I love Greece : les secrets du tournage

Pour son premier long métrage, Nafsika Guerry-Karamaounas voulait tourner en Grèce, plus particulièrement sur l'île des Cyclades qu'elle connaît très bien. La réalisatrice gréco-suisse confie : "Je voulais me sentir en confiance dans ce lieu familier où je connais tout le monde."

"Petite, durant l’été, je m’y inventais des histoires ; plus grande, il me semble que les éléments – le vent, très fort, le soleil, violent, la mer – ont forgé mon regard. Je voulais poser ma caméra dans cette nature que j’aime profondément. Aussi, avec ce film, j’avais envie d’accorder de la valeur à l’infime, au détail, aux « minis rien » qui font la vie, le quotidien."

L'idée de ce couple mixte en plein trouble conjugal lors de vacances en Grèce sert de prisme pour observer la société grecque actuelle. Ainsi, pour Nafsika Guerry-Karamaounas, le fil d’Arianedu film est la crise qui frappe ce pays et qui va jusqu’à interférer dans le couple :

"En retrouvant sa famille, Marina est écartelée entre l’envie puissante de renouer avec ses racines et la culpabilité de ne pas pouvoir aider les siens. Tout ce qu’elle propose est démesuré et inapproprié."

"Elle ne prend en compte que le dénuement de ses parents forcés de vendre leur maison d’Athènes sans admettre qu’eux y voient peut-être l’occasion d’entamer un nouveau pan de vie porteur de nouveautés. Elle reste attachée aux murs", raconte la cinéaste.

Pour que Stacy Martin devienne une Grecque crédible, Nafsika Guerry-Karamaounas lui a fait prendre des cours de cuisine par une grande chef installée à Paris. La comédienne a évidemment suivi des cours de langue et a également pris des cours de danse. La réalisatrice se rappelle :

"Ensuite, je lui ai montré une série de films, dont l’un particulièrement emblématique à mes yeux, Jamais le dimanche de Jules Dassin, avec Mélina Mercouri. Stacy a mis beaucoup de rigueur et de force dans ce travail et a réussi à se glisser dans le personnage à une vitesse qui m’a impressionnée."

"C’est un véritable caméléon. Vincent a suivi le même régime : cours de langue et cours de danse. Lui aussi devait connaître la Grèce et un peu de grec. Quelques jours avant le tournage, nous avons fait plusieurs répétitions avec les acteurs grecs, dans le décor, en Grèce pour que naisse la famille."

La danse qu’accomplit Marina s’appelle le Zeïbekiko et est habituellement dansée par des hommes sur une musique de Rebetiko. Elle a été inventée au début du XXème siècle. C’est une danse aux pas arythmiques qui soigne l’âme, dans laquelle on s’abandonne, un peu comme dans une transe. Nafsika Guerry-Karamaounas précise :

"Elle me rappelle celle des derviches tourneurs en Turquie. J’y suis attachée comme je le suis à cette tradition que j’aime profondément en Grèce et qui s’est perdue en France où, de la yaya (la grand-mère) à l’enfant de quatre ans, dès que quelqu’un sort un instrument et se met à jouer, tout le monde chante des airs dont chacun connaît les paroles."