Le film a été présenté dans la section Un Certain Regard au Festival de Cannes 2022, où il a obtenu le Prix d’Interprétation Masculine pour Adam Bessa.
“Harka” a deux significations en arabe. La première est “brûler”, en référence à Mohamed Bouazizi, vendeur ambulant tunisien qui s'est immolé le 17 décembre 2010. Son suicide a été l’un des catalyseurs du Printemps Arabe en Tunisie. "J’ai essayé de saisir dans le film ce qui pousse un individu à se sacrifier pour exprimer sa colère et son désespoir. J’en ai déduit que cela venait d’un besoin absolu d’être enfin regardé et reconnu", explique le réalisateur. “Harka” désigne aussi, en argot tunisien, un migrant qui traverse illégalement la Méditerranée en bateau. "Nous avons tous en tête la crise migratoire après le Printemps Arabe entre 2010 et 2011. De nombreux récits de migrants ont été racontés dans la décennie qui a suivi. Ce film se focalise sur ceux qui sont restés", conclut Lotfy Nathan.
Si Harka raconte les histoires des individus derrière le Printemps Arabe, Lotfy Nathan estime que le sentiment de révolte et d’urgence qui traverse son film est universel. Il vit à New York et, alors qu'il travaillait sur le scénario du film, un chauffeur de taxi s’est suicidé devant le Palais de Justice. "Cette frustration conduit au besoin d’agir. Différents chemins s’offrent alors à nous - certaines personnes s’échappent, tandis que d’autres poussent l’extrême jusqu’à mettre leur vie en péril. Je tenais à ce que Harka résonne à travers toutes les cultures, tout en étant empreint de l’esprit unique de la Tunisie."
Harka est le premier long-métrage tourné à Sidi Bouzid en Tunisie. Il était très important pour le réalisateur de tourner dans le lieu où la révolution a commencé, et ce malgré plusieurs contraintes : tourner en 35mm (qui impliquait un coût supplémentaire), avec une équipe réduite et collaborer sur le terrain avec la communauté locale.