"Love Lies Bleeding" est une œuvre qui oscille entre le magnétique et le bancal, entre l’adrénaline pure et le trop-plein de stylisation. Rose Glass, avec son regard clinique et sa mise en scène soignée, parvient à créer un univers où la moiteur et la violence se mêlent à une tension sous-jacente. L’histoire, portée par Kristen Stewart et Katy O’Brian, semble vouloir constamment repousser les limites du thriller romantique, mais ne parvient jamais totalement à maîtriser son propre chaos.
Dès les premières minutes, le film impose un ton pesant, une atmosphère poisseuse où chaque interaction suinte l’hostilité. Lou, gérante de salle de sport désabusée, et Jackie, culturiste rongée par l’ambition et les substances, forment un duo à la fois captivant et déroutant. Leur relation, moteur du film, est traversée d’instants de pure intensité, mais souffre parfois d’une mise en scène qui en fait trop. Là où le récit aurait gagné à jouer sur la subtilité, il tombe dans une certaine lourdeur, soulignant chaque élément thématique avec une insistance qui frôle l’artificiel.
La mise en scène est incontestablement efficace. Les néons agressifs, les gros plans sur des corps en tension, la violence sèche et soudaine : tout est fait pour happer le spectateur dans une spirale de fièvre et de brutalité. Pourtant, cet excès de style finit par jouer contre l’impact émotionnel du film. À trop vouloir marquer les esprits par son esthétique et son ton tranchant, le film en oublie parfois de développer ses personnages avec profondeur.
Les performances sont, elles, plus nuancées. Katy O’Brian impressionne dans un rôle physique et nerveux, tandis que Kristen Stewart, bien que toujours magnétique, semble parfois enfermée dans une gamme de jeu plus mécanique. Les seconds rôles, quant à eux, sont moins mémorables : Ed Harris, en patriarche criminel, a une présence indéniable, mais son personnage manque de substance, et Dave Franco tombe dans une caricature trop facile.
Si la première moitié du film est prometteuse, la seconde s’enlise dans une escalade dramatique parfois trop abrupte. Les revirements de situation s’accumulent au détriment d’une réelle progression émotionnelle, donnant une impression d’exagération qui affaiblit l’impact du final. L’histoire prend un virage où l’excès remplace la tension, et où la surenchère prend le pas sur la crédibilité.
"Love Lies Bleeding" est un film qui captive autant qu’il frustre. Il impressionne par son audace visuelle et sa tension palpable, mais finit par se perdre dans ses propres ambitions. Ni totalement réussi, ni franchement raté, il laisse une sensation d’inachevé, comme s’il lui manquait ce petit supplément d’âme pour transcender ses influences et imposer une identité pleinement maîtrisée.