Iman et Payar sont deux frères, deux jeunes adultes qui vivent avec leur père dans la partie nord de Téhéran. Leur mère est décédée quelque temps auparavant, leur père est un ancien opiomane que la mort de sa femme a plongé dans la dépression et qui est perdu dans la gestion des médicaments qu’il doit prendre. Le personnage évoqué par le titre français du film, c’est Iman, l’aîné des deux frères, un « chevalier noir » qui enfourche régulièrement sa moto pour fournir en drogue une certaine jeunesse dorée de Téhéran, une activité plutôt lucrative mais pouvant se révéler dangereuse, une activité qui lui a permis d’être appelé « King » par ses clients et qui lui a ouvert la porte des fêtes de la jeune bourgeoisie iranienne. Son comportement indispose particulièrement son père et les relations qu’ils entretiennent sont extrêmement tendues. Payar est très différent d’Iman : pas intéressé par les fêtes auxquelles son frère l’invite régulièrement, il se dépense en pratiquant le muay-thaï, sport connu chez nous sous l’appellation de boxe thaïlandaise, et il se sent attiré par Hanna, une ancienne camarade de classe venue passer ses vacances à Téhéran, elle qui vit à Paris, elle qui est divorcée, elle dont Pauli-Illia, son fils de 6 ans, parle parfaitement le français. Si les deux frères ont peu d’atomes crochus, ils ont quand même une volonté commune, celle de conserver les terres familiales que leur mère n’avait pas encore vendues avant son décès, des terres qu’elle leur a léguées et qui ont pour eux une grande importance sentimentale, des terres que convoite un oncle sans scrupule en cheville avec un promoteur.
La traduction en français de "The tale of Shemroon", le titre international du film, donne une indication plus précise que le titre français, "Chevalier noir", de ce que le réalisateur a voulu réaliser : le conte de Shemroon, du nom du quartier où se déroule l’action, un quartier situé sur une hauteur au nord de Téhéran. S’inspirant d’une histoire vraie, une histoire de vengeance ratée qui s’était déroulée dans ce quartier et que sa mère lui avait raconté alors qu’il avait déjà élu domicile à Paris, Emad Aleebrahim Dehkordi dit avoir choisi, pour son premier long-métrage, de « raconter une histoire contemporaine, ultra-réelle, avec les codes narratifs du conte persan ». Il faut donc voir dans les deux frères des chevaliers qui doivent défendre le territoire que leur mère leur a légué, voir dans la moto leur destrier et voir dans Shemroon, ce quartier qui domine Téhéran, une sorte de château-fort. Cela dit, Chevalier noir apparait moins comme étant un véritable conte qu’un film réaliste, tourné en plans-séquence relativement courts, même si apparaissent de temps en temps des phénomènes lourds de symboles et qui rapprochent le film du fantastique, tel l’oiseau qui cause un accident de moto à Iman et qui le hante au point de devenir pour lui un objet de cauchemar. critique complète sur https://www.critique-film.fr/critique-chevalier-noir/