Tendre et solaire
J’avais remarqué le 1er film de Marie Garel-Weiss, en 2018, La Fête est finie… et depuis plus rien. Je m’interrogeais quand ces 91 minutes de comédie pas comme les autres sont venues confortées ma 1ère excellente impression d’il y a 5 ans. Mimi a presque trente ans et rêve toujours à ce qu'elle pourrait faire quand elle sera grande. Alors qu'elle se décide à chercher du travail, elle fait la connaissance de Paul, un avocat sur la touche. Ensemble ils vont tenter de défendre Christophe, un petit arnaqueur qui clame son innocence. Si Paul voit dans cette affaire un moyen de se refaire, Mimi y voit, elle, une mission, un chemin vers la justice et la vérité. Complètement perché, voilà un film qui joue constamment les funambules entre comédie romantique et film d’enquête, totalement rafraîchissant et inclassable dans le paysage du cinéma français. A découvrir.
Longtemps, les décors du film racontent à eux seuls l’enfermement des personnages tout en donnant à voir la vie en dehors, celle dans laquelle ils aimeraient tant s’ébattre, un peu comme dans un dessin de Sempé. Puis, insensiblement, le film s’ouvre vers de plus grands espaces, vers un sentiment de liberté, jusqu’à placer les personnages dans des décors trop grands pour eux. Subtil, aérien et diablement efficace. Cette comédie douce-amère est à la fois drôle et poétique, un film dans lequel la lumière pénètre parfois jusqu’à l’aveuglement. Vous l’avez compris, tout est symbolique dans la mise en image de cette histoire de gens en marge d’un monde qui, pour différentes raisons, n’est pas fait pour eux. La B.O., les dialogues et le casting, tout atteint ici une forme de perfection dans le minimalisme très touchante et d’une rare tendresse.
On découvre Daphné Patakia,- aperçue dans des petits rôles, sauf dans le Benedetta de Verhoeven -, qui irradie ce film de sa présence lumineuse et touchante. A ses côtés, l’immense Benoît Poelvoorde sait se faire tout petit et totalement bouleversant. Ajoutons à ce duo Agnès Jaoui et Raphaël Quenard, parfaits tous les deux. Ce voyage étrange magnifie les perdants, les inadaptés, les cabossés de la vie, avec jubilation dans l’absurde, la fantaisie et l’infinie tendresse.