Aaaah Richard... qu'il était bon ce maître Attenborough ! Pour rien au monde je ne raterai son biopic "Chaplin" ! Ayant vu son "Gandhi", doté d'une esthétique rarement aussi raffinée, je me permets de rendre hommage au Sir qu'il était, connu du grand public pour avoir interprété un John Hammond génétiquement génial dans le film culte spielberguien "Jurassik park".
Sir bien particulier, Richard fait partie, avec Noël Coward, du club très fermé des anoblis acteurs-réalisateurs (Noël avait réalisé avec David Lean "Ceux qui servent en mer", et il avait joué dans "Notre agent à La Havane"(avec Sir Alec) et "L'or se barre" (avec Michael Caine) notamment). Tous mes chapeaux, Monsieur Attenborough !!
Comment lui rendre hommage, si ce n'est en regardant "Un pont trop loin", son troisième métrage en tant que réalisateur ? Eh bien, la chose est faite, et me voilà parti pour donner mon opinion sur ce film.
Décrivant l'opération Market Garden avec précision, l'histoire est basée sur des événements bien réels retranscrits dans le livre de Cornelius Ryan qu'adapte Sir Attenborough pour le cinéma, ce dernier s'autorisant quelques libertés avec les faits historiques. Le programme de Market Garden était simple : prendre les ponts du Rhin pour faire passer les blindés alliés puis écraser le Troisième Reich comme il était prévu. Résultat : une raclée pour les combattants de l'ouest, et une réussite côté allemand. Bigre ! Une page méconnue de la Seconde Guerre Mondiale en quelques mots.
Le scénario, méticuleusement armé, permet au metteur en scène de montrer tous les personnages en charge de la mission : régiments, sergents, lieutenants, soldats... sans pour autant approfondir la psychologie. Aucune importance, d'autant que le film avance à un rythme effréné (montage parfaitement maîtrisé) et que l'on ne prend aucun moment de répit trois heures durant. Un boulot réalisé à la perfection. Merci Monsieur Richard ! D'autant que les scènes de guerre sont justes et n'ont pour ainsi dire aucun défaut. Explosions, fusillades, première scène de l’aéroportage maîtrisée à la perfection (la plus culte à mon goût), et les scènes de guerre en général montrent un travail phénoménal de la mise en scène. Dinosauresquement vôtre, maître Attenborough !! Se délecter de ce savoir-faire (le film, bien sûr), est un pur bonheur.
Et maintenant, parlons casting. Richard a ici bien pris soin d'englober son opération Market Garden sans dégager l'un ou l'autre acteur. Très bon point ! Avec Dirk Bogarde (que je n'ai pas reconnu tout de suite), Sean Connery (qui n'a pas son doubleur habituel), Robert Redford (idem), Ryan O'Neal, Gene Hackman (j'en ai mis du temps à le reconnaître !), Edward Fox, Anthony Hopkins, Michael Caine, James Caan (lui, je l'ai reconnu immédiatement !), Laurence Olivier, Elliott Gould, Ben Cross, Liv Ulmann, Hardy Krüger, John Ratzenberg, Wolfgang Preiss, Denholm Elliott, Maximilian Schell, Richard (lui-même, dans une furtive apparition), et Colin Farell (à ne pas confondre avec l'actuel). Que du beau monde en gros. Pour mieux vous renseigner sur ces acteurs, allez regarder leurs fiches Allociné. Merci spectateurs.
Avec toutes ces qualités, pourquoi "A bridge too far" ne m'a pas comblé complètement ? Sans doute à cause de ce cinéma des 70's qui ne dénonce pas assez la guerre (quoi qu'ici il fallait parler du déroulement de l'opération). Sir Richard reste dans le réalisme pur et dur (ce qui fera toute sa grandeur dans les biopics suivants ("Chaplin" et "Gandhi" pour ne citer que ceux là !!)) et ne s'attache encore pas aux personnages. Ceci dit, maître Attenborough a plus d'une flèche à son arc, et c'est avec grand plaisir que l'on suit les péripéties bigrement réalistes dans lesquels scènes de guerre et de tension se succèdent. De la maîtrise, certes, mais pas encore du grand cinéma. Mais bon, on se détend comme on peut, et Sir Richard le sait déjà. Alors, en un mot : merci monsieur le réalisateur !
Pas un chef d'oeuvre donc, un film culte pour certains, mais un classique du film de guerre comme on les aime. Dormez en paix, maître Attenborough !
Pour une culture cinématographique certaine, à qui veut... .