Une bonne introduction à la matière historique toujours vive et douloureuse des "Guerres de l'Ouest"
(sur la rive droite de la Loire, ce fut la Chouannerie, sur la rive gauche, la " Vendée militaire", qui comprenait le sud de la Loire-Inférieure, l'Anjou, le Poitou et le nord de la Vendée-même), entre 1793 et 1796 (plus quelques "répliques" en 1799, et même beaucoup plus tard, en 1815 et 1832 !). La guerre est une horreur, mais que dire quand elle est civile... et qu'elle évolue en atrocités systématiques sur des innocents... La Convention a bien diligenté les "Colonnes infernales", aux fins d'éradiquer les "brigands" vendéens, et toute leur "race" maudite - bien au-delà des héroïques combattants de l'improbable "Armée catholique et royale" dont on nous narre ici une (toute petite) partie des heurs et malheurs. Il s'agissait de massacrer une population entière, enfants, vieillards et femmes compris, non pour ce qu'elle faisait, mais pour ce qu'elle était : c'est la définition-même de ce que l'on appelle aujourd'hui un génocide (un "populicide", pour reprendre la dénomination babouviste - si l'on récuse le terme précédent, comme anachronique). La République est née et a prospéré en France sur le sang français : voilà qui est factuel. Les concepteurs du Puy du Fou entendent rendre hommage aux "Vendéens", avec ce premier film consacré à Charette (avec un seul "r") de la Contrie, l'une des plus remarquables figures de ces temps héroïques. Espérons qu'ils continueront leur oeuvre salutaire (palliant ainsi les "lacunes" de la non-Éduc' nat') de vulgarisation documentaire sur la Vendée militaire - avec, par exemple, un deuxième film sur "Monsieur Henri", le glorieux généralissime, comte du Vergier de la Rochejaquelein, mort au combat à 21 ans à peine, en janvier 1794 ("l'Archange de la Vendée" - celui du célèbre : "Si j'avance, suivez-moi, si je recule, tuez-moi, si je meurs, vengez-moi")... La critique pro, quasi unanime (comme c'est étonnant...), a descendu ce "Vaincre ou mourir" en flèche. Au-delà de son a priori idéologique, elle dénonce le quasi-navet, sur le simple plan cinématographique : avec une mauvaise foi majuscule ! La ligne scénaristique est certes simple, presque didactique - mais il s'agit d'éclairer le spectateur qui aborde ce pan de notre Histoire en total novice, le plus clair du temps (voir le rappel supra du peu d'empressement de l'école républicaine à enseigner honnêtement et complètement le sujet...) ! Le film n'est pas une fiction, mais une leçon d'Histoire, brossée avec réalisme, mais sans surcharge, et même avec un souci d'épargner les sensibilités (pas de "scène à faire" - qui aurait été insoutenable - du massacre des Lucs-sur-Boulogne, par exemple). Son architecture s'ordonne autour du personnage de Charette, dont on sait d'emblée (la courte introduction par historiens, dont l'incontournable Secher, passée) qu'il va mourir. Il repense, la veille de son exécution à Nantes, au déroulé des trois dernières années de sa (courte) vie. La voix "off", c'est donc la sienne, épisode après épisode : quoi de plus justifié (quand, souvent lu sous la plume "alerte" des détracteurs du film non-pros, "gênant", et autres fadaises). Hugo Becker fait, déjà au physique, un Charette convaincant (voir les portraits de ce dernier). Il sait aussi lui donner du souffle. Romanesque. L'ensemble de la distribution mérite l'approbation, d'ailleurs. Quant à la reconstitution des "scènes d'action", dont les batailles comme les embuscades (terreur des Bleus), elle mérite tous les éloges - suite logique de bons faiseurs en scénographie, celle du Puy du Fou.
Au bilan, si les débutants Paul Mignot et Vincent Mottez (ce dernier étant un habitué des "Secrets d'Histoire" du petit écran) n'ont pas (co)réalisé pour le grand écran une sorte de "Guerre et Paix" vendéen, ils n'ont pas démérité - à voir ! Quatre étoiles, d'encouragement.