9 semaines et demi est un film dont je n’attendais pas grand-chose, et j’avoue que mon avis est partagé à son sujet.
Coté casting, c’est vrai qu’il s’appuie sur deux acteurs très convaincants. Ils collent parfaitement à leur rôle respectif, et ils jouent avec une belle finesse et une belle crédibilité, des personnages malheureusement au fond assez fade. Le souci c’est que l’on a là des enveloppes dénuées de réelles profondeurs, de réelles sentiments, et ils donnent une image au bout du compte beaucoup trop creuse et glacée pour véritablement pouvoir transcender le film. En fait les personnages ne sont pas à la hauteur du potentiel des acteurs, cela se ressent, et cela démultiplie malheureusement le sentiment d’une absence de profondeur et de relief des protagonistes.
Le scénario peine à avancer. En fait 9 semaines et demi est avant tout un film d’ambiance, d’atmosphère. Il distille une mélancolie constante, qui s’avère le gros point fort du métrage, et qu’accentue d’autant plus l’ambiance très eighties de l’ensemble. Le film vieilli en effet très bien, et il repose vraiment sur cette poésie triste et chagrine, pour maintenir l’attention et l’intérêt. Néanmoins les meilleurs poèmes sont les plus courts, et 2 heures c’est quand même très long. Le film est lent, les rebondissements se comptent sur les doigts de la main, et ce ne serait quelques scènes érotiques de ci de là, il serait d’un ennui mortel passait 20 minutes. En tout cas il faut vraiment s’attendre à des longueurs, et ceux qui n’aime pas l’inaction pourront passer leur chemin, d’autant que d’érotisme, on ne peut pas dire non plus qu’il en soit très pourvu.
Visuellement Lyne offre une mise en scène d’assez bonne qualité. J’avoue avoir été un peu déçu, en particulier par les scènes érotiques justement, pas très bien réalisées. Certaines ne sont pas mauvaises, mais d’autres manquent de soin et de maitrise (celle sur la table par exemple). La photographie et les décors pourront déconcerter, car ils sont franchement minimalistes. Les couleurs sont froides et se limitent essentiellement à des bleus et à des gris, et il y a vraiment très peu de mobilier dans ce film, avec de grands appartements froids et aux murs gris. Bien sur cela renchérit l’atmosphère triste et mélancolique du film, et c’est un choix qui s’avère payant, même si ca donne à 9 semaines et demi une sorte d’esthétique papier glacé qui pourra déplaire. Coté érotisme, en fait le film est très soft. Une poitrine vaguement dénudée par ci, une paire de fesses par là, mais au bout du compte il ne faut franchement pas vouloir regarder le film pour cela, ce serait une perte de temps et une sérieuse déception. Enfin la bande son est très raffinée. C’est le gros atout du film, avec beaucoup de musiques différentes, des genres variés, et une belle adéquation avec les images. Quelques thèmes sont particulièrement célèbres, mais il y a dans l’ensemble un très solide niveau.
En clair, 9 semaines et demi est un film célèbre, souvent parodié d’ailleurs, mais qui n’est pas une si grande réussite que cela. En fait il est soignée, certes, bien que la mise en scène ne soit pas pleinement convaincante, mais il est fade. Scénario mou, personnage creux, histoire qui peine à rebondir, au final, et malgré une belle ambiance, le film est long et peu digeste. Je lui accorde 3.5 quand même, pour ses acteurs, la mélancolie qu’il dégage, sa photographie et ses décors pensés dans un but esthétique, et pour sa superbe bande son, mais ses défauts pourront surement exaspérer pas mal de spectateurs.