Bain de sang sexy
Je n’ai pas vu le 1er film de la jeune britannique de 34 ans, Rose Glass. Un seul conseil pour ces 104 minutes, un seul conseil : accrochez-vous ! Lou, gérante solitaire d'une salle de sport, tombe éperdument amoureuse de Jackie, une culturiste ambitieuse. Leur relation passionnée et explosive va les entraîner malgré elles dans une spirale de violence. Quand je pense que le dossier de presse parle de romance… Oui mais alors très musclée, dans toutes les acceptions du terme. Si l’amour est souvent perçu comme un but à atteindre, quelque chose qui vous rendra meilleur, la réalité est souvent bien plus complexe. Ce film évoque les aspects toxiques de l'amour et comment il peut susciter à la fois l'excitation et la terreur. Vous êtes prévenus.
La volonté affichée du scénario était de mettre en scène une femme forte physiquement et mentalement… d’où la bodybuildeuse, mais également montrer comment sa force peut être exploitée et manipulée. On s’est visiblement concentré sur les aspects les moins glamour des 80’s. Aussi l’intrigue a pour décor une Amérique sordide symbolisée par une salle de sport miteuse et un club de tir du même tonneau. En réunissant muscles et armes à feu, on a obtenu une vision déformée et exacerbée de l’Amérique. On retrouve un peu, certes en beaucoup plus violent, les ambiances visuelles de Paris –Texas ou de Police fédérale, Los Angeles de William Friedkin, d’où le tournage au Nouveau-Mexique. Un seul regret, mais de taille, l’irruption soudaine et parfaitement ridicule d’une sorte d’hommage à Hulk, tout à fait hors de propos. A part ça, j’ai marché dans cette fable trash et hallucinée qui torpille le rêve américain façon Reagan.
Il faut dire que le casting fait feu – et pas qu’une fois – de tout bois. Le couple incandescent formé par Kristen Stewart et Katy O'Brian est tout à fait convaincant. Ajoutons à l’affiche Jena Malone, Anna Baryshnikov, Dave Franco, et l’incroyable présence du vieux Ed Harris, 74 ans, dans la peau – très fripée -, d’un trafiquant d'armes, criminel et collectionneur de scarabées. Bref, du cinéma au féminin, rageur et puissant que rien n’arrête qui place Rose Glass et son univers parmi les cinéastes à suivre de près. Une love story sous stéroïdes décomplexée dont on sort pantelant en pensant à Cronenberg, Lynch ou aux Frères Coen.