Avis sur Meurtres à Calcutta

“Meurtres à Calcutta” est le troisième des cinq films qu’Alan Ladd tourna avec John Farrow. Depuis ses apparitions successives comme émule d’Humphrey Bogart dans “Tueur à gages” (Frank Tuttle en 1942), “La clé de verre” (Stuart Heisler en 1942) et “Le Dalhia Bleu” (George Marshall en 1946), Alan Ladd est une star incontestée au sein de La Parmount qui grâce à lui pénètre l’univers du film noir tout en conservant une image glamour que la beauté sportive de Ladd lui permet de faire passer à l’écran. Bien sûr comme le veut la règle de l’époque, l’acteur sous contrat est utilisé à toutes les sauces c’est-à-dire dans tous les genres aussi bien film noir, aventures exotiques, western, ou film de pirates). En quelque sorte une jonction presque parfaite entre Humphrey Bogart et Errol Flynn qui depuis six ans font les beaux jours de la Warner. De son côté John Farrow lui aussi sous contrat à la Paramount, est le parfait réalisateur de série B. Pas étonnant donc que les deux hommes s’apprécient. Farrow sait parfaitement marier la beauté un peu froide de Ladd due à sa blondeur et à l’impassibilité de son regard avec ses capacités athlétiques que l’acteur ne rechigne jamais à utiliser. Sa parfaitement diction et sa voix suave de baryton constituent un atout supplémentaire . De 1941 à 1954, Ladd connaitra une période dorée qui malheureusement sera suivi d’un déclin fatal. “Meurtres à Calcutta” est écrit par Seton I. Miller qui a déjà à son actif des films aussi prestigieux que “Scarface” (Howard Hawks en 1932), “Les aventures de Robin des bois” (William Keighley en 1938), “L’aigle des mers” (Michael Curtiz en 1940) ou “Le cygne noir” (Henry King en 1942). Le film se veut un mélange efficace entre film noir et atmosphère coloniale exotique. Alan Ladd associé à William Bendix qu’il connait bien campe un ancien aviateur de l’armée américaine qui avec deux camarades se sont associés pour monter une petite compagnie proposant des vols commerciaux entre Chungking et Calcutta. Alors qu’il doit se marier le troisième de la bande (John Whitney) est retrouvé assassiné. Neale Gordon (Alan Ladd) et Pedro Blake (William Bendix) mènent l’enquête formant un attelage efficace entre les méthodes musclées de Blake et le sang froid de Gordon. Comme attendu une femme entre dans la danse avec une Gail Russell qui a bien du mal à faire passer le côté sulfureux et calculateur de son personnage , comme l’avait justement souligné la critique de l’époque. Tourné en studio et aux abords d’Hollywood, le film dégage le parfum certes un peu factice mais aussi envoûtant de ces jungles en carton pâte de la grande époque des studios curieusement tout aussi immersives que certains SFX actuels. Le film repose en grande partie sur les épaules d’Alan Ladd qui démontre comme depuis ses débuts une finesse de jeu qui n’avait sans doute pas été suffisamment remarquée à l’époque où l’accent était mis essentiellement sur sa blondeur mais aussi sa petite taille. Une agréable surprise n’affichant d’autre prétention que divertir offerte par “Meurtres à Calcutta”.