« LaRoy » est un premier long-métrage, et le moins que l’on puisse dire c’est que cela ne saute pas aux yeux. Si tous les premiers films étaient de ce calibre, le cinéma n’aurait pas de bile à se faire. Shane Atkinson nous offre une petite comédie policière, drôle et très noire, qui n’est pas sans faire penser aux frères Coen et en particulier à « Fargo ». Sauf qu’ici, c’est écrasé par le soleil texan que des personnages hauts en couleurs doivent se dépatouiller d’une histoire crapuleuse et sordide, née d’un simple quiproquo. Quand on pense Texas, on pense stetsons, bottes de cow-boys, cravates-ficelles, country music, gros pick up, boites de strip-tease sordides et désert à portée de fusil. Et bien dans « LaRoy », on a tout cela, et si on a la chance de voir le film en VOST, on a même l’accent texan à couper au couteau en prime ! Le film dure moins de deux heures, il met peut-être un peu le temps à démarrer mais une fois que c’est parti, on ne voit pas le temps passer. Le film est accompagné de musique country tout le long, même si on n’est pas très client il faut reconnaitre que cela fonctionne. Le film est assez violent, certes, les morts par balles ne sont pas rares mais cette violence n’est pas filmée de façon complaisante, la plupart des exécutions sont justes suggérées et au final, on ne voit que peu de sang. L’humour noir est très présent, notamment dans la façon dont les personnages sont croqués. Ils sont outranciers, c’est vrai pour la plupart, mais le curseur s’arrêt juste avant qu’ils ne deviennent caricaturaux. Le rôle principal est tenu par John Magaro, qui incarne très bien le pauvre type gentil mais un peu falot, amoureux malheureux, affublé d’un frère odieux, le genre de type qui subit plus qu’il n’agit. Megan Stevenson, quant à elle, est pathétique à souhait en ancienne reine de beauté (locale), qui sourit trop et trop large, qui trompe son mari et qui ne cache pas le mépris qu’il lui inspire. On note aussi la jolie performance de Dylan Baker en tueur à gage froid et calculateur, particulièrement savoureux dans la scène d’ouverture du film, que j’aime beaucoup car elle ultra cynique et ma foi, assez drôle. Mais la mention spéciale, je la réserve à un comédien que le cinéma américain sous-exploite, Steve Zahn. Je l’avais découvert dans la série « Treme » et je ne l’avais pas beaucoup vu depuis. Ici il est savoureux en détective privé, déguisé comme un cow boy (il ne lui manque rien, pas même la boucle de ceinture !), c’est un loser magnifique au premier abord,
jusqu’à ce que, mine de rien et contre toute attente, il finisse par tirer son épingle du jeu
. Steve Zahn est formidable et le film lui doit énormément. Le scénario est assez complexe, c’est vrai, mais pas au point de nous perdre totalement en route. Toute l’aventure commence par un quiproquo, mais qui sur le coup ne parait pas ni improbable, ni tiré par les cheveux. Ensuite toute s’enchaine et l’intrigue de ramifie en plusieurs banches,
avec au centre du jeu une mallette pleine de dollars, puisque qu’on est en Amérique et que tout finit toujours autour d’une mallette pleine de dollars ! Chantage, infidélités, trahisons, double-jeu et vengeance, tout s’entremêle jusqu’au dénouement, sanglant et étonnamment noir.
« LaRoy » a beau se dérouler dans le Sud, dans un Texas pétri de conservatisme et de valeurs chrétiennes, on y pratique l’infidélité, le mensonge, le crime, le chantage sans aucune modération. « LaRoy », c’est une certaine idée de l’Amérique ! Même si cette comédie policière n’est pas le chef d’œuvre de l’année, c’est un très bon premier film qui nous fait passer un bon moment de cinéma. Shane Atkinson à de l’avenir en tant que réalisateur s’il creuse le sillon de l’irrévérence et de l’humour noir.