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velocio
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2,0
Publiée le 24 août 2022
Les 10 premières minutes de ce film sont plutôt réussies : on est en Sicile, près de Catane, au début de 2020, juste avant l'arrivée de la pandémie et la première période de confinement et on assiste aux préparatifs d'une visite "surprise" de Macron et de Merkel dans un camp de migrants. C'est plutôt drôle, c'est plutôt subversif et on se dit que lorsque le couple franco-allemand va arriver sur place, on va bien se régaler. Pas de chance : au bout de 10 minutes, Nathalie Adler, une française en mission pour l'UE, tombe sur son fils qu'elle avait plus ou moins abandonné 9 ans auparavant. A partir de là, le film ne sait plus très bien ce qu'il doit traiter, ça part un peu dans tous les sens, rien n'est approfondi et on s'ennuie ferme ! Dommage pour Isabelle Carré et le reste de la distribution qui font ce qu'ils peuvent mais sans succès.
Le cinéma de Lionel Baier s'inscrit parfaitement dans la lignée du trio historique helvétique (Goretta, Soutter, Tanner) : libre, anti-conformiste, rebelle, mais aussi tendre et revigorant. Pour preuve, La dérive des continents (à l'ouest) mêle des éléments de comédie, d'absurde et de drame, a priori inconciliables, autour des crises migratoires et de leur (déplorable) gestion par la Communauté européenne. Le film a parfois des allures de satire des institutions, qui n'hésitent pas à maquiller la réalité pour la rendre conforme à leurs politiques, mais il n'est pas que cela. Les retrouvailles d'une mère avec un fils qu'elle a abandonné des années auparavant est aussi l'occasion de confronter les idées de l'une (bureaucrate) avec les convictions opposées de l'autre (activiste), avec intelligence et sans violence, en faisant se croiser l'intime et la morale, sous le soleil trompeur de Sicile. Le rythme et la tonalité de La dérive des continents sont bien différents d'une certaine norme narrative actuelle, n'hésitant pas à parfois s'éloigner de ce qui constitue son noyau central, comme cette visite inattendue à un village détruit par un tremblement de terre qu'un artiste a recouvert d'un sarcophage. Isabelle Carré semble comme un poisson dans l'eau dans cette ambiance douce-amère et forme avec le jeune et prometteur Théodore Pellerin un duo qu'il est tout à fait réjouissant de voir se déchirer et se rapprocher, en une valse à plusieurs temps.