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    Le Désert rouge
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    33 critiques spectateurs

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    anonyme
    Un visiteur
    4,0
    Publiée le 2 novembre 2013
    Premier film en couleur réalisé par Antonioni, "Le Désert Rouge" suit le parcours d'une femme atteint d'un mal inconnu au sein d'une petite ville portuaire du nord de l'Italie. Déjà, un détail qui marque nos yeux, ce sont ces plans composés par le réalisateur mettant en avant des couleurs ternes, dans une ambiance hivernale. Durant toute la durée du film, les personnages avancent, marchent, discutent en plein brouillard, que ce soit sur un bateau ou à l'extérieur d'une usine. Antonioni joue avec l'atmosphère que pour le spectateur ressente un sentiment d'oppression, à l'instar du personnage principal, interprété par la sublime Monica Vitti, touchante en femme fragile. L'atmosphère agit comme le reflet du mal être de la femme, Giuliana, en mettant en avant des décors sombres, lugubres, insalubres. Le scénario en lui-même est aussi innovant. Pas de climax ni d'événements faisant avancer l'histoire. Uniquement des bribes du quotidien de Giuliana viennent ponctuer le film, ainsi que ses rapports avec un autre marginal, Corrado Zeller (joué par le regretté Richard Harris). De ce fait, j'ai eu quelque peu de mal à accrocher à ce "Désert rouge" durant les premières minutes, le style et la narration étant déroutants. Puis, lentement, on se laisse porter par le rythme du film jusqu'à s'immiscer complètement dans le récit et à ressentir les mêmes émotions que le personnage de Giuliana. Antonioni effectue un travail très recherché et envoutant, à la fois réaliste et onirique. Je ne dirais pas que "Désert Rouge" s'inscrit dans la lignée du néo-réalisme italien. D'ailleurs, "Désert Rouge" n'appartient à aucun courant tant il s'agit d'un film atypique. Magnifique portrait de femme dans une atmosphère inquiétante, Antonioni filme la vie comme dans un rêve. En résulte un film que le spectateur ressent au plus profond de lui-même, en se laissant border par les bribes de vie filmées. "Désert Rouge" est bien plus qu'un simple film. C'est une expérience à part entière, portée par une réalisation majestueuse et par l'interprétation sans faille de Monica Vitti.
     Kurosawa
    Kurosawa

    591 abonnés 1 509 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 12 juillet 2018
    Après la trilogie de l'incommunicabilité, Michelangelo Antonioni passe à la couleur avec "Le Désert Rouge", film déroutant et abstrait qui met en scène un personnage totalement désespéré (Giuliana), interprété par la magnifique Monica Vitti. Alors que les précédents films du maître italien se focalisaient sur une incapacité des êtres à communiquer entre eux, celui-ci est plutôt la représentation d'une difficulté à vivre dans un monde incompréhensible et nuisible. Si Corrado (Richard Harris) semble pouvoir évacuer son malaise en voyageant sans cesse, en échappant donc à un décor uniforme, Giuliana ne trouve pas d'issue, condamnée à errer dans un monde pollué par l'expansion des zones industrielles, qui inspirent pourtant fortement Antonioni sur un plan architectural - et donc cinématographique. Le désespoir de Giuliana contamine les lieux dans lesquels elle évolue, il ne contraste avec le monde que par sa veste verte qu'elle porte au début et à la toute fin du film; hormis cet écart, sa chevelure fait écho au bois rouge de la cabane dans laquelle elle se trouve avec certaines connaissances et dans sa maison où, pendant une nuit d'amour qui engendre la séparation avec son amant, sa vision est absorbée par un rouge perçant et artificiel au-dessus d'elle. Giuliana doit se résoudre à accepter son état de dépression perpétuelle et dans son rêve de liberté qu'elle évoque à travers une histoire qu'elle raconte à son fils (une jeune fille vivant seule sur une plage déserte et qui soudain entend un bruit continu qu'elle ne peut localiser), réside l'idée que le bonheur est illusoire et que même dans le lieu le plus idyllique qui soit, l'harmonie sera toujours brisée par un événement irrationnel. Peut-être le film le plus sombre d’Antonioni, « Le Désert Rouge » est une œuvre exigeante au fort pouvoir de fascination, une pièce importante dans la filmographie du cinéaste.
    stebbins
    stebbins

    507 abonnés 1 747 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 14 août 2008
    Encore un chef d'oeuvre du grand Michelangelo Antonioni. Il s'agit là d'une oeuvre plastique, d'une succession de peintures animées et ravissantes...Pourtant, nous ne sommes pas au musée mais bel et bien au cinéma . Pour son premier film en couleurs, le réalisateur italien a fait fort : en donnant chair aux détails les plus insignifiants, il signe l'un de ses films les plus profonds et les plus tristes : perfection de la chevelure flamboyante de Monica Vitti ( son meilleur rôle avec L'Eclipse ), manteau vert faisant figure de mirage dans l'immensité grise des usines, séquence éphémère dans laquelle une jeune femme s'allonge sur le sable rouge...Ici, les couleurs ont leur sens, il ne s'agit pas d'un simple caprice de modernité. Le Désert Rouge traite en partie des affects et des attaches, d'un homme voyageur et d'une femme sans repères. En cela, le travail d'Antonioni sur les contrastes est prodigieux. Aucunement illustratif et toujours subtil, ce chef d'oeuvre est donc une splendeur visuelle doublée d'une invitation à la méditation. Monica Vitti, plus désespérée que jamais, est extraordinaire. L'un des meilleurs films d'Antonioni.
    Anaxagore
    Anaxagore

    130 abonnés 135 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 29 mai 2007
    De tous les films d'Antonioni, "Il deserto rosso" (1964) est peut-être celui par lequel mon coeur est le plus vivement chaviré. Et cela parce qu'il constitue le point d'aboutissement de cette courte et fulgurante période créatrice qui commence en 1960 avec "L'Avventura" et qui voit le réalisateur italien produire ses ouvrages esthétiquement les plus radicaux et les plus purs. À partir de "Blow up", il s'orientera vers un cinéma, certes de qualité, mais davantage en phase avec les attentes du grand public. Cela n'est pas un mal en soi, mais explique que ses partis pris ne s'y retrouvent plus avec la même acuité. Pour ce qui est du contenu, "Le désert rouge" s'inscrit dans la continuité avec les films précédents. Il se présente comme l'exploration de l'âme d'une jeune femme dépressive en déphasage complet avec son entourage, et nous fait vivre de l'intérieur la vision convulsive qu'elle a du monde. La forme qui résulte de ce contenu et qui l'épouse à la perfection est d'une beauté sans pareille. Elle se distingue dans l'oeuvre du réalisateur par la découverte éblouie de la couleur. Et cette découverte s'opère, comme chez tous les grands réalisateurs (on songe ici à Fellini, à Ozu, à Kurosawa, à Tati, à Godard, à Bergman, à Tarkovski...), sous le signe de la responsabilité la plus assumée. Si le cinéaste fait usage de la couleur, il ne peut le faire avec désinvolture. Il ne s'agit pas de reproduire les couleurs naturelles triviales, mais d'inventer un monde nouveau aux mille teintes nouvelles. Antonioni compte certainement au rang de ces cinéastes qui ont su éviter le piège du naturalisme et on se surprend à rêver, à la vision des splendeurs du "Désert rouge", que nos contemporains puissent se souvenir un jour que la couleur était à la fois une chance et un danger!
    chrischambers86
    chrischambers86

    13 952 abonnés 12 478 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 3 février 2022
    L'une des oeuvres majeures de Michelangelo Antonioni qui reflète le monde vu par les yeux de son hèroïne cherchant en vain son èquilibre! C'est l'aboutissement de la trajectoire de son auteur qui traite de la relation dialectique de l'homme occidental avec l'entourage industriel qu'il a lui-même crèè! Une première rèalisation en couleur qui marque aussi la rupture avec les autres films d'Antonioni où le dialogue devient vite superflu! Monica Vitti, qui nous a quittè le 02 fèvrier 2022, est vibrante et intense dans sa nèvrose, certes perdue une fois de plus mais bien plus vivante que dans "L'avventura", "La notte" et "L'eclisse". Toute l'angoisse existentielle et les obsessions d'un cinèaste en pleine possession de ses moyens, expert dans l'art abstrait! L'errance, la solitude, le mystère, tout ça avec un grand sens pictural! Les images sont raffinèes, la musique est fascinante, et certains plans ressemblent à des tableaux! On frise le chef d'oeuvre même si le film ne propose pas de solution! Juste un desert hantè de mirages avec le froid, la grisaille et le brouillard de Ravenne! Et parfois on y voit dans le ciel des antennes pour ècouter les ètoiles et honorer la mèmoire d'une actrice de lègende! Addio Monica Vitti...
    Kiwi98
    Kiwi98

    266 abonnés 238 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 26 mai 2015
    Juste avant ses deux œuvres majeures « Blow Up » et « Zabriskie Point » qui feront sa renommée internationale, l’italien Michelangelo Antonioni part une dernière fois en virée avec sa muse Monica Vitti, et cette fois ci en couleur dans un univers radicalement différent de ce que le réalisateur de « L’Avventura » aura fait.

    Ici, dans « Le Désert Rouge », la tragédie n’est qui prétexte pour sublimer l’horreur. Sorte d’épopée au cœur de la solitude dans une atmosphère industrielle et dévastée, ou une palette variée construit un tableau mal dans sa peau à travers les yeux de Monica Vitti, qui en dehors de sa beauté, saisit sur le bout des doigts la complexité de son personnage. Une héroïne perturbée, perturbante, distante, attachante, visible et invisible, dont Antonioni laisse planer l’ombre dans un déluge de couleurs et de pollutions qui ressemble à une vision quasi post-apocalyptique. Car dans ce désert rien n’est beau, le gris domine, les marécages sont jaunâtres et le brouillard repoussant et irréel.

    Plein d’ambiguïté, languissant, excellemment mis en scène, Antonioni exerce un véritable trip au sommet de l’angoisse existentielle et conduit à une œuvre morte dans l’âme qui aurait tout aussi bien pu avoir été réalisée par un Andrei Tarkovski ou encore Bergman. Mais loin des grands, Antonioni offre sa véritable personnalité à travers le plastique, mis en image par un sens de l’esthétique absolu, enivrant et brutal, presque insupportable au fur et à mesure d’être à la traine sans dévoiler sa longueur forcée et désespérée, aussi seule que cette sublime Monica Vitti, une sorte d’archétype de la douceur absolue et de la beauté italienne dans tout son éclat, qui lorsqu’elle raconte cette simple histoire devient aussi onirique de fascinante.
    S M.
    S M.

    34 abonnés 557 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 23 septembre 2013
    Premier film d'Antonioni en couleurs et sans conteste, l'un de ses meilleurs. D'une beauté visuelle splendide, les tons rouges, verts et jaunes notamment ou encore les plans en extérieur (Le paysage industriel désolé), on a l'impression de voir des fresques et peintures en images. Chaque plan est une merveille qui nous amène à nous poser des questions. Monica Vitti est formidable de justesse dans sa triste descente aux enfers. Une expérience esthétique unique.
    Yves G.
    Yves G.

    1 498 abonnés 3 515 critiques Suivre son activité

    1,5
    Publiée le 6 mai 2022
    Giuliana (Monica Vitti) est malheureuse. Elle est mariée à Ugo, un ingénieur qui travaille dans une immense zone industrielle littorale de l’Italie du nord. Elle est la mère d’un petit garçon prénommé Valerio. Elle fait la rencontre de Corrado Zeller (Richard Harris), un collègue de son mari venu dans la région pour recruter des ouvriers afin de partir travailler en Patagonie. Giuliana l’accompagne dans ses démarches, lui confie que l’accident de voiture dont elle a été victime était en fait une tentative de suicide, finit par se donner à lui dans une ultime tentative de retrouver goût à la vie… et se retrouve à la fin du film au même point qu’au début.

    Avant "Le Désert Rouge", Michelangelo Antonioni vient de signer trois films d’anthologie : "L’Avventura" (1960, prix du Jury à Cannes), "La Nuit" (1961, Ours d’or à Berlin), "L’Eclipse" (1962, prix spécial du jury à Cannes). Monica Vitti y tenait déjà le rôle principal comme elle interprète celui du "Désert rouge", Lion d’or à Venise. Elle y est méconnaissable sur son affiche (j’avais longtemps cru qu’il s’agissait de Marlène Jobert en voyant défiler le générique de Carlotta dont je parviens enfin, après une bonne vingtaine d’années, à identifier toutes les références). Avec « ses yeux de lit défait », elle joue encore le rôle d’une femme perdue et angoissée

    C’est le premier film en couleurs d’Antonioni qui délaisse les noirs et blancs austères et somptueux qui constituaient jusqu’alors sa marque de fabrique. La légende veut qu’il ait fait repeindre des arbres en blanc, une rue en gris, des pans de murs entiers en rouge ou en bleu pour obtenir la palette de couleurs qu’il souhaitait.
    Écologiste avant l’heure, il s’y montre d’une rare prescience en filmant une terre nue, polluée, rongée par les rejets industriels.

    Il est de bon ton de tenir Antonioni comme un immense réalisateur et de considérer ses films comme des chefs d’oeuvre. C’est peut-être vrai. Antonioni est le cinéaste de la modernité, de la solitude, de l’incommunicabilité, du désarroi qui ronge les classes sociales enrichies par les Trente Glorieuses, de la difficulté des rapports homme-femme.
    Mais Antonioni est aussi le cinéaste revendiqué de l’ennui (comme Moravia qui en fit le titre d’un livre pas ennuyeux du tout). Le problème avec Antonioni est que son cinéma distille sciemment l’ennui. J’ai conscience du sacrilège que je commets en avouant m’être considérablement rasé devant le Désert rouge, comme je m’étais déjà rasé devant "L’Avventura", "La Nuit" ou "L’Eclipse". La lecture de l’immense Jacques Lourcelles m’a désinhibé dont le "Dictionnaire du cinéma" n’a pas de mots assez durs pour Antonioni : « componction », « dialogues de photos-romans », « gravité solennelle », « glaciation de l’impuissance »…

    Monica Vitti a beau être « belle comme un papillon de jour, mystérieuse comme un papillon de nuit », sa beauté hiératique qui s’agite nerveusement en talons mi-hauts sur les rives boueuses du delta du Pô finit par lasser. Et la succession de longs plans fixes, aussi léchés soient-ils, a eu sur moi pour effet final de me plonger dans une somnolence que seul le générique de fin, après deux heures bien sonnées, a réussi à interrompre.
    anonyme
    Un visiteur
    4,5
    Publiée le 5 avril 2012
    Quelle créativité et quelle originalité ! Antonioni ouvre à chacun de ses films de nouveaux horizons.
    GabbaGabbaHey
    GabbaGabbaHey

    210 abonnés 1 583 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 20 avril 2011
    Un très intéressant travail technique de la part de Michelangelo Antonioni... "Le Désert Rouge" brille par l'originalité et la force de sa narration, seulement, si la mise en scène est très bonne et les acteurs loin d'être mauvais (surtout Monica Vitti), le peu de contenu scenaristique, même s'il est magistralement traité, est parfois difficile a subir... Un film des plus intéressants, dans lequel la psychologie des personnages est extraordinairement bien étudiée, qui saura surement emmener très loin certains, mais qui m'a laissé un peu trop les pieds par-terre.
    scorsesejunior54
    scorsesejunior54

    154 abonnés 694 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 29 septembre 2006
    Très profonde et avec une grande réflexion sur la vie, la mort, et tous les thèmes que ceci englobe, voici une oeuvre à côté de laquelle il serait dommage de passer à côté. Antonioni est quelqu'un qui pose sa caméra, réfléchit et pose des questions, souvent sans réponse. A une époque où on tentait de monter des films montrant la joie de vivre (on était encore dans l'esprit après-guerre), le cinéaste prend du recul et se demande si la vie vaut la peine d'être vécue, si aimer est une chose bénéfique dans la mesure où elle apporte toujours de la souffrance en réponse. Ce qui me dérange, c'est la vision du monde extérieur. J'ai eu l'impression que le metteur en scène ne remettait que très peu en cause le comportement humain et se cantonait plutôt à filmer des décors tristes, sans vie, monotones et que ceux-ci étaient en fait responsables du désespoir ici omniprésent. La tristesse prend vite le dessus sur l'espoir mais celui-ci renaît le temps d'une séquence sublime (Vitti qui raconte l'histoire de l'aigle à son fils). C'est complexe et tout est transmis par un regard, une ombre, ou par une parole qui suggère bien plus qu'elle n'en dit. On retiendra notamment une phrase résumant très bien le malaise présent dans "Il deserto rosso". L'héroïne dit, simplement "Pourquoi regarderais-je la mer si ce qui se passe sur Terre ne m'intéresse déjà plus ?" Minimaliste et intimiste, porté par une actrice principale magnifique et excellente, ambigüe, mystérieuse, trahie mais finalement terrfifiante. Comme l'ensemble.
    jroux86
    jroux86

    7 abonnés 46 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 22 novembre 2020
    Perdue dans la grisaille industrielle, Monica Vitti est cet ultime élément chromatique, venant parfaire des plans d’une insondable beauté.
    Pour son premier film en couleur, Antonioni impressionne avec son traitement chromatique proche de la peinture. On pense, entre autres, à Rothko, dont les aplats de couleurs aux bords indécis font écho à l’usage du rouge et du floutage dans bon nombre de plans du film. A Giorgio Morandi aussi, pour la précision du cadre et les dégradés de gris dont la brume, omniprésente dans "Le Désert rouge", semble être un proche parent. Bien des plans, proches de la perfection, auraient leur place dans un musée.
    Sergio-Leone
    Sergio-Leone

    186 abonnés 1 096 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 3 novembre 2012
    Je suis un grand fan du travail d'Antonioni dont l'esthétisme bat tous les records mais "le désert rouge" ne m'a pas autant impressionné que "l'avventura" ou encore "Blow up" lui aussi en couleur. Le ciel gris et triste ajouté aux décors industriels renforce le propos d'Antonioni sur l'angoisse du personnage et la modernité mais dessert complètement la beauté visuelle habituelle à ses œuvres, à mon goût. Le réalisateur utilise également la couleur pour la première fois dans des contrastes saisissants, sans toutefois m'impressionner cette fois-ci.
    Trelkovsky
    Trelkovsky

    73 abonnés 264 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 30 janvier 2011
    Pour Michelangelo Antonioni, "Le désert rouge" est un changement : il s'agit en effet de son premier film en couleur, un pas en avant vers une nouvelle modernité cinématographique et donc vers un élargissement de son champ d'expression artistique. Pour le cinéaste, c'est l'occasion de brosser le portrait d'un monde en pleine mutation ; mais cela va bien plus loin que la simple image pessimiste qui saute tout de suite aux yeux. Non, "Le désert rouge" est bien plus complexe que cela : c'est à la fois un drame humain, un regard anxieux porté sur le monde industriel et paradoxalement une œuvre d'une troublante poésie et d'une beauté abstraite.

    C'est un film d'une ambiguïté constante. Antonioni semble donner deux grandes dimensions contradictoires à la mise en parallèle des personnages et des paysages industriels dans lesquels ils évoluent : d'une part, le vide existentiel des protagonistes et le profond sentiment d'illogique se dégageant de la façon dont les décors sont filmés semblent rapprocher ces deux éléments. Mais la vivacité et l'authenticité des tourments intérieurs de l'héroïne (interprétée par la magnifique Monica Vitti, qu'Antonioni film une nouvelle fois somptueusement) contraste avec la froideur et le caractère impitoyable du monde qui l'entoure.
    Quelle idée ressort de tout cela finalement ? Celle d'une humanité déshumanisée par le monde qu'elle créé, prise à son propre jeu, ou alors celle d'un univers artificiel construit sur le propre paradoxe de l'Homme ?... Le cinéaste italien signe-là une œuvre passionnante sur bien des plans ...

    Mais ce qui rend son film si exceptionnel, ce ne sont pas seulement les idées qu'il développe. Il s'agit également d'une pure œuvre d'art, expérimentale, poétique et abstraite. De paysages a priori froids et sans vie, Antonioni parvient à tirer quelque chose de profondément sensible et vivant. Il joue avec les formes et les couleurs, peint des tableaux précis, filme le réel comme de l'abstrait ...
    Dans cette atmosphère viciée, il y a quelque chose de fascinant et de beau. On ne saurait pas dire quoi. Mais après tout, c'est sans doute l'une des caractéristiques du génie artistique ; faire surgir des impressions d'objets que l'on n'aurait jamais imaginés ressentir comme tels.

    Chaque plan de ce sublime "Désert rouge" renferme ses contradictions, sa part de poésie, son inexplicable beauté ... C'est simplement un chef d’œuvre d'une richesse et d'une valeur artistique inestimables.
    max6m
    max6m

    73 abonnés 180 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 20 août 2007
    "Le désert rouge" est pour moi le plus grand film d'Antonioni, ou en tout cas le seul à pouvoir rivaliser avec cet autre chef d'oeuvre absolu qu'est "l'avventura". C'est aussi à mon sens l'un des plus beaux films en couleur de toute l'histoire du cinéma. Rien de moins.
    Réalisé en 1964, "Le désert rouge" est considéré comme le dernier volet d'une tétralogie exceptionnelle (après "L'avventura", "la notte", et "l'éclipse") dont il serait en quelque sorte le film somme. On y retrouve effectivement les thèmes chers à Antonioni: solitude de la femme moderne, crise du couple, rapport de l'individu au monde qui l'entoure, perte de repères et de sens, errance qui entraîne une souffrance, une douleur de vivre. Mais le film n'est ni le portrait psychologique d'une femme névrosée, ni une critique du monde industrialisé qui serait la cause de ce mal moderne. Antonioni traite son sujet en évitant tout naturalisme et toute dénonciation critique. Sa démarche est purement artistique et se révèle ici par le traitement inouï de la couleur. L'utilisation de la couleur permet de révéler l'état psychologique et mental des personnages; les paysages sont le reflet des sentiments et des tourments intérieurs de l'héroïne (magnifique Monica Vitti). Antonioni parvient ainsi à transformer un monde à la base austère et froid (les usines, les tuyaux, les terrains vagues, les marres de pétrole et de boue) en un monde abstrait d'une immense beauté. Mais c'est paradoxalement ce monde intérieur magnifié qui semble être à la base de la crise du personnage (Guiliana crira elle-même qu'elle ne supporte plus toutes ces couleurs). Contrairement à sa réputation, "Le désert rouge" n'est pas un film "intellectuel". Il suffit simplement de se servir de ses yeux pour ressentir. Et cette émotion forte, transmise par l'abstraction du film, en dit bien plus et se révèle au final bien plus enrichissante que tout discours vaguement psychologisant... A voir absolument.
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