Deuxième film muet de John Ford que je découvre après le réussi "The Iron Horse" où il revenait sur l'origine du chemin de fer aux USA. Ici il revient dans son Irlande natale qu'il filme avec amour et sincérité, quitte à enjoliver la réalité.
Finalement, il n'y a pas vraiment de grandes ambitions dans ce film, pas d'enjeux forts que ce soit dramatique ou autre, mais juste la chronique d'un jockey avec une sympathique galerie de personnages tournants autour de lui, allant d'un noble au grand coeur à la fille de celui-ci, dont il est amoureux. Une chronique teintée aussi de rêves américains mais ici désabusé où le retour en Irlande sera salvateur.
Malgré quelques petites touches de pessimistes, c'est quand même la bonne humeur qui l'emporte. C'est bien rythmé, sans temps morts et dans l'ensemble sympa à suivre avec quelques bonnes idées, des gags sympathiques et même quelques petites touches poétiques dégagées par le couple Janet Gaynor/Leslie Fenton. Puis cette vision, même totalement enjoliver de l'Irlande, reste très plaisante à suivre tant la sincérité et la jovialité sont au rendez-vous, à l'image du personnage noir qui semble totalement perdu dans ce monde (notamment dans l’hôpital). C'est plutôt agréable.
Puis derrière la caméra, Ford se permet quelques expérimentations qui sont les bienvenues. Sa façon de braquer sa caméra au plus près des personnages est sympathique, tout comme ses effets de mises en scène lors des courses de chevaux où il oscille entre gros plans et travelling. Le montage est assez bien rythmé et Ford passe d'un endroit à un autre sans lourdeur et en ayant le temps de nous y intéresser.
Néanmoins, je retrouve dans ce deuxième Ford muet que je vois, un certain mépris pour les minorités. J'avais trouvé le traitement des indiens maladroit dans "The Iron Horse", ici ce sont pour les noirs et dans une moindre mesure les juifs, sans pour autant que ce soit lourd ou gênant pour apprécier le récit. J'ai pu lire qu'en voyant des cadavres de soldats noirs lors de la Seconde Guerre mondiale il avait dit " qu’il était impossible de ne pas les considérer comme des Américains à part entière", ce qui expliquerait surement cette différente de traitement que l'on ne retrouve pas dans ses films d'après la Seconde Guerre mondiale (enfin, je n'ai jamais eu ce problème avec ses films parlants des années 1930), où il se fera même défenseur de cette cause, notamment dans "Le Sergent Noir".
Bref, voilà un petit film sans grande ambition et bien sympathique où, avec jovialité, amour et sincérité, John Ford dépeint son Irlande natale, ses mœurs, ses représentants et sa beauté.