Les plus utilesLes plus récentesMembres avec le plus de critiquesMembres avec le plus d'abonnés
Filtrer par :
Toutes les notes
Christoblog
827 abonnés
1 674 critiques
Suivre son activité
5,0
Publiée le 6 janvier 2023
Difficile de dire ce qui est le plus remarquable dans ce premier film de Saim Sadiq, qui a reçu le prix du Jury, section Un certain regard, au dernier festival de Cannes.
Le script est d'abord d'une grande qualité. Embrassant un nombre important de personnages sans en négliger aucun, l'histoire nous mène par le bout du nez, sans que l'on puisse jamais deviner quelle sera sa prochaine évolution. Dans ce registre, il n'y a que Leila et ses frères qui puisse cette année rivaliser avec Joyland.
Pour un premier film, la mise en scène est bluffante d'efficacité. Travail sur le son, cadrages osés, couleurs vives et lumières directes, lents mouvements de caméra, changements de ton assumés, gros plans, plan-séquence virtuose : le réalisateur pakistanais impose un style qui lui est propre, toujours au service de ce qui est raconté. Du grand art.
L'interprétation est enfin incroyablement convaincante. Du personnage principal (Ali Juheno) à la trans (Alina Khan) en passant par tous les personnages secondaires, la distribution brille par son homogénéité et son originalité : chaque personnage brille par une personnalité bien dessinée, à l'image de la femme de Haider.
Si on ajoute à toutes ses qualités intrinsèques l'intérêt du tableau que dessine Joyland de la société pakistanaise dans son ensemble, on tient vraiment là un des tous meilleurs films de l'année 2022.
Allez-y, vous passerez du sourire aux larmes, et de la curiosité à l'émerveillement.
"Joyland" nous expose un Pakistan écrasé par le poids de la tradition et de la religion. Une société très conservatrice qui ne tolère pas la différence et les écarts. D'où l'extrême marginalité des personnages composant ce long métrage: un homosexuel refoulé, un transexuel ne trouvant pas sa place et une femme au foyer cherchant la liberté. Le cinéaste montre surtout l'hypocrisie de ce genre de société dans laquelle les apparences sont essentielles. Un drame réussi et doté d'une solide réalisation. Beaucoup de tendresse et de bienveillance dans le traitement des personnages sans oublier la dureté et le tragique d'une telle intrigue. Très bon.
Comme le réalisateur Saim Sadiq l'a lui même expliqué, le film, son sujet sur la trans identité, fait écho à sa propre histoire à bien des égards. Même les personnages sont parfois inspirés de sa famille. Porté par des comédiens remarquables, ce film troublant dans un pays où la société musulmane est très conservatrice est dans la mouvance actuelle des sujets souvent abordés, la question de son identité sexuelle et sa revendication. Mais Lahore au Pakistan pourrait surprendre. Pourtant, même ostracisés, les trans sont nombreux et visibles dans ce pays. Récompensé par le prix du Jury au festival de Cannes en 2022 dans la catégorie "un certain regard", "Joyland" surprend, même si parfois son ton un peu linéaire plombe la narration et son évolution dramaturgique.
Radiographie audacieuse du Pakistan d'ajd, à travers le portrait sensible et émouvant d’une famille écrasée par le poids du patriarcat et des traditions affectant aussi bien les hommes que les femmes. 3,25
Beauté plastique, questions de genres et immersion en Asie centrale sont les trois idées clés de ce film au succès mérité. Joyland, dont l'affiche est horrible, s'avère en fait une splendeur visuelle. Loin de tout effet carte postale, le cinéaste et son chef opérateur explorent le milieu modeste de Lahore, ses maisons à patio et ses lieux de loisirs en magnifiant leur lumière et leurs couleurs. La photographie rappelle étrangement Le Lac aux oies sauvages (même si le montage est moins énergique). Le détail d'un vêtement coloré, des effets de transparence, des cadres choisis, parfois un détail (une balançoire verte, une affiche orangée, etc.) vivifient chaque plan qu'on voudrait voir se figer pour l'apprécier davantage. Ces qualités plastiques, jamais gratuites, sont au service d'un récit complexe, aux personnages nombreux, qui déploie tout un questionnement sur l'émancipation des genres et des orientations sexuelles dans une société traditionnelle en mutation. La place des femmes est particulièrement bien interrogée au travers du personnage de la voisine âgée qui a droit à une scène très émouvante ou à l'épouse du personnage principal qui prend de plus en plus d'importance dans le récit. Je ne dis rien du couple au centre du film, pour ne pas spoiler. Cet éventail de situations, toujours traitées avec subtilité et humanisme, trouve un intérêt particulier puisque ces histoires prennent place dans un pays peu présent dans le cinéma diffusé à l'échelle internationale : le Pakistan. La position géographique et culturelle de ce pays explique sans doute que tout au long du film on pense alternativement au grand cinéma iranien (A. Kiarostami, A. Fahradi) ou au grand cinéma indien (S. Ray). Ces rapprochements sont mérités. Enfin, et encore sans rien dévoiler, sachez que la fin est très réussie (souvent une qualité déterminante pour une œuvre cinématographique).
Sam Sadiq filme, à l’écart de toute démonstration, une relation amoureuse masculine qui vient heurter violemment les traditions patriarcales conservatrices d’un Pakistan musulman. Avec un thème très proche du marocain « Le bleu du caftan », les deux mènent un même combat plein d’humanité et d’intelligence autour des libertés sexuelles, sentimentales et individuelles au cœur de pays régis par des lois et logiques islamiques. Autre point commun, l’amour irradie ces deux films et surtout il met trois personnages au cœur du film, différents et très attachants. Biba et Haider, ici, auront plus de mal à s’aimer ; et il ne s’agit pas d’homosexualité. La plus belle scène du film est celle dans laquelle Biba affirme haut et fort ne pas être homosexuel ; et le trouble de Haider qui ne comprend pas ce qui se passe est un moment unique de cinéma ; loin du grandiloquent « Lawrence Anyways ». La cellule familiale patriarcale tient ici une place prépondérante dont Haider est une donnée négligeable sauf s’il est capable de donner le fils tant attendu par toute la famille. Sa femme, personnage touchant, aimante mais fragile, est pour moi autant le centre du film que Haider et Biba. Elle porte tellement elle aussi sur ses épaules qu’elle est la victime désignée de ce système castrateur. Un beau film dont la première demi-heure peut faire penser à du Bollywood ; après avoir failli sortir du film, en deux trois scènes, il m’a happé… tout comme le public cannois en 2022. TOUT-UN-CINEMA.BLOGSPOT.COM
Un beau film, avec des sujets tabous dans un pays avec peu de liberté pour les femmes et les queers. Les acteurs Ali Junejo et Alina Khan sont vraiment parfait. Une histoire éprouvante, de belles rencontres et une fin dure, qui montre aussi ce que veut mettre en avant le réalisateur. La bande son est géniale!
A défaut de films indiens que j'adore, émettais rabattu sur ce film pakistanais, bonne surprise , original, et de bons acteurs ce film nous fait voyager et dépayse
Très beau film tant par son esthétique (la photo est splendide) que par son message. Une tragédie absolue sur fond de patriarcat. Si le scénario est parfois un peu appuyé, les acteurs et la réalisation sont impeccables.
Bouleversant, dramatiquement extraordinaire on rentre dans une famille une histoire et on en ressort que le film terminé. Pour moi c'est un autre monde une autre époque, on comprend que l essentiel est invisible et on ne peut l exprimer le comprendre ! Très beau film
Prix du jury Un Certain Regard et @queerpalm au dernier Festival de Cannes, ce film pakistanais aborde avec une grande sensibilité la question de l'identité sexuelle, mais pas seulement. Le film traite également de la difficulté, que l'on soit femme ou jeune homme réservé, à exister dans une société patriarcale où le poids des traditions vient empêcher toute tentative d'émancipation. Des acteurs formidables, une cinématographie impeccable (mention spéciale aux très beaux cadres). Le rôle de la femme du personnage principal est bouleversant. Énorme coup de coeur de ce début d'année.
Un premier long-métrage qui surprend par sa maîtrise, son audace et sa subtilité. À travers une chronique familiale, le réalisateur montre une société pakistanaise patriarcale, liberticide pour les femmes. Une société encore très ancrée dans les traditions, mais qui lorgne vers une modernité et une liberté avec un mélange d’envie et de condamnation hypocrite. Le scénario commence par inverser des rôles traditionnels (un homme au foyer, une femme qui travaille) pour mieux ensuite prouver la persistance des normes sociales. Il s’oriente vers une histoire « extraordinaire » d’adultère, sans pour autant sacrifier l’histoire « ordinaire » d’une femme piégée par un système qui ne voit en elle qu’une épouse et une mère. Bel équilibre dramatique à la croisée du masculin et du féminin, des désirs et des frustrations, du jour et de la nuit, des rêves et des entraves. Où il est beaucoup question de domination et de soumission, d’émancipation et d’égoïsme, de solitude. Avec justesse. Il y a de la délicatesse en tout, dans les moments cocasses du début, dans l’expression de la confusion des sentiments et des désirs, dans les moments cruels et désespérants. L’aboutissement est très mélodramatique, certes, mais sans lourdeur. Scénario très bien tissé. Beau travail de réalisation et de photo. Bons acteurs, bien dirigés.
Un beau film, audacieux, qu il faut dédier à toutes celles et tous ceux qui souffrent de ne pouvoir vivre et aimer selon leurs pulsions les plus intimes. Chaque personnage exprime des désirs différents et sincères qu aucune morale ne devrait s arroger le droit de condamner, ni même de brimer.
Cette idylle transgenre dans un Pakistan patriarcal, archaïque et ultra-conservateur, laissait augurer le pire de la tragédie misérabiliste. Piège évité très adroitement par l'écriture de personnages si fondamentalement libres qu'ils irradient la société corsetée qui les entoure jusqu'à la fissurer... Un contraste vibrant, bien servi par une esthétique soignée, qui exerce une forme de fascination sur le spectateur, emporté par cette ode libertaire qui refuse de se laisser plomber par des frustrations sociales. Courageux donc et forcément politique, le film n'abdique toutefois jamais de sa légèreté et de sa délicatesse. L'ensemble se révèle alors troublant et attachant, exotique et intrépide, exaltant et courageux, mais, comme effrayé par la radicalité de son sujet, tempère ses ardeurs par l'humour, la sensualité, un optimisme un peu artificiel qui ne permet jamais au film d'être aussi bouleversant qu'il l'ambitionne (ou qu'on l'espérait?).