Sophie, adulte, se replonge dans un séjour de vacances passé 20 ans plus tôt aux côtés de son jeune père célibataire. Elle tente de comprendre cet homme, qui avait alors 31 ans et elle seulement 11, un âge où l’on ne peut décerner toutes les émotions adultes.
Je préviens d’emblée : si vous recherchez un film qui bouge, passez votre chemin. « Aftersun » est un drame sous forme de chronique vacancière, il n’y aura aucun rebondissement majeur. L’intérêt du film est de dépeindre cette relation intime entre un père et sa fille, où beaucoup de chose passeront par le non-dit, les réactions opposées à l’environnement, et des dialogues en apparence anodins.
D’un côté Sophie, interprétée par une très expressive Frankie Corio, qui démarre ainsi sa carrière d’actrice de manière éclatante ! Cette adolescente de 11 ans quitte l’enfance, commence à s’intéresser aux plus grands, à l’alcool, à l’amour. Elle comprend que son père n’est pas aussi jovial qu’il le prétend, mais n’a pas encore les outils pour aller plus loin dans son analyse.
De l’autre, Calum, incarné par un excellent Paul Mescal, qui joue tout en retenue ce jeune père tourmenté. Dépressif, écrasé par des problèmes psychologiques, sentimentaux, et financiers. Mal à l’aise dans sa relation avec sa fille (comme le fera remarquer un personnage, il est plus proche d’un grand frère que d’un père). Et visiblement marqué par une paternité trop précoce. Il tente tant bien que mal de masquer ses difficultés à sa fille, qui ne comprendra peut-être qu’à l’âge adulte ce qu’il traverse.
C’est sans doute un hasard, mais le sujet du film (parentalité précoce) et son cadre méditerranéen font penser à « The Lost Daughter », sorti 2 ans plus tôt… avec Paul Mescal également !
Côté réalisation, Charlotte Wells livre une œuvre sensible et touchante. Quelques belles idées de mises en scènes. De jolies images autour de la station balnéaire. Et des jeux de réflexion, ou des utilisations différentes de l’eau, qui n’a pas du tout la même signification pour les deux personnages (ludique et pleine de vie pour elle, étouffante pour lui).
Un beau film, qui sent également le vécu, la réalisatrice ayant à peu près le même âge que sa protagoniste.