Jean de Florette est l'adaptation cinématographique éponyme du roman de Pagnol par Claude Berri. Il s'agit de la première partie, la seconde étant Manon des Sources qui se situe plus tard dans le temps.
L'histoire est très simple, Monsieur Jean, le fils de Florette, hérite de sa mère d'un petit mas situé dans les collines provençales, le lieu pourrait être enchanteur s'il ne comportait un défaut majeur, l'absence d'eau. Gérard Depardieu, qui campe un Monsieur Jean à la fois candide et idéaliste, mais aussi bossu, décide de s'installer dans la maison familiale pour y élever des lapins et se lancer dans une petite exploitation agricole. Totalement inexpérimenté, il prépare son affaire avec grand soin et beaucoup d'ingéniosité, tant et si bien que son entreprise débute sous les meilleurs auspices. Pourtant, le manque d'eau va vite se faire sentir et lui rappeler que la réussite de son projet en dépendra.
Ses plus proches voisins, Ugolin, joué par Daniel Auteuil, un peu simple d'esprit, aussi laid que Monsieur Jean est bossu, quant à lui, nourrit d'autres projets pour la terre de son voisin qu'il convoite secrètement. Pour arriver à ses fins il demande conseil et aide au Papet, son dernier parent, incarné par Yves Montand, absolument époustouflant dans ce rôle de vieux paysan matois et sans scrupules.
Le Papet connait l'existence d'une source sur le terrain du voisin, il décide, avec la complicité d'Ugolin, d'aller la boucher, persuadé que privé d'eau, leur voisin renoncera à ses projets et leur revendra son bien à vil prix. Pourtant, ce dernier ignorant tout de leurs intrigues, s'entêtera jusqu'au bout sur la terre familiale, sacrifiant tout ce qu'il possède, jusqu'au drame final.
La réussite de Jean de Florette repose à la fois sur une histoire simple imaginée par Pagnol, une image splendide et magnifiée de la Provence, mais aussi et surtout sur le trio d'acteurs, véritables monstres sacrés qui ne ménagent pas leur peine. Depardieu est magnifique en bossu naïf honteusement berné par ses voisins dont l'apparente civilité cache des esprits retors et dénués de toute moralité.
Daniel Auteuil nous livre un Ugolin plus vrai que nature, habilement maquillé et déguisé, il incarne un paysan un peu simplet et sournois, qui finit par se prendre d'amitié pour ses voisins, mais que l'appétit du gain finira par dévorer.
Yves Montand, enfin, est grandiose, en patriarche rusé et calculateur, attaché à la terre plus qu'à la vie et dont l'ambition est de restaurer la splendeur passée des Soubeyran en manipulant Ugolin.
Jean de Florette est un film magnifique, une œuvre simple magistralement interprétée par des acteurs d'exception et servie par une image d'une grande beauté. Du cinéma français comme je l'aime, aussi désaltérant qu'une source dans les collines de Marcel Pagnol.