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Les choix de pauline
131 abonnés
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3,5
Publiée le 16 février 2023
Un film obscur et hypnotisant. Un regard puissant sur les désillusions d'une Tunisie dont la jeunesse a tant espéré. Un film fascinant et métaphorique .qui peut laisser un peu au bord du chemin, mais que j'ai beaucoup aimé et imprime une image rémanente dans la rétine et le cœur.
La Tunisie post Printemps arabe. Dans le nord de Tunis, le quartier des jardins de Carthage, un quartier d'immeubles de luxe dont la construction avait commencé sous Ben Ali, s'était interrompue durant la "Révolution tunisienne" et reprend doucement. Dans ce quartier, on découvre un corps calciné, puis un autre, puis d'autres. S'agit-il de suicides ou de meurtres ? La police enquête : lui, Batal, est un flic expérimenté qui, comme un très grand nombre de ses collègues, a sans doute trempé dans la corruption mais qui essaye de se racheter ; elle, Fatma, est une jeune policière dont le père n'est autre que le Président de la commission de vérité et de réconciliation chargée, entre autre, d'enquêter sur ces cas de corruption et, à ce titre, elle reçoit des insultes de la part de collègues. Pour son premier long métrage réalisé en solo, Youssef Chebbi, bien aidé par la musique qui accompagne le film, excelle à installer une atmosphère de tension, voire d'angoisse. Par contre, il y a des clés que seuls les tunisiens peuvent avoir et les autres spectateurs ne peuvent que s'interroger sur un certain nombre de points, le plus important étant : quelle signification donner à toutes ces corps calcinés, à toutes torches humaines qu'on voit dans le film ? Sont ils, sont elles lié.e.s au passé du pays ou à son futur ? Dans la distribution, on remarque particulièrement le jeu très intense de Fatma Oussaifi, l'interprète de Fatma. Il s'agit de sa première apparition au cinéma, c'est une danseuse et une professeure de tango !
En Tunisie, s’il est indispensable de se faire entendre par les autorités, il est d’abord essentiel de se faire remarquer. L’immolation est probablement le testament le plus lumineux et le plus tragique que l’on puisse exprimer, dans la cité ténébreuse de Tunis. Youssef Chebbi, fait ainsi renaître Mohamed Bouazizi de ses cendres, à travers un regard vexé et humilié, qui a guidé la marche du Printemps arabe. En ce sens, « Harka » de Lotfy Nathan, amenait déjà le témoignage du deuil collectif qui a encore du mal à passer. Un Certain Regard est loin d’être la seule sélection cannoise à cultiver cette peine, qui hante toujours une nation, qui rêvait de la modernité et d’une autonomie qui profiterait à chacun. La réalité est pourtant dans les rues inhospitalières, une conséquence directe d’une malveillance institutionnelle.
Les colonnes de béton ornent les jardins de Carthage, un quartier stoppé net dans son idée d’améliorer le train de vie des habitants les plus aisés, au détriment de ceux qui doivent arracher un lendemain à leur existence éphémère. Par défaut, ce sera le bûcher qui viendra les délivrer de leur supplice. Si l’objectif de ces lucioles de braises a autrefois trouvé leur écho auprès de leurs semblables, Chebbi choisit de conter la démarche collective et inconsciente d’un peuple à l’agonie, à travers une succession de torches humaines, que les forces de l’ordre cherchent à rationaliser ou à simplement en étouffer la symbolique. La jeune Fatma (Fatma Oussaifi) piste ainsi les signaux lumineux, qui réveillent toute la cité tunisienne, que l’on sent égarée, pour ne pas dire fantomatique. Son obsession rencontre une mise en scène vertigineuse lorsque qu’il s’agira d’investir les lieux des crimes, commis dans le silence, afin que l’on revienne sans cesse sur ses pas.
La quête hallucinée de la police dévoile par ailleurs les limites de cette institution, qui trouve bien plus de temps à étudier les causes des décès que de raisons pour préserver l’intégrité des vivants. Chacun se relance la balle maudite, qui embrasera le possesseur le plus statique et le plus clairvoyant sur l’impasse qu’il a lui-même emprunté. Batal (Mohamed Houcine Grayaa) est de cette nature, avec la dose de corruption qu’on associera facilement au portrait-robot d’un coupable sans visage, car simplement défiguré par la colère et le chagrin qu’il contient. C’est donc tout un arsenal inflammable qui défile devant nous, avec des jeux d’ombre et une ambiance fantastique pour isoler les protagonistes. L’émotion y naît, de même que la fracture sociale qui nous empoigne et qui consume les craintes de chacun.
« Ashkal » est donc un polar halluciné, qui mêle les genres afin de calquer la confusion collective qui frappe les ouvriers, qui s’enflamme sans raison apparente. Le mystère reste entier, symbolique, religieux et le film détourne constamment les codes du thriller pour se plonger dans une peinture en mouvement et qui cherche sa forme ultime. Le souci est que tout cet amas de style est vain dans ses derniers instants. Le retour de bâton que l’on souligne perd toute sa hargne contre une poignée de cendre chaude. Il y a de quoi interpeller, mais jamais assez de matière pour nous laisser de vives cicatrices.
En 2010 le jeune vendeur de fruit tunisien Mohamed Bouazizi cria son désespoir en s'immolant devant tout le monde. Son geste politique entraîna le Printemps Arabe et notamment la chute de Ben Ali. Une décennie plus tard le constat est amer, les gens se mettent le feu désormais loin du regard des hommes, le désespoir est toujours là mais il se cache. On souffre en silence. Et la police enquête. Youssef Chebbi met en scène son histoire d'une manière très graphique, très travaillée, à la lisière du fantastique, l'envoûtante scène finale aurait même sa place dans un film expérimental. Après Les Nuits de Mashhad et La Conspiration du Caire le cinéma arabe montre encore qu'il devient un pourvoyeur d'excellents thrillers.
Beau film que ce "Ashkal" du réalisateur tunisien Youssef Chebbi. Dans un des bâtiments des Jardins de Carthage, quartier de Tunis créé par l'ancien régime mais dont la construction a été brutalement stoppée au début de la révolution, deux flics, Fatma et Batal, découvrent un corps calciné. Alors que les chantiers reprennent peu à peu, ils commencent à se pencher sur ce cas mystérieux. Quand un incident similaire se produit, l'enquête prend un tour déconcertant. Le choix de tourner dans le quartier cinégénique des Jardins de Carthage trace urbaine des excès du régime de Ben Ali, mais également de placer le propos au moment où siègait la commission "vérité et réparation" participe à la tension palpable à chaque image du film. L'enquête se double d'une réflexion sur la volonté ou non d'enterrer le passé... Les images d'immolation prises dans des documents réels sont très dures à visionner.
Je pense être passée à coté du film. L'ambiance paradoxalement fait froid dans le dos: des cas d'immolation non expliqués. L'enquête n'avance pas. La scène de fin est très surréaliste et les effets spéciaux sont assez grossiers. Dommage on reste sur sa faim ....
Dans "Les Jardins de Carthage" (ça commence comme "Salammbô"), un complexe immobilier laissé à l’abandon en périphérie de Tunis dont la construction avait été interrompue à la chute de Ben Ali, un gardien d’immeuble meurt brûlé vif. S’est-il immolé ? A-t-il été tué ? Bientôt, dans les mêmes circonstances, une jeune employée de maison perd la vie. Deux policiers mènent l’enquête, sur fond de corruption endémique au sein de la police tunisienne et de règlements de comptes : Batal, un père de famille pris dans un conflit de loyauté, et Fatma, une jeune policière dont le père siège à la Commission Vérité et Réconciliation.
Il y a quelques mois, "Harka" faisait le constat amer de l’anomie de la société tunisienne, libérée de la dictature mais incapable de faire une place aux plus démunis de ses membres. Il se terminait par l’immolation de son héros devant les grilles du gouvernorat de Sidi Bouzid, sur les lieux mêmes où Mohamed Bouazizi s’était immolé le 10 décembre 2010, déclenchant la « Révolution de jasmin ». "Ashkal" utilise la même figure traumatisante du brûlé vif. Mais il laisse planer un doute sur les motifs de ces immolations à répétition. S’agit-il de meurtres dont il faut trouver le coupable ? ou d’une vague de suicides ?
La question, posée dès la bande-annonce, est stimulante. Elle promet un film qui oscille entre polar et fantastique, avec l’once d’exotisme que garantit son tournage en Tunisie et la dimension politique que permet en arrière-plan la description de cette société fracturée. Mais hélas, le film ne démarre jamais. La multiplication des immolations et quelques courses poursuites hideusement filmées dans le ventre de ces immeubles en construction ne relancent jamais l’histoire qui fait du surplace. Lentement mais sûrement, on se désintéresse d’"Ashkal". Et la scène finale, que j’ai trouvée particulièrement grotesque, ni ne donne les réponses aux questions que le film avait soulevées, ni ne lui apporte une profondeur qui décidément lui aura manqué.
Une enquête poussive et très très lente sur des immolation par le feu dans une cité en construction. Le tout sous l'influence d'une guerre des polices entre anciens corrompus et nouveau régime. La fin est hallucinante et sans aucun sens
« Ashkal, l’enquête de Tunis » est le premier long-métrage du réalisateur tunisien Youssef Chebbi sorti en 2022. Nous sommes en 2010 lors de la révolution et on se souvient que Mohammed Bouazizi, un marchand ambulant s’était immolé car il n’avait pas les autorisations nécessaires. Fatma (Fatma Oussaifi) enquête avec son chef Batal (Mohamed Grayaâ), sur un corps trouvé nu carbonisé dans les « Jardins de Carthage », un quartier chic de Tunis dont la construction a été stoppée lors de la révolution. Plusieurs cas similaires s’enchaînent et à vrai dire on n’avance pas dans l’enquête policière en dehors du fait qu’un collègue de Batal lui met des bâtons dans les roues et qu’une « milice » (?) brûlera le dossier de l’enquête. On reste donc sur sa faim sur ce film flirtant parfois avec le mysticisme et pour ma part je n’y ai vu aucun message politique se référant à la révolution tunisienne. Seul point positif : de magnifiques cadrages géométriques dans ces immeubles modernes inachevés.
Ce n'est pas bon, mais ce n'est pas complétement mauvais non plus. Nous étions deux, et nos avis se sont recoupés. C'est d'un mortel ennui, beaucoup de longueurs. On s'endort (littéralement). La fin est un mélange de mysthisime et de gag. Et on reste pantois. Mais pas dans le bon sens du terme . La catégorie thriller est usurpée. Je suis d'accord avec un avis précédent qui évoque qu'un court métrage aurait suffit, à défaut de mieux dans le scénario. Tout n'est pas à jeter néanmoins. Il y a du potentiel chez le réalisateur.
Le film ne tient pas la longueur, le scénario n'est pas taillé pour 90 mn. Aurait du être un court-métrage, donc. Aussi, je me suis beaucoup ennuyé. Le final fantastique du film plombe complètement l'enquête. Le film peine à trouver une identité et ne restera pas longtemps dans ma mémoire.
mazette! j'y suis allé à l'heure de la digestion. A éviter! Trop de non-dits, d'allégories, de symboles.... c'est beau, un peu facile, et terriblement ennuyant. J'ai failli m'endormir.