Leila et ses frères : les secrets du tournage

Leila et ses frères se déroule dans une même toile de fond familiale que le premier long métrage de Saeed Roustaee, Life and a Day. Le cinéaste explique : "Pour moi la famille est un thème central, ce dès mes courts métrages. Leila et ses frères n’est donc pas à mes yeux une mise à jour mais une continuité."

"Je pense d’ailleurs que si l’environnement est le même, il y a beaucoup de différences avec Life and a Day que ce soit en termes de narration, de forme mais aussi de personnages. Notamment autour du père, qui était une figure absente jusque-là de mon cinéma."

Saeed Roustaee s'est inspiré de la véritable histoire d’une famille nombreuse en Iran. Il précise : "Mais au delà de la dimension spécifique que chaque frère pourrait représenter, ils sont surtout les éléments d’un système dans lequel chacun à un rôle pivot dans une dynamique familial."

Ces dernières décennies, une classe moyenne s'est développée en Iran, y compris dans des petites villes de province où les familles commençaient à atteindre un certain confort de vie. Mais, à partir de la présidence d’Ahmadinejad, cette structure a été totalement bouleversée...

"Cette classe moyenne a disparu au profit d’une fracture de plus en plus grande et d’un appauvrissement massif."

"A Téhéran, les gens qui vivaient dans des quartiers de moyenne gamme, sont partis dans les périphéries, et par effet mécanique, ceux très pauvres se sont retrouvés dans des endroits proches de bidonvilles. Seules une petite catégorie de personnes ont réussi à s’enrichir", confie Saeed Roustaee.

Saeed Roustaee avait déjà travaillé avec Navid Mohammadzadeh et Payman Maadi sur La Loi de Téhéran et Life and a Day. En revanche, c'est la première fois qu'il collabore avec la comédienne Taraneh Alidoosti.

Pour concevoir ses films, Saeed Roustaee a pour habitude de partir de deux axes : la tragédie, un genre qui le touche particulièrement, et des choses qu'il observe dans la réalité et qui le révoltent. Le metteur en scène précise :

"Une histoire ne me touche que si elle se rapproche de la tragédie. Elle ne m’interesse, ne s’ancre en moi que si elle a une dimension profondément dramatique, au point que j’en ressente une même souffrance que celle des personnages."

"C’est d’ailleurs ce que j’essaie de développer dans mes scénarios, mais la racine de cette souffrance vient généralement de choses que j’ai observées, et qui me révoltent, dans le réel. C’est elle qui plante la graine d’un récit qui peut alors prendre des atours romanesque."

Le film a été présenté en compétition au Festival de Cannes 2022 et a remporté le Prix de la Citoyenneté et le Prix FIPRESCI.