Alger reste l'une des villes les plus cinématographiques du monde, Pépé le Moko l'avait démontré en son temps, et sa présence magnétique, aux forts contrastes, de sa sublime côte à ses quartiers délabrés, assure à elle seule une grande partie de l'intérêt que mérite Omar la fraise. Le réalisateur, Elias Belkeddar, joue avec le mélange des genres, geste présomptueux, surtout pour un premier long-métrage et, sans être désespérant, le résultat ne convainc pas pleinement, que cela soit en tant que comédie, que thriller, que drame ou même que film romantique. Le tout est sympathique mais la fluidité entre les scènes n'est pas assurée, en dépit du fait que ce portrait d'une Alger moderne attise notre curiosité de par la volonté d'en décrire une certaine réalité, bien loin de la carte postale de passage, avec d'ailleurs plusieurs épisodes sanglants, qui n'étaient peut-être pas nécessaires. L'histoire, qui réunit deux caïds quelque peu en perte de vitesse dans la capitale algérienne, manque certainement d'étoffe mais elle nous offre une belle complémentarité et complicité entre ses deux interprètes, Reda Kateb et Benoît Magimel, qui semblent s'amuser beaucoup, y compris lorsqu'ils se mettent pratiquement en roue libre. Ne pas oublier de leur adjoindre la débutante Meriem Amiar, qui tient tête à ses deux acolytes, malgré un temps de jeu trop réduit. Avec tout cela, Omar ne nous a pas "tuer", mais diverti parfois et informé aussi sur une ville et un pays si proches et si peu compris, vu avec nos œillères d'ici.