Un film un peu étrange que ce Bounty, une version à la fois attirante par certains côtés, et décevante par d’autres, ce qui me fait lui accorder une note un peu moyenne au final.
En effet il y a de bons points. Il est difficile de nier par exemple une belle efficacité du casting, et tout spécialement ici d’un mémorable Anthony Hopkins, qui campe en plus un personnage intéressant, pleins de contrastes, et psychologiquement très travaillé. Sa prestation reste la meilleure du lot, mais il est bien épaulé par des interprètes solides qui pour certains ont mené de brillantes carrières. Mel Gibson bien sûr, mais encore Day-Lewis, Liam Neeson, Bernard Hill, et le vétéran Laurence Olivier dans un petit rôle. Pour ma part j’ai été séduit par les interprètes, charismatiques et parfois étonnamment utilisés.
De même les décors sont beaux, la reconstitution soignée, la photographie agréable, Roger Donaldson offre une mise en scène un peu terne certes mais pas non plus totalement critiquable, et la musique de Vangelis baigne le film d’une tonalité onirique plaisante. Oui, mais tout cela apparait en contraste avec un scénario à mon sens très mal conduit. Le film est en effet très lent, avec fort peu d’action, une première partie interminable, une seconde partie qui s’avère très elliptique, notamment au sujet de la chaloupe, et dans son final, pour le moins expédié, et finalement j’ai eu le sentiment d’assister à un film doté d’un sujet intéressant mais très mal raconté. C’est réellement dommageable au Bounty, qui reste quand même un film d’aventure quoiqu’on en dise, qui doit donc être alerte, qui doit délivrer de l’action, même si cela ne signifie pas de négliger l’aspect psychologique ou mélodramatique, mais là c’est juste longuet, et les scènes fortes manquent. La rencontre avec les indigènes cannibales n’est pas bien mise en valeur, la mutinerie non plus, la fin est loupée, on s’attarde beaucoup à Tahiti mais finalement pour pas grand-chose. En somme j’ai eu le sentiment d’assister à un beau catalogue d’images, avec des acteurs talentueux se démenant, mais mit au service d’un scénario pas assez structuré. A mon sens un vrai souci par rapport à la version avec Laughton.
Forcément étant donné que c’est là un aspect majeur dans un film de ce genre, cela m’amène à baisser ma note de façon assez significative en dépit des qualités précédemment soulignées. Je lui accorde 3, et c’est dommage car il y a vraiment des points qui m’ont hautement séduit, mais objectivement, on sent quand même trop passer les 2 heures.