Je dois dire que j’ai eu un peu peur de regarder ce film vu la critique en général, mais finalement j’ai osé me lancer, et s’il n’est pas parfait, il est plutôt très regardable. Pour moi il y a surtout deux soucis qui sont particulièrement sensibles dans la première partie du métrage. Le premier c’est l’aspect didactique. Ouch, commencer sur un quasi documentaire, ce n’était pas terrible comme idée. De même, la voix off très explicative au début n’est pas des plus heureuses. Paradoxalement, alors que le film dit plus qu’il ne montre dans un premier temps, on ne comprend pas forcément pour autant les enjeux, notamment car le métrage passe vite sur les évènements. Il avance à marche forcée, et cela se retrouve également dans des scènes de combat baclées. Est-ce le manque de moyens ? Peut-être, mais il aurait au moins fallu une scène d’action digne de ce nom, car là, la seule grande bataille est assez médiocre, faut bien l’avouer. C’est dommage, car le film est plutôt sanglant, les costumes sont beaux, la reconstitution a une certaine allure et il y a un souffle épique qui passe notamment à travers une bande son soignée, mais il y avait pas de budget pyrotechnie pour quelques coups de canons, ou un manque de figuration, je ne sais. La réalisation parvient à peu près à compenser ce souci, notamment avec des plans très rapprochés, mais bon, on perd de fait en ampleur. Il n’en reste pas moins que le métrage a les qualités mentionnées ci-dessus, et que la réalisation est loin d’être déplorable dans ses choix. Le film se veut réaliste, violent, à hauteur d’hommes et la réalisation, dynamique parvient par un certain souffle épique et romantique à faire oublier le côté docu-fiction du début. On notera aussi que le métrage peut s’appuyer sur un solide casting, notamment Hugo Becker, parfaitement à son aise, Constance Gay, mais aussi, de manière générale, tous les seconds rôles. Le casting est juste et ne surjoue pas, s’emparant de dialogues bien écrits. On notera que le scénario respecte plutôt bien les faits historiques mais ajoute vraiment du souffle et de l’émotion, ce qui élève le film au rang d’œuvre de cinéma, là où on aurait pu craindre un vulgaire documentaire, ce que j’ai clairement craint pendant quinze minutes. C’est un peu notre Braveheart à nous, toute proportion gardée, mais il y a un peu de cet esprit héroïque qui manque trop souvent aux productions actuelles. La différence d’état d’esprit par exemple avec le Napoléon de Scott est frappante. On a ici un film épique et héroïque malgré son manque de moyens, là où le Scott a des moyens mais au service d’un résultat fade, triste, déprimé.
En conclusion, une bonne surprise. Certes le côté batard du métrage, qui lorgne vers le docu-fiction, et le manque de budget à la hauteur des ambitions du projet plombent un peu le film, mais il serait ridicule, sur ces seuls défauts, de juger le métrage qui a, par ailleurs, de vraies qualités qui manquent souvent aux films historiques actuels où la tendance est plutôt de démythifier l’histoire. 3.5