Oeuvre féministe, au sens où c’est une réalisatrice qui se réapproprie un thème et un schéma narratif qui évoque parfois ‘Rosemary’s baby’, ‘Huesera’ (dont je reconnais ne pas avoir très bien saisi le sens du sous-titre) suit la grossesse d’une jeune femme, des prémices idylliques aux premières déconvenues, jusqu’à une plongée dans les ténèbres et la solitude que personne ne semble en mesure de comprendre dans son entourage. Michelle Garza Cervera, également scénariste, dissèque brillamment les angoisses qui saisissent la parturiente, puis la jeune mère, face à un nouveau statut qu’elle n’est plus si certaine d’avoir souhaité : l'incompréhension du compagnon, la désinvolture du médecin, les regrets de la vie d’avant et de sa liberté, le refoulement des ambitions personnelles, le poids de la famille et des traumas passés, qui peuvent tous être rassemblés au sein de l’interrogation centrale : est-ce que je désirais réellement cet enfant ou bien me suis-je soumise inconsciemment aux injonctions de la société sur ce que je devais être ? Fidèle à la réputation du cinéma sud-américain, ‘Huesera’ inclut plusieurs symboles allégoriques (le miroir, l’araignée,...) ainsi qu’un atmosphère imperceptiblement surnaturelle, élément que le spectateur n’est pourtant jamais incité à considérer comme “réel” mais plutôt comme une allégorie des névroses qui contaminent progressivement la psyché de Valéria. Par rapport à d’autres productions récentes qui creusaient aussi la veine du “réalisme magique” latino-américain, ‘Hueserá’ se montre beaucoup moins somnolent, capiteux et contemplatif, même si on reste (heureusement) encore très éloigné de la vaine agitatipn du fantastique hollywoodien.