Les toutes dernières paroles du film sont "je t'aime", et ça ne s'adresse pas à un nombre complexe ou à une tuile de mah-jong. C'est magnifique comme se termine ce film, qui est pourtant un vrai drame.
Voilà en effet quelqu'un qui ne peut pas vivre sans les mathématiques (selon son aveu), qui plus est, une femme. Un être littéralement possédé par une passion (qui est sans doute un don de naissance). Une passion qui dépasse l'entendement du commun des mortels, puisqu'en effet ceux qui n'ont pas dépassé le BAC + 5 n'en comprennent même pas la langue. Une passion qui bien sûr laisse le reste dans l'ombre, voire l'inconnu - les autres, l'amitié, le sexe, etc.
C'est cette obsession et cette errance qu'on nous donne à voir.
Elle veut "trouver un moyen de mettre de l'ordre dans l'infini", cet infini qui l'angoisse depuis toujours. Pour nous, il y a l'infiniment grand, l'infiniment petit, qu'on peut voir ou toucher. Pour elle, c'est l'infini intangible des nombres.
Rien n'est plus incommunicable, artistique pourrions-nous dire (si cet art n'était pas réservé à quelques-uns). Un art qui pourtant produit, à terme, plus que ne produit la Joconde ou le Boléro, et qui crée avant même de produire. Une pure création de l'esprit, qui représente sans doute la vraie préoccupation de l'auteur du film.
Je m'attendais à un film dans le ton de la voie royale sortie il y a quelques semaine sur l'univers des études d'élite, ce ne fut pas le cas, c'est réellement une histoire humaine avant tout d'une femme qui découvre la vie après avoir passé 15 ans le nez dans les bouquins. Cette flamme de vie lui permettant d'avoir le bol d'air nécessaire pour reprendre pied. Un super film. Le bémol est qu'il y a trop de ficelles scénaristiques permettant à l'héroïne de retomber sur ses pattes qui fausse complètement le côté authentique et réaliste du film
c'est une histoire magnifique...servi par des acteurs formidables...c'est ambitieux...limite américain....j'avais aimé voie royale sorti en septembre mais voilà....là c'est bcp plus ambitieux.... ça fait grand film...
Point de vue d'un chercheur. A travers l'expérience d'une doctorante en mathématique, ce film parle un peu de la recherche, un peu du monde universitaire, et beaucoup de l'éveil d'une jeune personne, auparavant focalisée sur son amour pour les mathématiques et découvrant peu à peu le monde de ses émotions, de la sensualité, des rapports humains bienveillants pour elle. Un choc émotionnel est à l'origine de cet éveil, et quelque part d'une certaine bifurcation de son rapport au monde. Le filme emprunte, il me semble, des idées de mises en scène du film "Un homme d'exception", avec Russel Crow, retraçant également le parcours tourmenté du mathématicien John Nash, récompensé par la plus haute distinction pour ses travaux. J'ai également trouvé des poins communs avec la série "Le jeu de la dame". Ce qui n'est par réaliste : - il est impensable que l'erreur sur ses lemmes n'aient été identifiée que quelques semaines avant la fin de sa thèse, et que par conséquent son directeur lui demande de changer de sujet aprés trois ans d'efforts. Une telle erreur aurait été détectée bien avant et le changement avec. - il est également impensable que Werner, le directeur de thèse, accepte que Lucas travaille en cachette, sur le même sujet de façon indépendante. L'institution toute entière aurait réagi. Néanmoins, les messages niant la personne de Marguerite : le déni de ses émotions, des affects liés aux interactions, à la mise en concurrence avec Lucas, à la reconnaissance de son travail, à l'engagement ; la posture haute et infantilisante du directeur de thèse, les multiples trahisons entre ce trio, retranscrivent bien la brutalité de ce monde où l'on n 'est rien devant la science, sauf pour ceux qui sont élus et qui sont la science ! Car la science ne se fait pas sans homme pour la porter. Il y a donc toujours ce paradoxe entre l'idée d'une science qui serait, dans l'absolu détachée des hommes, mais, dans l'instantané portée par ceux qui l'énoncent. Enfin, le final dit tout de la loi du milieu : "il ne peut en rester qu'un" et tous les contributeurs doivent s'effacer, où le sont de toute façon, ce qui occasionne de multiples trahisons entre ce trio de personnages, également la peur constante d'être trahi tout au long de leurs collaborations.
j'attendais peu de ce film mais il y a quelque chose dans l'ambiance qui se construit lentement au fil des deux heures qui m'a retourné les tripes. L'actrice est magistrale et le ton sonne (globalement) très juste. La relation compliquée de marguerite avec son directeur de mémoire (interprété par un Jean Pierre Daroussin, entre rivalité, haine et interdépendance, donne un vrai plus à un film qui aurait pu facilement tomber dans la caricature d'un (énième) personnage à la frontière de la folie et du génie. Une note d'humour, bienvenue, pour relever le tout ; deux jolies heures de plongée dans le monde des mathématiques, et personnellement, j'en redemande.
Une pépite.... un film plein de grâce, des acteurs plein de profondeur, tout en intériorité et authenticité , de l'inattendu, de l'humour, de l'émotion . Ce film étincelle par rapport à tout ce qui passe sur nos écrans actuellement, c'est surprenant , passionnant et émouvant. Un savoureux morceau de vie et de jeunesse. Courez-y !!
Un film sur les maths ? Est-ce donc possible ? Oui, car si la conjecture de Goldbach est présente de la première à la dernière scène, qu'elle tapisse les murs de la narration, elle n'est pourtant pas le sujet du film. Le sujet, c'est Marguerite, une jeune femme apeurée par le monde, incapable de sociabiliser par les mots et qui a trouvé refuge dans le langage mathématique. Le film raconte sa transformation. Il y a certes quelques éléments romanesques mais on se laisse facilement entraîner dans la recherche de la solution à cette difficile équation : peut-on aimer sans risque ? Un bon moment de cinéma.
Un moment agréable dans un univers original passionnant, et passionnel. Même si la 2eme partie est un peu longue, c'est un chouette moment avec des rencontres improbables , c'est le monde du cinéma comme je l'aime. Bravo
Anna Novion nous surprend d'abord avec cette romance mathématique qui tient autant du thriller scientifique que du récit d’apprentissage. Ella Rumpf y incarne avec justesse une jeune chercheuse aussi passionnée qu’introvertie, qui accomplit sa thèse comme une quête existentielle et obsessionnelle..... Mais le scénario un peu trop convenu la conduira vers la résolution prévisible d’une double équation : trouver la solution à son travail de recherche et découvrir l'effervescence des premiers émois amoureux.....
Un vrai mélo dans lequel Ella Rumpf et JP Daroussin sont formidables. Parfois Anne Novion en fait un peu trop (quelques effets spéciaux et des formules de math jusque sur la baie vitrée de la piaule) mais on se laisse embarquer de bonne grâce dans la passion de Marguerite.
Enfin un film charmant qui fait du bien. Quelques longueurs mais le scénario tient debout, les acteurs qui me sont inconnus sont convaincants. Darroussin que je connais m'a paru un peu terne.
Le théorème de Marguerite réussit ce que La voie royale avait raté, dans un contexte similaire, les Grandes Ecoles et la formation des dites "élites". Au lieu de Polytechnique, ici on est à l'Ecole Normale Supérieure. Cette fois le scénario, excellent, nous fait l'économie de la surdétermination bidon du destin par l'origine sociale pour nous ramener sans concession à la confrontation des égos, des personnalités, des faiblesses et des forces individuelles. C'est cette complexité des personnages qui font le véritable intérêt du film. Et bien entendu, comme il y a de véritables personnages à interprêter, tout le casting s'en donne à coeur joie et c'est communicatif. Pas un chef-d'oeuvre, mais quand même un film extrêmement plaisant à regarder.