Exceptionnel ! Ce film vous surprendra. Vous découvrirez un univers et des façons d'être différentes et contradictoires. Ce film alimentera de longs échanges avec la personne qui vous accompagne. Une vraie merveille !
Joyland est un film intéressant. La société patriarcale de cette prétendue république est décrite avec minutie. L'ambiance glauque et pesante est rendue par une photo sombre et la lenteur des scènes où les regards remplacent souvent la parole. Le jeu des acteurs principaux est excellent, avec mention aux trois personnages féminins, Alina Khan jous avec finesse le rôle difficile de la trans, Rasti Farooq est convaincante en femme trompée dont la souffrance est permanente et la belle Sarwat Gilani est parfaite. Le père interprète avec conviction le rôle du patriarche droit dans ses bottes y compris quand le drame éclate. L'interprétation d'Ali Junejo me semble un peu en dessous de l'ensemble et les seconds rôles parfois outrés. Je n'ai par ailleurs que moyennement apprécié la mise en scène de ce film un peu trop long, comme le veut la mode, brouillonne et abusant des gros plans, mais il faut avouer qu'elle exprime bien la tristesse générale du film, dont on ne ressort pas indemne tant l'épouvantable machisme ambiant est pesant. Ce qui est le plus réussi à mon sens, et c'est la surprise de ce film, c'est le traitement de la question transgenre, en deux scènes et au total cinq minutes, alors que de nombreux films ou documentaires se noient dans un discours incompréhensible. Ici, il suffit d'un dialogue de quelques répliques et d'une scène fort bien conçue pour que tout soit bien expliqué, avec pudeur mais transparence, avec plus d'images que de paroles. Pour cela, je mets 3 étoiles.
Le début du film, sage et assez banal, a l'élégance de ménager le vrai sujet qui se déplie lentement : quelque soit le cercle où vous vous tenez (couple, famille, quartier, travail), vous êtes observé et jugé. Et socialement pénalisé si vous vous écartez de la ligne. Étouffant. Ce film a un tact et une profondeur rares.
A Lahore, au Pakistan, de nos jours, un jeune couple marié selon la tradition, Haider et Muntmaz, vit dans la maison familiale du mari sous l’autorité du père, avec le frère, la belle-sœur et leur quatre filles. Haider, homme doux, indécis, soumis à l’autorité du père et du frère aîné est au chômage et aide sa belle-sœur dans les tâches ménagères pendant que Muntmaz travaille dans un salon de coiffure. Haider finit par trouver un improbable emploi de danseur dans la troupe de Biba, une trans. Cette rencontre va avoir une influence décisive sur leurs vies… Le film, nous immerge dans une famille de la société moyenne pakistanaise, traditionnelle, dominée par le patriarcat, reléguant les femmes à la maternité et aux tâches ménagère mais aussi dans ses marges, incarnées par la troupe de danseurs de « théâtre érotique » et par sa meneuse, Biba, la charismatique trans. Le scénario est très fort, la mise en scène remarquablement maîtrisée, le propos passionnant, la tension dramatique intense. Excellent film.
une belle leçon pakistanaise de cinéma! des plans époustouflants ou la photographie et l'image se hissent au niveau des acteurs et desservent les thématiques fortes du scénario ! exceptionnel !!
Très très bon film polyphonique et fluide qui remet en cause dans un portrait lucide et clair les rapports humains dans une famille traditionnelle et patriarcale à Lahore au Pakistan. Pour un premier film, c'est une réussite totale tant on se fait happer par les destins croisés des personnages et celui en particulier de Halder, jeune homme fragile, marié, qui découvre une attirance équivoque pour une danseuse transgenre saisissante de beauté et de finesse qui l'a engagée comme danseur. Le film raconte plus que cela.
Un film d'une très grande sensibilité où les sentiments sont muselés jusqu'à l'agonie ! Un cri pour le droit d'aimer tel que l'on est, libre d'être soi.
J'ai été vraiment très déçue de ce film car entre la bande d'annonce totalement queerbait et la réalité du film pendant le visionnage c'est un monde entre les deux qui s'offrent à nous ! Les acteu•rices jouent globalement plutôt bien à part peut être spoiler: la scène où Haider pleure dans les bras de son épouse. Je ne comprends pas qu'on fasse encore des films où la transidentité est une caution, un prétexte pour faire un film en plus totalement dramatique à la Roméo & Juliette façon trinôme où triangle amoureux ! Le potentiel romantique positif et happy end n'est pas exploité ! Pour en plus nous faire un Haider avec des penchants homosexuels passif alors que Bobbi ne réclame que d'une chose : ... d'un homme... hétéro ! On ressent aussi particulièrement de la peine pour sa femme (Haider) qui spoiler: finit à la fin du film enceinte d'un petit bébé pour ensuite spoiler: se suicider face à la situation dramatique qu'elle vit avec son mari ! Ce film montre bien à la fois comment les hommes cis random se comportent face aux femmes trans et cis de manière générale dans la société... Je reste donc vraiment déçue de celui-ci. Dommage ! Le film aurait mérité un bien meilleur scénario bien moins larmoyant mélodramatique pour servir son sujet d'une bien meilleure manière !
Un film d’une sensibilité extrême, avec un montage tendu, un format 4/3 pour nous faire mieux pénétrer dans le vécu de cette famille et de son enfermement, des images de qualité avec des lumières nocturnes chaudes, le rouge présent tout du long.
Il offre le tableau saisissant d’une famille pakistanaise, où l’on est à la fois très uni et très à l’étroit dans son logement. Sans surprise les hommes vivent l’injonction de devoir travailler et les femmes d’avoir des enfants (mâles de préférence) et de gérer le domicile. Ces femmes sont fortes intérieurement, tandis que les hommes sont surtout forts de l’autorité incontestée de leur statut. Mais grâce au caractère très personnel de l’inspiration du réalisateur, les personnages sont tous dotés d’une belle humanité, aucun n’est tout blanc ou tout noir. Ce réalisme donne une force incroyable au propos.
Le véritable sujet du film est universel, celui de la liberté d’être soi-même : liberté ici contrainte par le patriarcat, mais en d’autres lieux contrainte par les injonctions sociales ! Violer cette liberté est une violence mortifère nous dit Saim SADIQ. Notons que la transsexualité – qui n’est pas un sujet tabou au Pakistan nous dit le réalisateur – n’est pas au centre du film, elle est une des entrées de cette liberté d’être soi-même, et traitée ici avec pudeur.
Quelle découverte pour un premier long métrage, et pour le premier long métrage pakistanais jamais présenté à Cannes !
Un film sur les hommes, lâches et autoritaires, irresponsables, pas vraiment des hommes quoi, et les femmes, opprimées, obligées de se soumettre à l'arbitraire du patriarcat. Et en marge de ces deux clans une femme forte, une trans, qui arrive à s'imposer dans ce monde de lâches et d'opprimées. J'en suis ressorti très en "colère", d'abord contre les personnages, surtout le personnage principale, puis contre moi-même et la société elle-même, car bien que cela se passe au pakistan, l'histoire qui y est racontée est universelle et je peux facilement retrouver des situations de lâcheté et d'injustice patriarcale analogues. C'est bien la preuve que ce film m'a touché, et qu'il faut aller le voir.
Incroyable dialectique entre personnages principaux et personnages secondaires Des moments très puissants, une excellente bande son et de belles images Un film critique très précis qui fait selon moi d'excellents choix
a force de Saim Sadiq est de parvenir à sonder les zones frontières, entre le féminin et le masculin, le jour et la nuit, la liberté et la contrainte, le dit et le tu, avec nuance et délicatesse. Le suivre est une expérience troublante et hypnotisante.