Le film a été présenté dans la section Un Certain Regard au Festival de Cannes 2022, où il a obtenu le prix de la mise en scène.
Metronom était une émission diffusée clandestinement par Radio Free Europe, animée par le journaliste et producteur de radio roumain en exil, Cornel Chiriac, assassiné à Munich en 1975.
Le réalisateur revient sur cette époque : "Je trouve que la période post-1968 est la plus intéressante de l’ère communiste, car c’était une époque de grandes contradictions sociales et culturelles. Les jeunes écoutaient tous Metronom, qui était pour eux une fenêtre ouverte sur le monde occidental. Aujourd’hui, alors qu’un simple clic nous permet d’avoir accès à tout et n’importe quoi, nous oublions souvent comment était la vie sous un régime autoritaire, quand il était si difficile de trouver un vinyle à écouter ou un bon livre à lire. Les gens écoutaient secrètement Radio Free Europe, qui était interdite. Ils vivaient des vies recluses, ils se retrouvaient clandestinement dans des appartements, pour danser et écouter de la musique ensemble."
À l'origine, Alexandru Belc voulait réaliser un documentaire sur les années 1970 en Roumanie. Au fil de ses recherches, son projet a évolué pour devenir une fiction sur une fête qui tourne mal, dont tous les participants se retrouvent arrêtés et interrogés par la police politique, la Securitate. Il a décidé de raconter cette histoire du point de vue d’une adolescente, Ana, amoureuse d’un garçon, Sorin, qui quitte le pays pour de bon. "Mon film est finalement devenu une histoire d’amour, une fiction sur le passage à l’âge adulte, une histoire de tromperie, de trahison et de pardon."
Pour donner l'impression au spectateur d’être plongé dans les années 1970, le réalisateur a utilisé d’anciens objectifs et filmé sur pellicule argentique en 35mm. "Nous avons tourné caméra à l’épaule, pour suivre les personnages dans de longs plans complexes qui révèlent progressivement les individualités de chacun et qui confèrent une atmosphère et un rythme particuliers à l’histoire. Nous voulions que les personnages se révèlent petit à petit à l’écran, pour que le spectateur puisse les comprendre et s’identifier à eux. Les mouvements de caméra nous guident dans leur monde, tels qu’ils le perçoivent."
Pour que les scènes de fête soient aussi réalistes que possible, elles ont été filmées avec de la musique directe sur le plateau, ce qui a aidé les acteurs à se mettre dans l’ambiance et à avoir un jeu plus authentique. La musique n’a pas été ajoutée ultérieurement en postproduction, ce qui a représenté un vrai défi pour le montage, car cela réduisait le choix des options. "Dans la mesure du possible, nous avons essayé d’utiliser des chansons en entier, et à faire correspondre la durée des scènes et des chansons. Par exemple, on entend Light My Fire des Doors en intégralité, durant une série de scènes importantes, pendant plus de 9 minutes", raconte Alexandru Belc.