Franchement, Johnny Belle Gueule est, encore une fois, un Walter Hill de belle facture. J’avais assez peur de me lancer dans le visionnage, car je trouvais le sujet hautement casse figure ! Je suis satisfait de m’être trompé, car le résultat, sans être très convaincant, est loin d’être mauvais.
Le souci c’est que le scénario, même s’il est mieux que ce que je craignais, a des lacunes. Elles ne sont pas super sérieuses, mais enfin, pourquoi d’un coup on veut changer le visage d’un taulard condamné à cinq ans, sans compensation financière, et surtout comment se fait-il que la justice accepte sans aucune réaction ? C’est un des points sur lesquels j’ai buté dans ce film, et globalement je crois que Walter Hill ne dégrossi pas toujours assez son intrigue, ses personnages, pour hisser ce film vers les hauteurs qu’il aurait pu atteindre, car on tenait sans doute le plus dramatique des films de Hill, et l’un des rôles les plus dramatiques de Mickey Rourke, ce qui pouvait offrir autre chose qu’une série B d’action efficace mais basique. Après on ne s’ennuie pas, ça va vite et la fin est la meilleure qu’on pouvait espérer. Il y a de bonnes choses, mais finalement ça reste quand même une petite série B de luxe.
Le casting est excellent. Rourke impressionne dans ce rôle où son jeu d’acteur est réellement sollicité. Il nous propose un personnage touchant et original dans le registre, et c’est clairement, des films avec l’acteur que j’ai vu jusqu’à aujourd’hui, la meilleure prestation de ce dernier. Il est solidement épaulé par un Lance Henriksen toujours aussi bon en méchant de service, tandis qu’Ellen Barkin et Elizabeth McGovern forme un duo contrasté féminin bien sympathique. On notera aussi la présence de Morgan Freeman et de Forest Whitaker, les deux personnages qui posent quelques problèmes. Whitaker car on ne comprend pas sa motivation (autre que charitable, mais enfin, c’est peu crédible vu les moyens déployés), et Freeman car il se contente de traverser le film à distance, en costume, sans qu’on sache grand-chose sur lui et sa relation au héros. Les acteurs sont bons, presque comme de coutume, mais leurs rôles…
Sur la forme, Johnny Belle Gueule bénéficie du savoir-faire de Hill, et c’est un métrage élégant, à la tonalité eighties marquée, mais avec de vraies qualités. Mise en scène nerveuse et qui fonctionne toujours spécialement bien dans l’action, décors soignés, photographie élégante, Johnny Belle Gueule est emmené par une bande son honorable. On se retrouve donc face à un métrage de luxe, comme souvent avec Hill, lequel sait créer des ambiances et utiliser judicieusement ses décors.
En clair, voilà un film tout à fait recommandable, si l’on passe sur les lacunes de fonds. Des seconds rôles très mal dégrossis, et des lacunes scénaristiques dont la principale, et pas des moindres, est de savoir pourquoi Johnny reçoit une nouvelle tête, gratuitement, et sans être témoin en plus ! 3