On est certainement face ici au film le plus faible du célèbre tandem tricolore composé d’Éric Toledano et d’Olivier Nakache qui s’est spécialisé dans les comédies dramatiques et sociales populaires avec d’énormes succès au box-office à la clé à chaque fois. Ils ont traité, entre autres, la question du handicap avec « Intouchables » leur plus gros succès, celle des sans-papiers avec « Samba », celle de l’autisme avec « Hors normes » ou encore la famille avec « Tellement proches! ». Toujours sympathiques mais parfois surestimés leurs œuvres suivent une ligne claire et font en général passer un bon moment de détente et de cinéma. Ils nous offrent le genre de film où on ne se pose pas de question, qui émeuvent autant qu’ils font rire, se parent d’un contexte social fort et réunissent souvent de très beaux castings. On l’avait déjà remarqué (un peu) avec leur précédent mais ici on en a la certitude : le duo applique toujours la même recette et cela finit par lasser. Surtout qu’avec « Une année difficile », la mayonnaise ne prend pas et que les ficelles sont bien trop grosses, comme si le duo était trop sûr de lui et n’avait pas fignolé comme il faut son script.
Dans ce nouvel opus, deux sujets très à la mode et contemporains sont traités : celui de la crise climatique et de l’écologie marié à celui des surendettés. Déjà, à ce niveau, ça coince tant ces deux thèmes ne se marient pas bien du tout dans le film, ou alors au forceps, au gré d’un scénario qui tire à la ligne. On pense par exemple à la séquence devant la Banque de France qui marie une action coup de poing des militants écolos avec une entrée tirée par les cheveux des deux personnages principaux dans l’institution bancaire pour effacer leurs dettes : ridicule! En plus de n’être pas soluble l’un dans l’autre, on ne peut pas dire que ces deux thèmes soient appréhendés de la meilleure des façons. On se contente du minimum syndical pour dire d’inscrire les personnages dans la narration mais tout cela sent le rafistolage grossier à plein nez. Et on nous gratifie d’une morale niaise et de lieux communs sur les deux sujets à tel point que tout cela en devient fortement facile et démagogique sans compter les clichés qui s’enfilent comme des perles. On a par exemple, l’écologiste aguerrie qui vit dans un appartement bourgeois totalement vide ou un surendetté addict au casino qui se déguise pour tenter d’y entrer. Dans ce rôle-là justement, Mathieu Amalric fait bien triste figure, surtout que son personnage est de trop et s’avère déconnecté du reste dans une sous-intrigue mal greffée. Quant au fait que le duo principal, plutôt imbuvable, s’investisse aussi vite dans la cause ou que les deux vont vivre des histoires d’amour complètement improbables et inutiles à l’histoire, mis bout à bout cela fait beaucoup. « Une année difficile » est clairement écrit à la truelle, parfois grossier et presque risible, et cela permet d’affirmer qu’on voit un peu trop les rouages et la pseudo bien-pensance arriviste des deux comparses derrière la caméra.
Ici on a pourtant réuni un beau quatuor d’acteurs mais ils n’ont pas des rôles à leurs mesure. Noémie Merlant joue un personnage sans profondeur et caricatural, Pio Marmaï est dans la redite et son personnage est déplaisant, Mathieu Amalric ne sert donc à rien et Jonathan Cohen fait ce qu’il peut pour faire (un peu) rire. D’ailleurs, on rit peu dans « Une année difficile » ou alors le rire est triste. Et on est encore moins ému. Quant à la représentation des militants écolos, mieux vaut revoir l’excellent « Une zone à défendre ». On ne peut pas dire non plus que le film est totalement raté ou ennuyant, les réalisateurs ayant le sens du rythme et nous offrent tout de même quelques séquences sympathiques ajoutées à la gouaille des acteurs contents d’être là. On pense à la séquence inaugurale du Black Friday, plutôt intense et réaliste, ou encore à celle de l’enlèvement des meubles. Mais ce ne sont que quelques embellies dans une œuvre maladroite, trop sûre d’elle et de son impact dont il manque la finesse d’écriture de la plupart de leurs films précédents. Quant au final en forme de comédie romantique et musicale fleur bleue, il est totalement raté. Et si, avec le recul, le meilleur film du duo était celui qui ne cherchait pas un sujet tendance et humaniste mais diagnostiquait les rapports humains? On pense bien sûr à l’excellent « Le Sens de la fête » avec feu Jean-Pierre Bacri. Une déception...
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