Pôvre Corse !
Rien – ou presque – ne marche dans la comédie signée par Karole Rocher et Barbara Biancardini. Ces 85 minutes relèvent du calvaire. Pas un rire, même pas un sourire devant les incessantes altercations familiales qui s’enchaînent à l’écran. À la suite de l'enterrement de son père, dans son village en plein milieu du maquis corse, Dumè découvre l'existence d'un frère, Lucien, avec qui il devra partager l'héritage laissé par le patriarche. À condition d'arriver à cohabiter un mois dans la maison familiale… Sous fond de légitimité culturelle et d'héritage immobilier un rapport de force va s'installer entre Lucien, le fils de sang, et Dumè, le fils adoptif… Quelle pitié !
Pourtant, on attendait tellement mieux de Karole Rocher, co-scénariste de Polisse avec Maïwenn, mais voilà, il semble que depuis une dizaine d’années, date depuis laquelle elle partage la vie de Thomas Ngijol, elle s’adonne à la culture du navet - Fastlife, Black Snake, la légende du serpent noir, Madame Claude en témoignent -. Celui-ci est un prototype de concours. Elle dit à qui veut l’entendre que Vezzani, le village de Haute-Corse où se situe l’action, est l’endroit qu’elle préfère au monde. Franchement, ce n’est pas une démonstration d’amour mais un coup de couteau dans le dos pour son village… c’est tellement mal filmé qu’on a du mal à y croire et comme, cette comédie (???) met en scène des personnages caricaturaux et des situations tellement improbables qu’on n’y croit pas un seul instant. Comme si ça ne suffisait pas, la caméra à l’épaule est épuisante, il n’y a quasiment jamais de lumière, le son est désastreux et le montage plus qu’hasardeux. Comment voulez-vous faire un bon film avec tout ça ?
En haut de l’affiche on retrouve évidemment Thomas Ngijol, - ce qui me reste d’indulgence m’empêche d’en dire plus – et l’excellent Samir Guesmi dont je me réjouissais qu’on lui donne enfin un tout 1er rôle… Hélas pour lui… Tout le reste du casting, Marie-Ange Geronimi, Jean-Pierre Lanfranchi, Aurélien Gabrielli… sont des comédiens et comédiennes corses. La légendaire fierté corse en prend un sacré coup. Cette comédie… tragique voudrait nous faire croire que sur l’Île de Beauté tout finit par des chansons et un coup à boire, mais en vérité on touche le fond. Encore un film qui ne passera pas l’été. Heureusement dans deux jours arrivent sur nos écrans l’irrésistible Irréductible de Jérôme Commandeur qui remontera le niveau calamiteux des comédies à la française actuelles. Vous me direz, il n’aura pas de mal.