L'égalitarisme est une cause perdue. Où arrêter de projeter sa sensibilité ? Quand on progresse au sein d'une espèce, on découvre de nouvelles raisons de s'inquiéter un peu plus loin.
EO est un film sincère et déstabilisant servi par une réalisation et une photographie bluffante. Si l'âne est instantanement attachant, de nombreux effets, que ce soit sonores comme visuels sont faits pour nous le rendre plus proche, plus familier encore.
Malheureusement, j'y vois également un goût d'inachevé car EO ne remplit pas totalement son contrat concernant l'immersion dans la vie d'un âne. Trop souvent rattaché au point de vue humain, j'y vois, derrière le but de dénoncer, des facilités pour faire avancer un récit qui, sans ça, n'arriverait pas à terme sans l'homme. Ainsi, l'âne "EO" est parfois mis au second plan pour servir de spectateur à l'homme là ou, selon moi, il devrait toujours rester moteur de l'action. Je trouve que le film manque d'écriture et paradoxalement, cela nuit au côté sensoriel du film.
Car c'est aussi un long métrage plein de sensations qui doit beaucoup à sa narration non conventionnelle permettant d'accepter des audaces vraiment bienvenues. Malgré ses défauts assez évidents, EO reste un film de pur cinéma qui mérite d'être découvert.
Je retiendrai une seue image de ce film foutraque, l'instant furtif où la silhouette de l'âne se fond dans les étoiles. Trop court pour s'en souvenir, demain je l'aurais oublié.
Odyssée animalière à visée écologiste : on suit l’errance d’un âne vagabondant au gré de ses rencontres ; pas farouche, le bourricot, plutôt affectueux même, mais prêt à déguerpir dès que ça tourne mal. Le personnage de Hi-Han est craquant comme tout ; les images, souvent soutenues par une musique très inspirée, sont non seulement d’une grande beauté mais aussi d’une grande force, ce qui est capital en l’absence de tout message verbal. Autre atout majeur de ce film, c’est que le réalisateur adopte non pas exactement le point de vue de l’âne, mais son intérêt, y compris au sens judiciaire du terme : si bien qu’on est toujours dans l’émotion, jamais dans la cucuterie. En résumé le film est trop raffiné pour être totalement militant, il s’agit davantage d’une méditation poétique sur la condition animale parmi les humains que d’un brûlot antispéciste en bonne et due forme – et ma foi, je ne m’en plaindrai pas.
Les amis se comptent sur les doigts d’une main, les films qui accompagneront notre vie ne doivent guère être plus nombreux; si nous avions à cœur de réhabiliter d’anciens proverbes. Assurément, EO est l’un d’entre eux. Fallait-il donner le premier rôle à un animal cristallisant les vicissitudes des humains…pratiquement absents du long-métrage? Arrêtons-nous sur cette idée originale! Nous entendons souvent qualifier « œuvre de maturité » la production d’un artiste à son zénith. Je serai touché d’entendre les admirateurs de Skolimowski que je ne connais pas bien, louer la « maturité » d’un équidé courant sous le crépuscule, « traversé » selon le mot de Baudelaire, « ça et là par de brillants soleils »…
Eo, film atypique extrêmement bien filmé et d'une très bonne qualité d'image. C'est au travers du regard de l'âne Eo que Jerzy Skolimowski , sans anthropomorphisme, brosse un portrait sans concession sur l'homme et son rapport avec l'animal et la nature. Un rythme lent qui peut dérouter au début mais au final c'est le rythme d'Eo, un animal parmi les animaux qui n'a rien demandé, surtout pas d'être plongé dans la réalité crée par l'homme et qui est bien loin des lois de la nature, de l'univers ou de Dieu comme on veut. Une belle approche originale, beau film, qui nous amène à remettre en question notre regard d'homme moderne.
Expérience très particulière antispéciste. La caméra en gros plan sur la gueule de l'âne et surtout sur ses yeux lui confère une personnalité étonnante. Il nous est donné de le voir s'émouvoir ou de prendre conscience de sa condition, de la liberté de ses congénères, de l'horreur des abattoirs, de la folie des hommes... Le procédé anthropomorphique est très réussi!
Un hymne pour dame nature. Je pensais m’étrangler dans mes larmes dès les premières minutes. Mais non. J’ai suivi l’épopée d’Eo, arraché à sa maîtresse si douce d’un œil sec. Eo, l’âne qui regarde notre monde d’un œil humide , curieux, apeuré, amusé, tétanisé selon où il se trouve, qui il croise. Eo aime sa maîtresse. Elle lui manque. Il veut la retrouver. Alors il s’échappe . Il court..se perd..avance..explore..fait des rencontres. Eo mange des belles carottes. Il a beaucoup de caresses. Mais non décidément, il n’a rien à faire là, il doit retrouver sa maîtresse. Il se sauve … Eo se prend des coups. Violents. ( la subtilité du film..nous épargne les détails des images sordides. Musique épique et son suffisent à nous émouvoir). Le voilà à nouveau choyé ..caressé..et c’est le ticket d’entrée pour l’enfer. Encore plus haut . Encore plus dur. Eo voit , il sent l’horreur et s’énerve . T’as raison pti gars! Tu te défends !... Chaque étape est entrecoupée de scènes délirantes aux couleurs rouge sang…le chemin de la mort? Car le chemin on le voit. Eo l’emprunte encore. Monte dans ce camion . Il sait . Mais là encore … sauvé par le gong, notre âne repart vivre sa best Life en Italie. Des oiseaux , des arbres , une belle âme charitable qui le prend en main. Oui mais…. Les grilles sont ouvertes. Eo veut voir sa maîtresse. L’élue de son cœur . Il s’enfuit encore .. têtu et déterminé . Tant pis pour les oiseaux. Et puis de mon œil sec, le cœur battant, au rythme des notes de violoncelle, voilà Eo capturé à nouveau. La scène finale , est incroyable. Prenante. Étouffante . Obsédante.
A plus de 80 ans, Jerzy Skolimoski nous étonne encore de part le choix du sujet comme sur la façon de le raconter. Inspiré du "Au hasard Balthazar" de Robert Bresson, le film qui suit le parcours d'un âne impose dès son ouverture une mise en scène audacieuse, voire expérimentale. La caméra quasiment à hauteur du regard asinien, des images somptueuses ponctuant les différentes rencontres faites par l'âne, le film livre une réflexion sur la relation homme / animal, évoquant la maltraitance animale, évoquant aussi l'humanité dans ce qu'elle a de bon et de mauvais. La fin un peu trop ouverte peut laisser sur sa fin mais l'essentiel est finalement dit et de belle manière.
La vie et le monde vus à travers les yeux d'un âne. C'est l'idée originale de Jerzy Skolimowski qui propose un film à la fois sentimental, surréaliste, bienveillant et pessimiste. Tout dépend des personnes rencontrées puisque certains vont faire preuve de compassion face à cette bête seule tandis que d'autres vont faire l'étalage de ce qu'il y a de pire chez l'Homme. Une fable animaliste qui flirte avec les genres. On est parfois proche du trip expérimental, mais j'ai également été surpris par le recul sur les événements. Cela rend certaines scènes amusantes, car on voit l'âne observer au loin la stupidité des gens. Par contre, le changement de ton ou d'ambiance peut parfois être brutal comme cette scène avec les hooligans. "Eo", c'est vraiment la vie avec ses hauts et ses bas. Cela peut manquer d'enjeux, car on passe d'un endroit à un autre et d'une personne à une autre, mais c'est un film qui a le mérite d'être engagé en montrant une certaine réalité. C'est touchant et l'on finit par vraiment s'attacher à cette petite bête perdue à la merci du monde qui l'entoure. Bref, c'est pas mal.
Filmé à hauteur d'âne, avec ses beaux yeux curieux et vifs, ce petit métrage polonais qui représentera son pays pour l'Oscar du meilleur film étranger se regarde avec plaisir. Original, photo et B.O très soignée, le réalisateur manque parfois de simplicité face à un sujet qu'il a choisi d'être lui, dépouillé. Peu de dialogues, juste le sentiment de passer de main en main, de vivre des paysages différents, des ambiances différentes, des gens attentionnés et d'autres, opportunistes. A l'arrivée, un joli film, déjà récompensé par un prix du Jury à Cannes.
Le film débute dans une séquence très rougeoyante fantasmagorie dont on ne comprend pas grand chose. Puis très vite EO quitte son cirque sous couvert de maltraitance dans les cirques EO se retrouvent à porter une charrette pour d'autres. Ce qui frappe c'est comment le réalisateur capte le regard de EO, deux grands yeux noirs où passent l'innocence, la gentillesse, la béatitude, la tendresse, la mélancolie surtout ou encore la stupeur ou l'incompréhension. Mais faut l'avouer il y a aussi du vide ou plutôt sans savoir ce qui peut bien se passer dans sa tête. Certains passages sont touchants, beaucoup de manquent pas de poésie et de lyrisme, mais trop de scènes sont aussi soient trop longues soit juste inintéressantes (la plupart des scènes avec les humains). C'est une fable qui ne dure heureusement pas longtemps (1h30 pas plus ouf), un conte façon road-movie mais avec un âne comme témoin du monde. C'est sans doute un peu trop inoffensif, mais le trip reste assez originale et fascinant pour se laisser aller à cette expérience unique dont plusieurs passages d'une beauté inouïe. Site : Selenie.fr