Magnifique film avec une fin très forte et bouleversante. Nous savons tous à quel point l'esclavage a été une horreur absolue mais il faut se replonger dedans pour ne pas oublier.
Une claque ! À la limite du soutenable mais un indispensable devoir de mémoire . Le film rend formidablement bien hommage aux martyrs de l’esclavage. À ceux qui ont tenté coûte que coûte de retrouver leur humanité en dépit des circonstances
Un choc pour ce qui me concerne, peut-être parce-qu'il est rentré en résonance avec ma sensibilité... J'en suis sorti bouleversé. Je ne suis pas donc pas très objectif, mais pour ce qui me concerne, un grand film
C'est un film beau, ambitieux et ...éprouvant. Dans sa première partie en effet, le film n'y va pas par quatre chemins pour nous exposer la brutalité de cette exploitation de l'homme par l'homme, qui conduit certains esclaves -les "marrons"- à tenter d'y échapper coûte que coûte. En quatre/cinq plans serrés qui s'enchainent rapidement, le film pose (et nous impose comme un passage obligé douloureux) la découverte des soubassements religieux qui justifient de traiter les noirs "comme des animaux" pour servir de main d'oeuvre aux champs, puis la gradation méthodique des châtiments corporels qu'ils subissent s'ils tentent de s'y soustraire : le fouet jusqu'au sang, le marquage au fer rouge sur l'épaule d'une fleur de Lys, l'ablation des oreilles et des mollets et enfin la mise à mort.
De façon assez subtile cependant il laisse entrevoir comment cet "ordre blanc" impose sa tyrannie hiérarchique à tous -et non seulement aux esclaves- dans les doutes que son inhumanité fait naître en son propre sein (et qu'exprime devant le représentant du Roi le fils du planteur et maître Eugène Larcenet) se dévoilant alors plus amplement comme une prison mentale dont tous sont prisonniers. Entravé par un corset de métal, le visage de l'homme noir enfermé et enchainé dans sa cage, apparait alors comme le dernier maillon de cette chaine hiérarchique, métalangage de l'ordre divin qui les enferme tous.
Aussi la plus belle scène du film -et la plus symbolique- est-elle bien celle de l'esclave Massamba se libérant de ses entraves pour rejoindre sa fille Mati, s'étant enfuie peu avant pour échapper au droit de cuissage que s'apprêtait à lui infliger son maître. C'est la deuxième partie du film : une course poursuite trépidente et dangereuse dans la jungle de l'isle de France -aujourd'hui Ile Maurice- au terme de laquelle Massemba, poursuivi par la redoutable "Madame La Victoire" chasseuse d'esclaves, retrouve sur les rivages de l'île sa fille parmi d'autres esclaves ayant opté pour la fuite.
Dans cette échappée, qui est le coeur du film, jusqu'aux retrouvailles qui en est le terme le film ouvre alors une fenêtre inédite sur la vie de ces esclaves qui ont tenté de s'affranchir de leurs chaines. C'est la partie la plus émouvante du film, où ces hommes, femmes et enfants retrouvent à tâton leur identité par delà les frontières ethniques qui les distinguent (yoruba, mandingues, bambara, peuls...) mais à travers leur commune spiritualité animiste dont l'évocation transparait toute au long du film par l'enchassement de courtes scènes imaginaires trahissant la présence d'une mystérieuse divinité féminine.
S'ébauche là le contre-monde des afro-descendants ayant résisté ou simplement survécu à la traite négrière européenne comme une invitation implicite à s'affirmer plus avant pour redéfinir les contours de notre humanité future.
Je suis stupéfait de voir des critiques parler de lenteur, d’un manque de crédibilité ou même d’ennui. Ces remarques passent complètement à côté de l’essence du film.
La maîtrise technique de ce film est largement suffisante pour nous immerger pleinement dans cet univers sombre et oppressant... un univers qui transcende le cadre historique pour nous questionner sur notre propre humanité, notre capacité à infliger ou à supporter de telles atrocités.
Dans un monde où les discours de haine et la montée de l’extrême droite envahissent de plus en plus l’espace public, ce film sonne comme un écho alarmant, une interpellation directe à notre rapport aux autres, à notre manière de concevoir la société.
Ni Chaînes Ni Maîtres nous invite à nous interroger, non seulement sur notre passé, mais sur notre présent et l’avenir que nous voulons pour nos sociétés.
Comment peut-on rester insensible à ce message ? Comment peut-on réduire cette œuvre à une prétendue lenteur scénaristique ?
Ce film est un choc visuel et émotionnel qui vous colle à la peau bien après le générique final. Si vous ne ressentez rien, il est peut-être temps de vous questionner sur votre propre rapport au monde.
Un beau portrait, une histoire pleine de suspense, une subtilité dans la manière de raconter l’histoire des personnages. Chacun ayant une profondeur certaine. Je recommande !
Ni chaînes ni maîtres est un film audacieux qui plonge dans l'histoire du marronnage, mettant en lumière la résistance des esclaves fugitifs à l'ordre colonial sur l'île Maurice au XVIIIe siècle. Simon Moutaïrou, inspiré par son héritage béninois et les récits d’esclavage, livre une œuvre à la fois puissante et poétique. La force du film réside dans sa représentation inédite des marrons, héros oubliés, et dans l'exploration de leur quête de liberté. Le contraste saisissant entre la beauté de l'île et la brutalité du système esclavagiste amplifie l'impact émotionnel. Le choix du "survival" donne un rythme haletant à cette fresque historique, qui questionne également les oppressions contemporaines, résonnant ainsi avec notre époque.
Film utile, Magnifique et bien mené. Certains critiquent le rythme, je l'ai trouvé adapté à la chasse, à la fuite, à la détermination des Marrons. Quand on sait que la fortune de la France s'est faite sur la colonisation et l'esclavage, on ne peut que s'étonner du peu de représentation du sujet dans le cinéma français. Merci Simon de rendre notre histoire visible.
Et beh, quelle sombre époque que ce film nous rappel de manière si immersif qu'il n'y a pas de mot pour décrire autant de cruauté et dire que ça s'est réellement passé, comment c'est possible 😰