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    300 Jours - Un an sans cinéma
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    3,0
    Publiée le 30 juin 2022
    On les compte sur les doigts de la main (et encore… sur les doigts d’un manchot !) les documentaires ayant traité pour sujet principal "le cinéma en période de Covid19 / Coronavirus". On avait eu droit à Covidwood, l'année où Hollywood s'arrêta (2021) de Didier Allouch, qui revenait sur les répercutions auprès des majors US et l'industrie Hollywoodienne. Cette fois-ci, c’est au tour du youtubeur InThePanda (Victor Bonnefoy), coréalisé avec Thomas Combret de s’intéresser à l’impact que tout cela a pu avoir sur le cinéma français.

    Souvenez-vous, entre mars 2020 & mai 2021, les salles de cinéma étaient restées fermer 9 mois ½. Un véritable bordel, un cauchemar éveillé (travaillant dans un cinéma, je l’ai moi-même vécu). Durant près de 120 minutes, les réalisateurs prennent le pouls de tous les acteurs qui travaillent dans l’ombre du 7ème Art. Ils donnent la parole à de multiples professionnels du secteur qui se livrent face caméra et donnent leur ressenti sur ce qu’ils ont vécus du début à la fin de cette étonnante, déroutante, voir sidérante période, entre incertitudes, inconnues et lassitudes.

    Quand le Président de la République Emmanuel Macron a annoncé « la guerre au Coronavirus » et que les français se sont retrouvés du jour au lendemain contraints de rester chez eux, obligeant les commerces (et par conséquence, les cinémas) à baisser le rideau, cela a été un cataclysme pour toute la profession. Quand les salles de cinéma ont fermé, cela a impacté aussi bien la presse (les magazines spécialisés), les exploitants, les distributeurs, les attachés de presse, l’arrêt des tournages, les sites web spécialisés (des sites gratuits comme AlloCiné ou SensCritique qui ne vivent que grâce à la publicité), …

    Cela a été une claque énorme et imprévisible pour toute la profession, d’autant plus lorsque l’on apprend que 2019 avait été l’année de tous les records « on sortait d’une année exceptionnelle, la 2ème meilleure année depuis 50ans pour le cinéma en France, 213 millions de spectateurs » et que du jour au lendemain, c’est la catastrophe, voir le naufrage industriel, aussi bien pour les films qui venaient de sortir (en février ou mars 2020 et qui n’avaient pas eu le temps d’être pleinement exploités) que pour les petites structures, les petites salles de cinéma dont les trésoreries n’ont rien à envier aux grands groupes.

    Le film aborde différents sujets tous très variés, du chômage partiel en passant par Disney qui abandonne l’exploitation en salle de Mulan pour privilégier sa plateforme Disney+ (quitte a tourner le dos aux exploitants), du piratage en passant par Franck Riester & Roselyne Bachelot (les ministres de la culture qui se sont succédé durant cette période), le couvre-feu qui vient saboter la réouverture des salles, le danger que peut représenter les plateformes en ligne (Disney+, Apple TV+, Netflix, HBO Max, …), le pari risqué (et courageux) de la Warner d’avoir sorti Tenet (2020) entre deux confinements au moment même où les majors US étaient frileuses à l’idée d’exploiter leurs blockbusters estivaux, la (fameuse) chronologie des médias, la cérémonie des César, le trop-plein de films (l’embouteillage) suite aux 9 mois de fermeture avec plus de 400 films en attente de pouvoir sortir en salles, …

    Les avis divergent, les contradictions sont nombreuses et c’est en cela que ce film s’avère très intéressant. Il ne s’agit pas de brosser dans le sens du poil le cinéma français (son industrie) ou d’avoir des avis linéaires et sirupeux. Les avis contraires sont nombreux, ça tape aussi bien sur le piratage, la politique que sur les César et leur grotesque cérémonie (en mars 2021) pseudo revendicatrice à laquelle on avait eu droit. Clairement, on ne voit pas le temps passer, les intervenants sont passionnants. La force du film réside très clairement dans la pluralité de ses intervenants, venant de diverses branches du cinéma : Aradavan Safaee (président de Pathé Films), Manuel Chiche (distributeur & producteur de The Jokers Films), Claudine Cornillat (directrice du cinéma Max Linder), Perrine Quennesson (journaliste pour Le Film Français), Elisha Karmitz (DG de MK2), Simon Riaux (journaliste chez Écran Large), Laurent Cotillon (directeur de Première / Le Film Français), Philippe Rouyer (critique à Positif & Le Cercle), Richard Patry (Président du FNCF, la Fédération Nationale des Cinémas Français), Dimitri Margueres (programmateur du cinéma Le Club de l’Étoile), Xavier Albert (DG d’Universal France), Zvi David Fajol (attaché de presse), Marion Walsh (directrice marketing chez Gaumont), Jonathan Barré (réalisateur), Vincent Maraval (producteur chez Wild Bunch), Guillaume Boutin (président de Sens Critique), …

    Un documentaire très didactique, qui nous entraîne au cœur du cauchemar qu’ils ont vécus et que nous avons tous vécus en tant que cinéphiles. Contraints de ne plus pouvoir fréquenter aussi assidûment nos salles préférées, leurs fauteuils en velours et cette odeur de pop-corn imprégnée dans les murs. Obligés de rester chez nous a voir ou revoir des films à la télévision ou sur ordinateur, loin du confort incomparable d’une salle de cinéma.

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