fouillées (et parfois très noires) sur tel ou tel corps de métier. Mais l’impact est d’autant plus fort qu’il s’agit ici d’un milieu censé sauver des vies. Voir ainsi un empire médical dont l’unique intérêt est de faire des profits fait froid dans le dos. La figure incarnée par Vanel vaut à elle seule de voir le film : dès le début, le ton est donné, pour la famille Brézé, la médecine est un business. Et comme tout bon business, il s’agit de mener la vie dure à la concurrence. ‘’Sept mort sur ordonnance’’décrit une quasi-mafia qui cherche en se drapant dans la légalité à mettre à l’écart toute personne qui pourrait lui faire de l’ombre. Certains codes du film de mafieux sont d’ailleurs repris. On pense par exemple à la séquence d’ouverture où les différents membres du clan prennent simultanément leur voiture (très chic) pour se réunir chez le patriarche et faire les comptes. Ou encore au harcèlement que va subir Losseray. Le film est pertinent dès qu’il aborde cette obsession. « Tout contrôler, du plus gros au plus petit » pourrait être la devise de Brézé. ‘’Sept mort sur ordonnance’’ décrit donc une machine qui dévore et broie tout ce qui pourrait gêner. Le moindre petit grain de sable doit être balayé.
Mais en soit, ce monstre dévorant tout sur son passage n’est pas l’originalité du film. Manifestement le metteur en scène et son scénariste voulaient représenter ce clan sur plusieurs générations. Représenter Brézé et les siens sur différentes temporalités renforcent l’impression inquiétante imposé par ce monde tentaculaire. Le film gagne en ampleur grâce aux innombrables sauts dans le temps : il permet de prendre conscience du mal qui se tapie spoiler: sur un terrain de tennis . Un mal éternel qui semble sévir et commettre ses méfaits depuis un temps lointain (spoiler: si le film se passe à 10 ans d’intervalle, il est révélé que Brézé était maire pendant l’Occupation : information supplémentaire pour dévoiler le pouvoir et l’influence qui semble sans limite de cet homme ). La dénonciation est appuyé par les victimes de Brézé : Losseray et Berg. Les deux hommes sont radicalement différents. Losseray est un chirurgien comme les autres, humble et discret. Berg est quant à lui l’un des meilleurs chirurgiens qui soit : en résulte une personnalité haute en couleur, vaniteuse… Deux profils différents spoiler: et pourtant deux destins similaires . On en arrive au coeur du film. Peu importe son caractère ou son tempérament, l’individu finit toujours broyé et détruit par le système (mot certes très vague mais valide malgré tout). Implacable, Brézé ne fait pas de distinguo entre les deux hommes. A partir du moment où Losseray et Berg refusaient les compromis, leur destin était scellé. Rien ne saurait entacher le pouvoir et les privilèges de cette élite médicale. Le scénario (de par les sauts dans le temps et les profils bien distincts de Losseray et Berg) est donc un sans-faute.
On ne peut hélas pas en dire autant de la réalisation de Jacques Rouffio. Ce dernier est assez maladroit et démonstratif (encore plus que le scénario). Plus exactement, le film ne semble pas savoir sur quel pied danser. Tantôt, il se présente sous un jour sobre, à la Chabrol, tantôt le film est assez ampoulé. Plusieurs effets de manche sont assez grossiers et une scène notamment est extrêmement complaisante (spoiler: dans un film de cette nature-là où les choses sont en grande partie dissimulées, était-ce vraiment nécessaire de montrer le massacre sanglant de la famille Berg et même pire de filmer les trous béants et les corps? ). Cette réalisation pourrait éventuellement se justifier dans la mesure où elle cherche au mieux à s’adapter aux comportements des deux héros interprétés par Piccoli et Depardieu : tantôt simple comme le premier, tantôt plus sophistiqué comme le second. Toujours est-il qu’il est regrettable que Rouffio soit par moment vraiment balourd et par moment assez impersonnel. Au fond, ‘’Sept mort sur ordonnance’’ (comme dit en début de critique) ne révèle pas Rouffio en tant que grand réalisateur, mais seulement en tant qu’admirateur du cinéma de Chabrol. Tel est la limite de ce film qui par ailleurs brille par sa distribution (et pour l’époque, voir Vanel donner une leçon à tous ces ‘’jeunots’’ devait être assez délicieux).
Inspiré d’un fait divers, ce film sombre de Jacques Rouffio est sorti en 1975. Il retrace, à plusieurs années d’intervalle, les déboires de deux chirurgiens talentueux soumis à un chantage professionnel de la part d’un puissant notable local (Charles Vanel). Si le montage alterne avec une certaine fluidité les allers-retours entre présent et passé, ce film possède néanmoins plusieurs défauts. D’une part, on peut regretter que la critique de la bourgeoise provinciale soit aussi peu acerbe. D’autre part, même si l’interprétation des acteurs principaux (Michel Piccoli et Gérard Depardieu) reste solide, le développement de leur personnage apparait insuffisamment approfondi. Du coup, le cheminement qui les conduit au suicide semble un peu expéditif. Bref, un sentiment partagé.
J'irai à contre-courant pour ce film, pour diverses raisons. Tout d'abord je déteste toutes les histoires de docteurs, d'hôpitaux, de médecines, d'opérations chirurgicales (a part dans les films d'horreur) etc...je trouve ça déprimant. J'ai été attiré par le titre, mais cette histoire dramatique, je l'admets, est ennuyeuse au possible (bien que remarquablement bien interprétée). Un Piccoli pas trop mauvais, car n'oublions pas qu'a cette époque l'acteur jouait dans des navets italiens genre La Grande Bouffe ou les films soporifiques de Claude Sautet. 41 minutes (et sur deux jours !) voilà combien j'ai tenu. À voir seulement si l'on aime le cinéma traitant de ce genre de sujet, moi je ne peux supporter cette catégorie de chronique que si c'est traité sur la forme d'humoristique. (ceci est une critique personnelle et non un jugement sur la qualité de cette oeuvre).
Bien que tirée de faits réels, on a du mal à rentrer dans ce milieu impitoyable de chirurgiens aux égo(s) surdimensionnés. Distribution prestigieuse mais mise en scène et dialogues caricaturaux.
Un très bon film inspiré d'une histoire vraie avec trois acteurs impeccables (mention spéciale pour Charles Vanel dans le rôle du machiavélique Brézé, Depardieu dans le rôle de l'impétueux docteur Berg et Michel Piccoli plus en retrait dans le rôle du docteur Losseray). Une bonne surprise.