En 1973, au large des Cornouailles, sur une île déserte, une botaniste surveille des fleurs rares. Son rituel quotidien est immuable, thé compris, et elle note invariablement "pas de changement", sur son cahier d'observation. Mais il n'y a pas que des mouettes qui planent au-dessus de la mer, il y a aussi des spectres qui s'invitent de plus en plus souvent. Sont-ce des hallucinations ou le passé de l'île qui resurgit par bouffées ? Il ne faut pas compter sur le réalisateur britannique, Mark Jenkin, pour donner des explications dans ce presque film d'horreur folklorique, dont les images très travaillées et trafiquées, semblent elles-aussi provenir des années 70, et qui se tient en équilibre instable sur le fil de l'expérimentation, hypnotique et déconcertant. Libre à chacun d'avancer dans ce labyrinthe narratif, chargé de visions, avec pour seule guide l'étonnante Mary Woodwine, dans un rôle étrange et pénétrant. Son personnage semble hanté à la fois par l'esprit des lieux (marins naufragés, anciens mineurs) que par des événements tragiques de son passé (hypothèses gratuites). 90 minutes de mystère opaque, rythmées par les cris de mouettes, le ressac des vagues et une musique éthérée et des chants d'antan. De quoi frissonner, se statufier ou s'endormir, c'est selon.