Comme pour son diptyque Pagnolesque, Claude Berri avec « Germinal » n’a pas lésiné sur les moyens (160 millions de francs en 1993, le film le plus couteux du cinéma français jusque là). Dès le début, la musique, la qualité photographique (césarisée) d’Yves Angelo et le soin apporté aux décors de Christian Marti et Hoang Thanh At, à commencer par la mine, annoncent un grand moment. Ces trois points, associés à une mise en scène rigoureuse, permettent une approche physique du travail au fond, fait de mouvements pénibles dans une topographie exiguë, avec un rendu claustrophobe et réaliste. Au crédit du film également quelques jolies scènes de la vie quotidienne (même si elles ne sont pas au niveau de « Qu’elle était verte ma vallée » de John Ford), également avec des décors très soignés et une reconstitution réaliste de la misère des corons en opposition avec la richesse de la demeure des propriétaires. Originellement d’une durée de 3h36 le film, ramené à 2h40 nécessita donc des coupes importantes, du moins dans le minutage. Ainsi par rapport au roman de Zola, comme le rôle du grand-père tellement réduit qu’il en devient symbolique (et de se priver en partie du génie de Jean Carmet qui l’interprète), alors que la trahison conjugale de la châtelaine (Anny Duperey) et son neveu ingénieur n’offre aucun intérêt dans le déroulé de l’histoire. Dans le temps imparti, il était possible de garder davantage du roman de Zola dont le souffle déserte ici le débat. Peu soutenu, il est vrai, par un casting approximatif, où aux côtés d’un grand Depardieu et d’une touchante Judith Henry, Renaud est transparent, malgré ou à cause du marquage à la culotte (comme on dit au foot) de Claude Berri, alors que Miou-Miou et Jean-Roger Milo surjouent et Laurent Terzieff se mure dans une rigidité de bar à mine (je sais, elle est facile). Heureusement, les seconds rôles sont souvent épatants, à l’égal du cinéma américain, très précis dans ce domaine. Mais une fois de plus, le réalisateur reste le pied sur le frein, bâclant du coup partiellement la fin : l’accident minier, la déclaration d’amour, la reprise du travail et le départ méritait une autre envolée que cette besogneuse mise en image. Du Zola light quoi !