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soniadidierkmurgia
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3,0
Publiée le 4 mars 2023
James Whale, réalisateur britannique devenu par un heureux hasard artistique l’un des maîtres du cinéma d’épouvante des années 1930 aux côtés de Tod Browning (« Frankenstein », « Une soirée étrange », « L’homme invisible », « La fiancée de Frankenstein »), réalise en 1940 à seulement 51 ans son avant-dernier film qui sera son dernier pour le studio Universal. Ce sera « L’enfer vert », film d’aventures exotiques avec trésor à la clef doté d’un confortable budget et d’une distribution plus qu’alléchante réunissant pour la première et unique fois les deux séducteurs suaves et ironiques que sont George Sanders et Vincent Price. A leurs côtés Joan Bennett, future égérie de Fritz Lang et Douglas Fairbanks Jr. qui tente avec application de marcher dans les pas de son illustre père. Le film est tourné au sein des studios Universal où sont reconstitués une jungle factice malgré tout convaincante et surtout un imposant temple inca d’une hauteur de 38 mètres renfermant un obélisque de très belle facture . Suite à l’échec financier du film, ses décors seront réutilisés pour « La main de la momie » ( Christy Cabanne en 1940). Vincent Price dont le rôle est relativement bref, dira que « L’enfer vert » était sans doute le pire film jamais produit. Eclairé par le grand chef opérateur Karl Freund « L’enfer vert » est somptueux dans certains de ses plans et même parfois parfaitement immersif. Le véritable problème provient en réalité du scénario de Frances Marion qui accumule tous les poncifs du film de jungle hostile sans jamais parvenir à les insérer dans une narration fluide mais surtout crédible. Du coup, James Whale sans aucun doute conscient du problème laisse la bride sur le cou à ses acteurs qui avec l’addition des tempéraments de chacun concoctent un mélange baroque et finalement assez savoureux de sérieux surjoué et de dérision à peine contrôlée. A ce jeu, George Sanders est bien sûr le meilleur, son flegme britannique qui en a vu d’autres lui permettant de se sortir avec brio de toutes les situations y compris les plus improbables. Son alter ego, spoiler: Vincent Price rapidement criblé de flèches n’a pas vraiment le temps de lui renvoyer la balle . Ce sera assurément un regret pour les adeptes de ces deux cabots magnifiques. Joan Bennett succédant à Price sur l’écran, diffuse son charme sulfureux avec parcimonie mais comme toujours efficacement. Quant à Douglas Fairbanks. Jr. en dépit d’un physique avenant et d’une application de tous les instants, il « n’imprime pas vraiment » comme on dit aujourd’hui. Avec la patine du temps « L’enfer vert » dégage une étrange sympathie que l’on ne peut complétement expliquer. Frances Marion grande scénariste du muet y aura d’évidence pleinement participé.