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Romain Z
13 abonnés
246 critiques
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3,0
Publiée le 19 mars 2024
Une petite poignée d’année après « Au gré du courant » Naruse avec ce film-ci , semble vouloir donner une suite à ce portrait crépusculaire de Geishas , en filmant cette fois le monde des hôtesses de bar , les unes au seuil des années 60 marqué du sceau de la modernité paraissant prendre la suite des autres. C’est encore ici l’économie de l’entreprise dont il est question avec derrière le strass des rapports de séduction, les coulisses d’un monde hiérarchisé et peu glamour, l’occasion encore une fois pour Naruse d’évoquer le statut des femmes dans la société japonaise , et d’offrir le spectacle sombre et poignant de leurs tentatives diverses pour échapper à leur condition.
Le titre est une métaphore pour évoquer le fait d'aller au travail. Ici il s'agit d'une femme de bar, au Japon, qui monnaye ses charmes et dont le travail consiste aussi à faire consommer les clients. Elle cherche comme ( presque) toutes les femmes l'amour et un homme à elle. Elle rêved'une vie bourgeoise. Malheureusement son rêve restera lettre morte. Magnifiquement filmé , réalisé et interprété , le film est un hommage à la femme à toutes les femmes. Malheureusement, le découpage du film rend sa vision un peu ennuyeuse( on attend près de 80 minutes sur un film de 110) pour qu"enfin , j'ai pu comprendre ou voulait en venir le réalisateur. Pendant 80 minutes on a affaire à un film choral qui nous montre le climat et les rapports intersubjectifs entre les personnages dans ces bars de rendez-vous intégrés à la culture japonaise. Dommage, car on voit ici la maîtrise filmique de Mikio Naruse qui est digne de celle des maîtres du cinéma. Mais on sort de la salle un peu déçu devant le manque de rythme du film. A ce titre "nuages épars " est nettement réussi.
L'histoire d'une geischa qui rencontre l'amour. Une femme qui voudrait l'indépendance et qui au final va dépendre d'une amour sincère qui la bouleverse. Il y a cette scène très belle digne de "brève rencontre" dans le train. Et au milieu des péripéties diverses de ce bar, on retiendra aussi cette belle fin émouvante où elle monte encore l'escalier et va essayer de retrouver un souffle pour tenir sa destinée en main.
Mikio Naruse s'est vu réhabilité depuis quelques années notamment grâce aux travaux de Jean Narboni (Critique aux Cahiers du Cinéma, auteur de "Mikio Naruse- Les temps incertains" paru en 2006). Ses films commencent depuis peu à bénéficier de sorties vidéo permettant de progressivement faire connaitre l'œuvre de ce réalisateur tout à la fois réaliste et romantique très connu au Japon où il occupe une solide place au panthéon des réalisateurs nationaux derrière le trio majeur constitué d'Akira Kurosawa, Kenji Mizoguchi et Yasujiro Ozu. Forte de plus de 80 films tournés de 1930 à 1969, sa dense filmographie est indissociable de sa fructueuse collaboration avec Hideko Takamine, l'actrice prodige aux 178 films qui l'accompagna sur une grande partie de ses films majeurs. "Quand une femme monte l'escalier" sorti en 1960, chronique du quotidien d'une hôtesse de bar dans le Tokyo des années 1950 met à nouveau en scène le couple déchirant que formaient cinq ans plus tôt Hideko Takamine et Masayuki Mori dans "Nuages flottants" le film phare de Naruse. Keiko (Hideko Takamine) monte avec une certaine langueur l'escalier qui la mène au bar où elle veille sur une poignée de geishas qui comme elle, s'évertuent à détendre chefs d'entreprise et cadres supérieurs après leur journée de travail avant que ceux-ci ne rejoignent épouse et foyer. C'est dans un univers très hiérarchisé, minutieusement décrit par Naruse qu'évoluent ces filles de joies avec une hôtesse phare comme tête de gondole, un manager pour veiller à l'équilibre des comptes, une grande prêtresse pour les inspections d'usage hebdomadaires et un ponte gérant plusieurs bars en relation directe avec les plus gros clients qui apportent les mises de fonds. La boucle étant bouclée, il ne reste plus trop d'échappatoires pour ces filles dont l'espoir secret et inatteignable reste de se faire épouser par un riche client mais plus raisonnablement pour les plus douées d'entre elles d'ouvrir leur propre bar. Keiko comme beaucoup de ses camarades d'infortune cumule les handicaps qui ne facilitent guère son extraction de la nasse. Dans son cas, une mère intéressée et un frère alcoolique. Mikio Naruse qui allie la force du documentaire au lyrisme du drame intime utilise à merveille le visage d'Hideko Takamine sur lequel transparaissent les sentiments divers qui altèrent le mental de Keiko derrière une assurance de façade qui lui permet malgré l'adversité de tenir son rang de geisha la plus convoitée de ce quartier des plaisirs. Ce statut envié ne lui évite toutefois pas de tomber dans le piège des faux espoirs et même de l'amour impossible qui un moment l'égare. Mikio Naruse en parfaite symbiose avec son actrice fétiche lève le voile sur la face sombre qui se cache derrière le fantasme, le plus souvent importé d'Occident, d'une prostitution aseptisée et dénuée de tout le glauque qu'elle charrie. A la manière d'un Julien Duvivier ou d'un Jean Grémillon, Mikio Naruse cherche à transcender la fiction en l'insérant sans artifice dans le réel pour s'approcher au plus près de la nature humaine qui constitue le ciment de son cinéma. Un savant mélange forcément associé à une rigueur qui malgré tout n'exclut pas quelques digressions drolatiques comme le portrait de ce client mythomane qui promet le mariage à toutes les geishas de sa préférence. Les cinéastes de cette école pas si fréquentée passent quelquefois à côté de leur sujet faute d'un dosage réussi mais jamais ne peuvent être suspectés d'un manque de sincérité. A la toute fin, Keiko dont le caractère résilient lui permet de toujours se tenir debout remonte l'escalier pour reprendre le cours de sa vie. Le sourire qu'elle lance à la caméra en ouvrant la porte du salon laisse songeur. On soulignera enfin la très belle photographie de Masao Tamai.
Keiko n'a guère plus de trente ans. Mais la mort de son mari cinq ans plus tôt et ses responsabilité à la tête d'un bar à hôtesses du centre de Tokyo l'obligent à revêtir un habit trop grand pour elle. Chaque soir, elle doit monter l'escalier étroit qui conduit à son établissement et y faire bonne figure pour attirer une clientèle qui se fait de plus en plus rare. Pour sortir de son état, elle pourrait épouser l'un de ses clients. Mais elle ne sait auquel faire confiance.
L’œuvre de Mikio Naruse, écrasée par celles de Kurosawa, Ozu et Mizoguchi, est à tort méconnue. Tourné en 1960, "Quand une femme monte l'escalier" n'était jamais sorti en France avant l'hiver 2016. Il repasse à l'Espace Saint Michel dans le cadre d'un festival consacré au cinéma japonais.
Le film est un bijou. Il suit pas à pas Keiko, lumineusement interprétée par Hideko Takamine. La tenancière de bar doit faire bonne figure à chacun de ses clients, se montrer suffisamment aimable pour les inciter à revenir mais ne pas trop s'engager au risque de se compromettre. Elle doit fidéliser une clientèle qui se lasse vite et qui l'abandonne pour des établissements plus modernes, quand ce ne sont pas ses propres filles qui font défection.
Ces clients s'avèrent humains trop humains. Un riche industriel se révèle d'une rare radinerie, qui refuse de mettre la main au pot lorsque Keiko lui demande un prêt. Un soupirant qui semblait sincère et qui demande Keiko en mariage est en fait marié et père de famille. Keiko aura bien une liaison avec Fusijaki, un banquier, mais il n'osera pas quitter sa femme pour elle. Reste Komatsu, moitié maquereau, moitié homme de main, qui admire Keiko pour son courage mais ne peut l'épouser sauf à compromettre le commerce dont il a la responsabilité.
"Quand une femme monte l'escalier" raconte le long chemin de croix d'une femme courageuse. Sa dernière scène est un déchirement.
Admirable mélodrame de Naruse dans lequel les personnages féminins essaient de survivre tant bien que mal dans un monde machiste, lâche et sans pitié. La mise en scène est de très grande qualité, l'utilisation des décors parfaite et l'on comprend pourquoi ce cinéaste est considéré dans son pays comme l'égal de Mizoguchi et de Kurosawa.
C'est un bon film sur une "histoire de geisha", mais il est tout de mème excessif de porter cela aux nues! Naruse est pour moi bien inférieur à Ozu et Mizogushi, en tout cas pour les films que j'ai vus. C'est du bon travail, pas très inspiré. L'actrice principale est très jolie et convaincante.
Mikio Naruse et son éternel sujet de prédilection à savoir la femme victime de la Société japonaise et des hommes, et Mikio Naruse avec son éternelle actrice fétiche la charismatique, talentueuse et très photogénique Hideko Takamine. On ne change pas un duo qui gagne avec un sujet ultra-pessimiste. Ça manque parfois d'allant dans la manière où le récit est conduit, mais pour ce qui est de filmer dans un superbe Cinémascope en noir et blanc le cinéaste est très loin d'être un manche, sa mise en scène est d'élégance remarquable. Au niveau de l'histoire, on reste toujours dans la justesse. Les hommes ne sont pas montrés sous leur plus beau jour, mais on ne charge pas pour autant le portrait. Ils sont sympathiques, compréhensifs mais en même temps veules et lâches, bref ce sont la plupart des hommes dans la vraie vie... Et puis, il y a Hideko Takamine qui a été pour Naruse ce que Setsuko Hara a été pour Ozu ou Marlène Dietrich pour von Sternberg, une véritable muse...
Rarement un cinéaste aura autant mérité le nom d’auteur que Mikio Naruse dont les films sont toujours des hymnes à la condition féminine, à ses rares joies et à ses multiples contraintes, le tout exposé avec pudeur et sans excès, avec une utilisation parfois excessive de la musique et une recherche obsessionnelle de la belle image. Le noir et blanc et la musique à connotation jazz (une première à ma connaissance chez Naruse) de Quand une femme monte l’escalier rendent compte des difficultés de « Maman », femme à la fois frêle et forte, gérante de bar de nuit, confrontée à la double difficulté de sa vie professionnelle et de sa vie de femme, contrainte finalement à un choix aussi forcé que douloureux. Dans le rôle titre, Hideko Takamine est bouleversante de justesse et de sensibilité et contribue sans aucun doute à apporter à ce film ce petit quelque chose en plus par rapport à tous les autres et à en faire l’un des sommets de l’œuvre de Naruse.