Toujours aussi méchante la bébête
Ces 120 minutes de science-fiction mâtinée d’horreur – ou le contraire -, sont signées Fede Alvarez. Le film se situe, dans la chronologie, entre Alien, le huitième passager (1979) et Aliens, le retour (1986). L’action se déroule en 2180. Alors qu’il entreprend des fouilles dans une station spatiale abandonnée, un groupe de jeunes voyageurs se retrouve confronté à la forme de vie la plus terrifiante de l'univers… Il semblerait que raconter une saga dans l’ordre soit au-delà des capacités des scénaristes. Entre prequel, spin-off et autre cross-over, on s’y perd un peu dans le déroulé de l’histoire de base, mais qu’importe, c’est toujours aussi bien fait. L’angoisse est au rendez-vous, les effets spéciaux aussi, du blockbuster d’horreur cousu main.
L’uruguayen Fede Alvarez est un spécialiste de l’épouvante, de l’horreur et autres productions du même métal. Son 1er film, Evil Dead, avait été remarqué en 2013, suivi par le terrifiant Don’t breathe en 2016 et Millenium : ce qui ne me tue pas, en 2018. Puis un long passage par les séries TV avant ce retour sanglant au grand écran. Ridley Scott himself a participé à la production de ce film dont il aurait dit, après projection : Fede, que puis-je dire ? P**** c’est excellent ! Bon, je suis mal placé pour contredire le maître. Après une ouverture dystopique à la Blade Runner, très prometteuse, on retrouve tout ce qui a fait le succès de la série. C’est évidemment très classique côté scénario, mais, je le répète, la facture est excellente. Par contre, on pourrait nous épargner les dialogues pseudo-technico-scientifico de bazar qui frisent le ridicule. Cet opus a au moins pour mérite de faire découvrir la saga Alien à une nouvelle génération. – Les moins de 12 ans devront patienter -. Un film d’une rare violence qui envoie du lourd et s’inscrit parmi les meilleurs de la série.
Côté casting, exit l’emblématique Sigourney Weaver, Fede Alvarez a réuni un casting de jeunes espoirs. En tête l’excellente Cailee Spaeny, - la jeune Priscilla du film du même nom -, qui se révèle parfaitement crédible loin des paillettes et des strass. A ses côtés on remarque surtout David Jonsson Fray. Mais les Isabela Merced, Isabela Merced, Spike Fearn, Aileen Wu, tiennent leur partie – plus ou moins longue selon le scénario et le personnage qu’ils incarnent… on meure beaucoup dans la saga Alien -, avec bonheur. La musique de Benjamin Wallfisch n’est pas pour rien dans la réussite de ce film. Entre Ligeti, Varèse et James Horner, elle souligne parfaitement les différents épisodes, même si – et c’est un reproche fréquent -, elle est parfois un peu trop présente. Bon on en a pour son argent. Plus la grosse bébête bave, plus la sueur froide nous coule dans le dos. Mission accomplie.