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Vince
42 abonnés
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4,5
Publiée le 17 avril 2022
Carlos Saura, à la hauteur de ses 90 ans, a réalisé deux courts-métrages en 2021 : le très beau « 3 de mayo » sur une reconstitution en prise de vue réelle du célèbre tableau de Francisco de Goya, et l’excellent « Rosa Rosae. La guerra civil », court-métrage d’animation d’une durée de six minutes.
Pour réaliser ce dernier, Carlos Saura a crée et récupéré plus d’une trentaine d’images, de dessins et de photographies dans ses archives personnelles, dont ils les a imprimé, manipulé et assemblé afin de créer une histoire sur la guerre civile espagnole, ainsi que les horreurs d’une guerre universelle, depuis le point de vue et le regard d’un enfant et de son entourage.
Carlos Saura est l’un des cinéastes espagnols le plus renommé de son histoire. Il apparaît au début des années 1960 avec « Les voyous », et son prestige international commence avec son troisième film « La chasse » (1966), qui obtient l’Ours d’Or au Festival de Berlin la même année. Ce film à l’engagement implicite, teinté d’une touche métaphorique entre des chasseurs (franquistes) de lapins (républicains) lance considérablement la carrière et le style cinématographique de Saura à base de symboles, métaphores, paraboles et analogies afin d’endiguer la censure du régime franquiste avec des films tels que « Peppermint frappé » (1967), « Le jardin des délices » (1970), « Ana et les loups » (1972), « La cousine Angélique » (1973) » ou encore « Cría Cuervos » (1975), l’un des plus célèbres films de son auteur. Il réalise par la suite d’autres films importants après le franquisme, mais paradoxalement, une fois la dictature finie, il s’éloigne des thèmes historiques et s’oriente vers la société espagnole des années 1980 ou encore vers des films à thèmes musicaux tels le flamenco.
Le documentaire d’animation est produit par sa fille, Anna Saura, et accompagné par la musique magnifique et mélancolique de José Antonio Labordeta. Carlos Saura, à mi-chemin entre dessin en noir et blanc et chant, par un montage de photographies et de dessins issus de ses archives personnelles et de ses souvenirs d’enfance – Saura naît en 1932 soit 4 ans avant le début de la guerre civile, et il a vécu son enfance durant le conflit civil – illustre parfaitement l’horreur passée lors de son enfance et présente le violent contraste entre l’enfance et la guerre, à travers le regard d’un enfant sur le conflit, entre les bancs de l’école et les multiples fusillades ; tout cela à travers la musique sublime de José Antonio Labordeta, dont les paroles lyriques et la composition musicale renforcent le caractère excellent de ce court-métrage où l’émotion est à son paroxysme. Carlos Saura a souvent reconnu qu’il ne peut oublier les souvenirs de la guerre qu’il a vécu directement, et qui a influencé sa vie ainsi que sa carrière cinématographique, et par conséquent, il éprouve le besoin de la raconter et de la remémorer pour que les nouvelles générations aient conscience de celle-ci et surtout qu’elles aient une connaissance de cette guerre civile, afin de ne pas reproduire les mêmes erreurs ; et Saura prouve une nouvelle fois, qu’il est le maître pour aborder ce sujet en partant du prisme du court-métrage d’animation, en renouvelant le thème et en exprimant de nouveau ses intentions artistiques et cinématographiques. 4,5/5