**Critique : Un Retour dans l'Univers Alien Qui Laisse un Goût Amer**
Qui dois-je vraiment critiquer ? Les spectateurs qui ont osé coller 5 étoiles à ce film, ou bien le scénario lui-même ? Après plus d'un an de battage médiatique, ce film était censé ressusciter la franchise Alien, la remettre sur les rails après le rachat de la Fox par Disney, et nous offrir un nouveau chapitre digne de ce nom. Pourtant, ce qu'on obtient finalement est une déception presque insultante pour ceux qui ont grandi avec la saga.
Dès les premières minutes, nous sommes transportés dans la colonie minière Jackson. Visuellement, le décor est impeccable. La représentation de la colonie est soignée, presque magnifiquement réalisée, et restitue parfaitement l'atmosphère oppressante et esclavagiste de la Weyland envers ses travailleurs. La comparaison avec Hadley’s Hope, la colonie de *Aliens* (1986) de James Cameron, est inévitable. Le film semble vouloir nous rappeler ces moments de terreur et d’angoisse qui faisaient battre nos cœurs plus vite à l’époque. C’est un clin d’œil évident, bien exécuté sur le plan visuel, mais un simple maquillage sur un scénario qui s’effondre sous son propre poids.
En tant que fan confirmé de la saga, je m'attendais à ce que Fede Álvarez nous sorte une Amanda Ripley, coincée sur cette station, qui aurait rendu *Alien: Isolation* canon dans la continuité des films. Au lieu de ça, on se retrouve avec des scènes où une adolescente rêveuse, sans aucune formation militaire, abat des xénomorphes comme s'il s'agissait de simples figurants. C’est une insulte au personnage de Vasquez, qui doit se retourner dans sa tombe. Les scènes de violence, bien que réussies dans leur exécution, ne parviennent pas à masquer la pauvreté du scénario.
Le film prétend nous offrir une immersion totale dans le cycle de vie du xénomorphe, de l'œuf au stade adulte, un cycle que les fans connaissent bien. Tout est illustré avec une grande précision visuelle, mais le rythme est tellement précipité qu’il en devient presque grotesque. En l’espace de dix minutes, nous voyons une créature passer de l’état embryonnaire à celui de tueur adulte, piétinant ainsi toute la cohérence qui a fait la renommée de ces créatures. Autrefois, chaque étape du cycle du xénomorphe était un cauchemar en soi, une montée en tension presque insupportable. Ici, on nous expédie cela comme un vulgaire tutoriel. C’est un manque de respect flagrant envers l’intelligence des spectateurs et envers les bases mêmes de la franchise.
Sur le plan du scénario, il est difficile de trouver quelque chose de positif à dire. Là où *Alien* et *Aliens* posaient des atmosphères oppressantes et suffocantes, ce film se contente de cocher des cases sans jamais essayer de dépasser les clichés. Les aliens eux-mêmes, autrefois des créatures de cauchemar, ont été vidés de toute substance. Ils sont là, certes, mais ils n’incarnent plus aucune menace réelle. Ces créatures, censées être des Alphas, inspirées par le jeu *Alien: Isolation*, auraient dû être impitoyables, des prédateurs implacables. Et pourtant, ils sont réduits à attendre patiemment, sans réagir, pendant que l’androïde livre une blague insignifiante. La tension est inexistante, remplacée par une série de décisions scénaristiques inexplicables qui dénaturent complètement l’essence même de la franchise.
Il y avait pourtant des moments où l’on sentait la volonté de bien faire, des instants où le film aurait pu briller. Les scènes de viol, par exemple, sont bien réalisées, et l’organisation du décor ainsi que les effets spéciaux sont magnifiquement orchestrés. Les costumes, eux, donnent aux xénomorphes une menace tangible, rappelant les frayeurs d'*Alien: Isolation* en pleine nuit, casque 7.1 sur les oreilles. Le détail apporté aux créatures est tel qu’on aurait juré ne voir aucun CGI, un exploit qui mérite d'être salué. Bravo à l'équipe artistique et au directeur de la photographie pour avoir si bien illustré les xénomorphes. Malheureusement, tout ce travail est saboté par un scénario aussi éclaté que décevant.
L’androïde, un personnage qui aurait pu apporter une véritable réflexion sur la nature de l’humanité face à l’inhumain, se contente de lancer des avertissements vides de sens. Ne pas tuer les aliens sous peine de fissurer le vaisseau à cause de leur sang acide ? Vraiment ? Cet avertissement, un clin d'œil à *Alien: La Résurrection*, sonne creux et superficiel. Ce qui aurait dû être un moment d'action intense, une explosion de violence et de terreur, se transforme en une scène aussi molle qu’oubliable. Les xénomorphes se font abattre comme de simples biches lors d’une chasse dominicale en province, traquées par deux amateurs avant l’apéro. C’est non seulement une trahison pour les fans, mais aussi un désastre sur le plan cinématographique.
En fin de compte, ce film est une déception totale. Les références à l’univers Alien sont là, mais elles ne suffisent pas à compenser un scénario creux et des personnages sans âme. Là où *Alien* et *Aliens* savaient nous prendre aux tripes, nous terrifier, et nous laisser cloués à nos sièges, ce film ne suscite qu’indifférence et frustration. Il ne parvient ni à honorer son héritage, ni à apporter quelque chose de nouveau. Au lieu de cela, il se contente de recycler des idées déjà vues, sans comprendre ce qui faisait la force de la saga. Ce film aurait pu être le renouveau tant attendu de la franchise. Au lieu de cela, il est un avertissement clair : la nostalgie ne sauvera jamais un mauvais film.
2.5 étoiles /5