"Alien: Romulus" est probablement le projet que j'attendais le plus de toute l'année 2024, rien que ça ! Après les deux derniers volets de Ridley Scott, que j'avais trouvés assez moyen, c'est Fede Alvarez qui vient reprendre le flambeau. J'étais excité de voir comment ce réalisateur allait pouvoir s'approprier la saga, surtout au vu des premières images. Malgré tout, j'ai commencé à avoir certains doutes, notamment par rapport à ce que semblaient proposer les bandes-annonces. Cela avait l'air de fortement se rapprocher de ce que l'on avait vu dans le tout premier volet de cette licence. J'avais donc peur d'une copie très aléatoire et sans personnalité. Finalement, même si toutes mes attentes n'ont pas été satisfaites et que plusieurs de mes craintes ont été valider, je trouve que ce projet s'en sort déjà bien mieux que ce que nous avions vu de la saga dernièrement. Fede Alvarez a voulu se rapprocher de l'esthétique originale de la saga, avec une approche mélangeant la science-fiction et l'horreur. Et dans les grandes lignes, c'est exactement ce qu'il a fait. Tout le film n'est qu'une immense montée en pression, ce qui amène à des séquences de terreur, durant lesquelles nos personnages sont impuissants. Certes, cette approche est clairement proche du premier volet, et dans le récit, il y a beaucoup de similitudes à ce niveau-là. Que ce soit dans le découpage des différents arcs du scénario, (
jusque dans un quatrième acte qui arrive par surprise
, dans l'ambiance, dans le déroulé de l'histoire ou même dans certaines thématiques, notamment en ce qui concerne les androïdes. Et globalement, c'est de là que viennent les gros problèmes du projet. À force de vouloir trop copier ce qui se faisait avant, on en arrive à un résultat très impersonnel. Tout est fait pour rappeler de bons souvenirs aux fans, que ce soit dans les dialogues ou par l'apparition de certains personnages. Et il est vrai que cette méthode a ses limites, avec quelques moments où cette dose de fan-service est mal gérée.
Par exemple, la réplique "ne la touche pas sale p*te" ne passe pas du tout dans ce volet, car on voit mal l'androïde dire ceci.
Par ailleurs, on essaye de réinstaurer le même type de développement, avec toute une équipe sous l'emprise de la Weyland, même si celle-ci est très différente du premier volet malgré tout. Cependant, là où le film de Ridley Scott fonctionne en ce sens, c'est beaucoup plus compliqué dans cet opus. Les personnages, hormis le duo de tête, ont du mal à trouver leurs places, et plusieurs sont très anecdotiques. Je pense surtout à Navarro, qui n'a le droit qu'à quelques lignes de dialogues, ce qui est bien trop mince pour pouvoir s'y attacher. Finalement, on sent que le projet souffre de cette envie de faire plaisir aux fans, en reprenant ce qui faisait la force originale de la saga. On ne créait pas forcément une histoire neuve avec cela, et c'est là que le film fait fausse route, car les émotions ressenties au sein de ce dernier, sont largement moins importantes que dans l'original. Mais malgré tout, je tiens quand même que le long-métrage n'est pas uniquement basé là-dessus. Déjà, car même si certaines bases viennent de ce film, une partie est suffisamment remodelée. Je pense à la thématique des androïdes, qui est largement plus développée au sein de ce projet. Personnellement, je trouve que ce thème est assez mal géré,
car comme le caractère de l'androïde dépend uniquement de son unité centrale, on a donc du mal à y voir une réelle dualité.
Mais cela n'empêche que le film ne saute pas bêtement dans ce qui était présent à l'époque. Fede Alvarez l'a d'ailleurs bien compris, cela se ressent dans son choix de l'approche de l'univers. Dès le début du film, le projet surprend, avec une introduction de nos personnages sur une planète, ce qui créait un décalage avec ce que l'on voit d'habitude. On y découvre la pression émise par la Weyland à la population, et la séquence est plutôt sympathique. Elle est bien menée et les décors sont superbes. Malheureusement, elle passe un peu vite, mais elle permet au moins de rentrer rapidement dans le vif du sujet. Dans la montée en pression, Fede Alvarez utilise une technique que l'on a déjà pu voir dans certains volets de la saga, avec une mise en scène très sobre, où la caméra se glisse littéralement dans les couloirs de la station pour offrir une ambiance pesante. Le réalisateur joue parfaitement des noirs profonds pour offrir des plans composés et très stylisés, et il sait offrir du changement quand le ton du film demande à être modifié, via une omniprésence de rouge pour alerter le spectateur du danger. Par la suite, les choses sérieuses commencent, et beaucoup de séquences seront particulièrement nouvelles au sein de la saga. Que ce soit les scènes avec les Facehugger, la séquence de l'ascenseur, celle de la gravité zéro, etc... Cela m'a fait plaisir de voir un réalisateur se servir de son support pour proposer autre chose que ce que l'on connaît habituellement de la licence. C'est vraiment dérangeant par moments et on retrouve l'aura meurtrière que l'alien avait beaucoup perdue depuis les premiers volets. Le réalisateur choisit de le faire apparaître assez tardivement et de le garder le plus possible dans l'ombre. On a donc une véritable iconisation de l'alien, et cela fait du bien à voir. Mais pour terminer, il est vrai que le final pose des questions.
Sur le papier, il est très impressionnant. J'ai adoré le design de ce nouvel alien, qui est particulièrement dérangeant. Il est vraiment horrible à regarder, et je pense donc que l'effet voulu fonctionne bien. Mais il est vrai que son apparition pose des problèmes en matière de scénario. On ne comprend pas vraiment pourquoi ce mélange ferait ceci, surtout quand on voit ce que cela donne avec les expériences sur les rats. Son existence est donc très étrange, mais je dois dire que cela n'est pas forcément que de la faute de ce film-ci. Le long-métrage a simplement voulu rester cohérent avec toute la saga, il a donc logiquement intégré l'huile noire des deux derniers volets. Mais comme celle-ci a été très mal géré précédemment et qu'elle faisait des choses totalement aléatoires, on comprend qu'il était compliqué de fournir une explication vraiment solide avec ce point de départ. C'est donc une séquence assez dérangeante et intéressante, mais qui pose quand même beaucoup de questions au niveau du scénario.
Par conséquent, ce nouveau volet est globalement assez réussi. C'est très loin d'être parfait, et ce côté fan-service me gêne quand même un peu, même si ce n'est pas aussi prononcé que dans d'autres films. Mais pour beaucoup de séquences qui viennent apporter du neuf à cette saga et qui débordent de bonnes idées, je dois vous recommander ce projet. Il essaye de faire de son mieux, et même s'il n'est pas aussi bien que ce que l'on aurait pu en attendre, il reste bien plus appréciable que les précédents. Pour conclure, un retour intéressant.