Ancienne militaire (trop badass comme elle aime à le rappeler avec une condescendance permanente à l'égard d'autrui), Tess s'apprête à fêter l'enterrement de vie de jeune fille de sa sœur cadette en compagnie de leur aînée et de ses amies d'enfance avec qui elle n'a guère d'atomes crochus.
Le lieu choisi ? Une maison appartenant à leurs parents, évidemment très isolée, bien sûr dépourvue du moindre réseau (à part à une fenêtre) et, cerise sur le gâteau, dans laquelle aucun des propriétaires ou leurs descendantes n'ont mis les pieds depuis longtemps.
Ce qui doit arriver arrive: un groupe de malfaiteurs vient mettre un terme aux festivités et menace de tuer toutes les convives si celles-ci ne les laissent pas entrer afin de mettre la main sur un mystérieux objectif...
Home invasion lambda et aux velléités féministes plus que poussives , "Fear the Night" réussit le tour de force de nous rendre instantanément antipathiques l'intégralité de ses personnages, pour qui aucune forme d'attachement ne parviendra jamais à être éprouvée dans l'inévitable épreuve qui les attend (et c'est clairement un brin embêtant dans ce genre de film !).
D'abord vis-à-vis de son héroïne principale, affirmant gratuitement ses airs supérieurs de super-soldat envers ses proches et inconnus avec un dédain non dissimulé, notamment via une relation tumultueuse avec sa sœur aînée insupportable, puis de la quasi-totalité des autres protagonistes féminins (seule la future mariée semble avoir plus d'une neurone à disposition) traités comme une nuée de cruches stéréotypées dont la superficialité affichée va vite se disputer à des sommets de bêtise face aux assaillants (Tess se verra même contrainte de leur expliquer que survivre est une meilleure solution que mourir... oui, on en est là).
Bien entendu, en tant que camp antagoniste, les personnages masculins seront traités comme un mal unilatéral, n'appelant aucune nuance dans le combo vénal-pervers-brute-idiot qui sert de portrait pour tous les définir, avec une mention spéciale aux heureux hasards pour les placer sur la route des victimes et à la stupidité imbattable d'agir le soir où, comme par hasard, il y a quelqu'un dans la maison visée (elle est vide sinon, TOUT LE TEMPS, aucun d'eux n'a pensé à la surveiller avant d'agir ??)...
Si "Fear the Night" se montrait au moins un minimum généreux et haletant en tant que home invasion, on pourrait bien entendu fermer (un peu) les yeux sur toutes les caricatures qui s'y s'affrontent. Mais non. Entrecoupé par le décompte d'heures le plus artificiel qu'il soit (à part ne pas trop compliquer la vie du monteur, le procédé n'a aucune utilité), le film de Neil LaBute n'a jamais quoi que ce soit d'un minimum novateur à apporter à ce type de récit, se contentant seulement de réveiller l'instinct de sa femme soldat (et celui de son actrice Maggie Q dans l'action) en vue de quelques péripéties peu marquantes, juste bonnes à remplir un maigre quota d'exécutions peu inspirées et prévisibles (même le combat final est d'une platitude assez effarante).
Bref, c'est bien simple, tout le monde mérite de mourir dans ce "Fear the Night", Neil LaBute compris pour l'avoir écrit et réalisé.
Mieux vaut donc réellement craindre la nuit qu'espérer avoir le moindre frisson devant "Fear the Night", oubliable de bout en bout et qui aurait peut-être finalement mieux fait de s'intéresser aux conséquences de sa nuit mouvementée sur ses héroïnes (ce que laisse entrevoir l'épilogue), il y avait peut-être là un angle un peu plus pertinent à creuser plutôt que se concentrer sur une énième variation de home invasion insipide. Enfin, avec des personnages aussi ridicules, pas sûr que cela aurait été tellement passionnant cela dit.