Petite comédie bien troussée mais sans prétention, « Bonne conduite » nous propose une solution originale, totalement amorale mais hyper efficace pour régler une bonne fois pour toute la question de la violence routière : envoyer ad-patres les chauffards les plus dangereux en les punissant par là où ils ont pêchés : au volant de leur voiture. Jonathan Barré nous offre une comédie assez courte, plutôt bien rythmée et bien mise en image. Il y a des plans soignés, la Bretagne et joliment filmée, les scènes d’accidents sont rendues de façon réaliste. La musique électronique qui accompagne les images est bien utilisée, elle accompagne particulièrement bien les scènes d’action. On la dirait directement inspiré de la BO de « Christine » de John Carpenter ! Et puis il y a l’humour, omniprésent et plutôt de tendance absurde. La présence au casting de David Marsais et Grégoire Ludig, le duo de Palmashow, n’y est pas pour rien. On est totalement dans ce genre d’humour, s’il ne vous convient pas ça ne sert à rien d’insister, vous n’apprécierez pas « Bonne Conduite ». Attention, qu’il n’y ait pas de confusion : on n’est pas dans une parodie de film d’action (même si ça en a parfois les aspects) ni une parodie de film policier, il y a un vrai fond dans « Bonne conduite », un thème de fond assez grave (la violence routière, le deuil) mais désamorcé par l’humour. Dans la forme je ne trouve rien à redire au film et dans son casting non plus. Les deux zozos du Palmashow font de qu’ils font le mieux, en composant un duo de flic mal assorti : le sérieux et l’imbécile. Mais mine de rien, malgré tout l’humour dont ils sont capable, leur enquête avance (running gag) et elle est menée comme elle doit l’être, là encore on n’est pas dans le film potache. Les seconds rôles de Thomas VDB
(ostréiculteur amoureux, très touchant de fraicheur et de naïveté)
, de Tchéky Karyo en armateur
criminel (sur la route et en dehors)
et de Sixtine Aupetit sont plutôt bien écrits, plutôt bien tenus. Dans le rôle titre, Laure Calamy crève l’écran, une fois de plus. Son rôle est très physique, en plus des virées nocturnes ou elle envoie dans le décor des chauffards (très caricaturaux), elle court, elle nage, elle se retrouve couverte de vase. Elle exploite le potentiel comique qu’on lui connait depuis « Dix pour Cent » ou « Antoinette dans les Cévennes » mais pas que. Le deuil impossible qui est le sien est très palpable, touchant. Derrière son joli sourire et ses petites gaffes se cache une plaie à vif qu’elle ne parvient pas à faire cicatriser. Pire, elle l’entretient soigneusement. Si on doit trouver des défauts à « Bonne Conduite », c’est du côté du scénario qu’il faut chercher. Le film est sur les rails avec cette histoire de serial killeuse de la sécurité routière mais très vite le scénario fait une sortie de route
et le film fait une embardée du côté du polar et du film de gangster, au point de mordre la ligne blanche et de prendre presque toute la place
. Et puis, même si nous sommes dans une comédie revendiquée comme telle, centaines incohérences sont assez grosses, notamment dans la conclusion du film. En tueuse, Pauline commet quand même de grosses erreurs
(la photo sous le pare-soleil, l’oubli de la cagoule).
D’accord, elle n’est pas une tueuse née mais avec le palmarès qu’elle a déjà au début du film, on pourrait d’attendre à plus de rigueur dans l’entreprise criminelle. Pour le dire rapidement : il ya longtemps qu’elle aurait du être arrêtée, même par deux policiers comme le Commandant Kervella et le Capitaine Giordano, qui ne sont par des foudres de guerre. Et puis franchement, la petite intrigue secondaire
des radars vandalisés et surtout sa conclusion sont assez ridicules ! La toute fin du film, dans sa dernière scène, est difficilement compréhensible au regard de ce qui a précédé, elle donne une petite impression bâclée de « queue de poisson ».
Même si on passe un bon petit moment de comédie devant « Bonne Conduite », on a malgré tout l’impression finale désagréable d’un film qui passe un peu à côté de son sujet.