AVANT TOTUE CHOSE : 𝑗'𝑎𝑣𝑎𝑖𝑠 𝑎𝑡𝑡𝑟𝑖𝑏𝑢𝑒́ 𝑎̀ 𝑢𝑛 𝑝𝑟𝑜𝑏𝑙𝑒̀𝑚𝑒 𝑑𝑒 𝑝𝑟𝑜𝑗𝑒𝑐𝑡𝑖𝑜𝑛 𝑑𝑒𝑠 𝑑𝑒́𝑓𝑎𝑢𝑡𝑠 𝑑'𝑎𝑛𝑖𝑚𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛, 𝑢𝑛𝑒 𝑐𝑜𝑙𝑜𝑟𝑖𝑚𝑒́𝑡𝑟𝑖𝑒 𝑖𝑛𝑠𝑡𝑎𝑏𝑙𝑒, 𝑐𝑜𝑚𝑚𝑒 𝑑𝑒𝑠 « 𝑡𝑎𝑐ℎ𝑒𝑠 » 𝑚𝑜𝑢𝑣𝑎𝑛𝑡𝑒𝑠 𝑠𝑢𝑟 𝑙𝑒 𝑐𝑜𝑟𝑝𝑠 𝑒𝑡 𝑙𝑒 𝑐𝑜𝑛𝑡𝑜𝑢𝑟𝑠 𝑑𝑒𝑠 𝑎𝑛𝑖𝑚𝑎𝑢𝑥.
𝑂𝑟 𝑐𝑒𝑙𝑎 𝑣𝑖𝑒𝑛𝑡 𝑑𝑢 𝑓𝑖𝑙𝑚 𝑙𝑢𝑖-𝑚𝑒̂𝑚𝑒, 𝑝𝑢𝑖𝑠𝑞𝑢𝑒 𝑗𝑒 𝑟𝑒𝑡𝑟𝑜𝑢𝑣𝑒 𝑙𝑒𝑠 𝑚𝑒̂𝑚𝑒 𝑑𝑒́𝑓𝑎𝑢𝑡𝑠 𝑠𝑢𝑟 𝐼𝑛𝑡𝑒𝑟𝑛𝑒𝑡 (𝑙𝑎 𝑏𝑎𝑛𝑑𝑒 𝑎𝑛𝑛𝑜𝑛𝑐𝑒) 𝐸𝑡𝑟𝑎𝑛𝑔𝑒 𝑝𝑎𝑟𝑎𝑑𝑜𝑥𝑒 𝑒𝑛𝑡𝑟𝑒 𝑢𝑛𝑒 𝑎𝑛𝑖𝑚𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛 𝑠𝑢𝑏𝑙𝑖𝑚𝑒 𝑑𝑒𝑠 𝑑𝑒́𝑐𝑜𝑟𝑠, 𝑑𝑒𝑠 𝑚𝑜𝑢𝑣𝑒𝑚𝑒𝑛𝑡𝑠, 𝑒𝑡 𝑑'𝑒́𝑣𝑖𝑑𝑒𝑛𝑡𝑒𝑠 𝑖𝑛𝑠𝑢𝑓𝑓𝑖𝑠𝑎𝑛𝑐𝑒𝑠 𝑔𝑟𝑎𝑝ℎ𝑖𝑞𝑢𝑒𝑠 𝑠𝑢𝑟 𝑙𝑒𝑠 𝑝𝑟𝑜𝑡𝑎𝑔𝑜𝑛𝑖𝑠𝑡𝑒𝑠 𝑒𝑛 𝑔𝑟𝑜𝑠 𝑝𝑙𝑎𝑛 (𝑙𝑒𝑠 𝑎𝑛𝑖𝑚𝑎𝑢𝑥, 𝑑𝑜𝑛𝑐).
𝑈𝑛 𝑝𝑒𝑢 𝑐𝑜𝑚𝑚𝑒 𝑑𝑎𝑛𝑠 𝑐𝑒𝑟𝑡𝑎𝑖𝑛𝑠 𝑗𝑒𝑢𝑥 𝑣𝑖𝑑𝑒́𝑜. 𝐷𝑒𝑠 𝑎𝑚𝑖𝑠 𝑠𝑝𝑒́𝑐𝑖𝑎𝑙𝑖𝑠𝑡𝑒𝑠 𝑡𝑒𝑛𝑡𝑒𝑛𝑡 𝑑𝑒 𝑚'𝑒𝑥𝑝𝑙𝑖𝑞𝑢𝑒𝑟, une histoire de cell shading.
𝑀𝑎𝑖𝑠 𝑐𝑒𝑙𝑎 𝑛'𝑒𝑛𝑙𝑒̀𝑣𝑒 (𝑝𝑟𝑒𝑠𝑞𝑢𝑒) 𝑟𝑖𝑒𝑛 𝑎̀ 𝑙𝑎 𝑟𝑒́𝑢𝑠𝑠𝑖𝑡𝑒 𝑑𝑒 𝑙'𝑒𝑛𝑠𝑒𝑚𝑏𝑙𝑒, 𝑞𝑢𝑖 𝑛'𝑎 𝑝𝑎𝑠 𝑙𝑒𝑠 𝑚𝑜𝑦𝑒𝑛𝑠 𝑑𝑒 𝑃𝑖𝑥𝑎𝑟 𝑜𝑢 𝐷𝑟𝑒𝑎𝑚𝑤𝑜𝑟𝑘𝑠 𝑛𝑜𝑛 𝑝𝑙𝑢𝑠 !
Venu de Lettonie, avec une co-production franco-belge, un merveilleux film d'animation en 3D (l'animation, en 3D, pas la projection).
Une œuvre virtuose audacieuse, sans parole.
Un chat par nature individualiste et divers animaux résistent, dans un paysage tropical, à une brutale et colossale montée des eaux, sur une planète dont l'humanité semble avoir disparu, n'ayant laissé que ruines derrière elle. « Semble », car on ne sait pas vraiment.
C'est là précisément toute la puissance narrative du film : nous laisser baigner (pardon...) dans cette incertitude fictive et temporelle, en injectant de l'humanité par « projection » de nos regards, sans facilité... ou presque.
Nos héros animaux doivent surmonter leurs défiances, puis leur méfiances, pour embarquer et survivre ensemble à bord d'un bateau à voile de fortune. Hors ce bateau, une végétation luxuriante mais ballotée, des troupeaux divers, et une baleine «embarquée» elle aussi malgré elle par les flots débordants.
Pour ne pas spolier je n'en dirai pas plus mais le film à ce sujet n'est pas dans un manichéisme mort / vie, pas moralisateur. Il admet la complexité de la nature, y compris dans ses "catastrophes" et leurs conséquences. La nature n'a pas d'"intention", l'eau, entre autres, y est danger et ressource.
L'étrange miracle du film est qu'il se maintient constamment entre deux eaux (pardon encore, mais j'assume...) : celles de anthropomorphisme et du réalisme, se refusant à plonger (pardon toujours...) ce Selon certaines critiques, ceci est source d'incohérencej'. J'y vois plutôtt une ambiguïté volontairement entretenu
Si les animaux ne parlent pas, leur conscience néanmoins s'éveille et s'élargit, peu à peu. Maîtrise (un peu rapide dans le récit de la barre du bateau)
Citons aussi ce petit miroir adopté par un lémurien qui «
se » regarde dedans, grimace... sans que l'on puisse trancher sur une réelle prise de conscience de lui-même.
Ce motif se répétera d'une façon différente et collective sur le splendide plan final dans l'eau-miroir (cette info ne dévoile rien rassurez-vous).
Conscience également en éveil «existentiel», par le regard de l'autre, le besoin de l'autre, l'entraide, la compréhension de l'intérêt d'une collaboration.
Balbutiement de conscience(s) et invention d'un nouveau collectif, et par là-même d'une proto-politique.
Par son naturalisme orné de moments fantasmatogoriques (sublime et triste séquence céleste), sans une once de mièvrie, Flow transporte et interroge.
Une bande son parfaite, des images somptueuses (en dépit de défaut cités d'abord en conclusion mais déplacés en intro après mise à jour), des scènes virevoltantes...
Une Arche de Noé sans Dieu, sans homme et sans Noé, un jardin d'Eden sans Eve ni Adam... mais tout en puissance symbolique, avec d'évidents accents «myazakiens».
Lors de ma séance, les plus petits furent autant happés que les grands, par cette proposition aussi limpide que complexe, aux multiples niveaux de lecture.
Du divertissement, de la beauté, un poil d'humour, de l'émotion, de l'intelligence... emballé c'est pesé.
Merci pour ce surprenant bijou, auquel le titre d'oeuvre d'art peut être attribué sans peine, et qui reste bien ancré (pardon c'était la dernière) en nous après sa découverte !