Après "La fête est finie", un excellent premier long-métrage de cinéma ayant pour thème la toxicomanie, après "Qu'est-ce qu'on va faire de Jacques ?", un téléfilm pour Arte ayant pour thème la schizophrénie, la réalisatrice Marie Garel-Weiss a décidé de continuer à creuser le sillon des troubles psychologiques, mais, cette fois-ci, en affrontant un genre très délicat, la comédie loufoque. Eh bien, pour moi, la réussite de "Sur la branche" est totale. Le genre est délicat car c'est un domaine où la perfection est, par nature, impossible. En effet, il s'agit d'aller le plus loin possible vers l'incongru, vers le farfelu, vers l'absurde, mais sans aller trop loin. Si vous n'allez pas assez loin, les spectateurs ne verront que le côté invraisemblable de certaines scènes sans ressentir suffisamment le bonheur qu'engendre le rire. Si vous allez trop loin, l'intellect du spectateur viendra lui interdire de rire en lui faisant remarquer la bêtise des scènes et des dialogues. Le problème pour un réalisateur ou une réalisatrice abordant ce genre, c'est que la limite du "le plus loin possible" n'est pas la même pour tout le monde, ce qui rend impossible la perfection. Il se trouve que, pour moi, la réussite de cette comédie gentiment déjantée est totale, mais qu'en sera-t-il de Juliette, de Paul ou de Michèle ? En tout cas, dans la salle où j'ai vu le film, les rires, des rires fins et non de gros rires gras, n'arrêtaient pas de fuser à droite et à gauche : c'est plutôt bon signe ! Pour que son pari soit réussi, il fallait pour Marie Garel-Weiss réunir des interprètes adéquats. Là aussi, la réussite est totale ! La comédienne belge Daphné Patakia, qu'on avait découverte dans "Djam" de Tony Gatlif, campe de façon très naturelle une Mimi absolument irrésistible, jeune femme psychologiquement instable mais véritablement attachante. Benoît Poelvoorde, interprète de Paul, un avocat au bout du rouleau, prouve qu'il est un excellent comédien quand il est bien dirigé. Dans un petit rôle, Raphaël Quenard et son élocution si particulière poursuivent leur montée en puissance dans le cinéma français dans le rôle d'un escroc à la petite semaine. Petit rôle aussi pour Agnès Jaoui, toujours aussi juste. Et puis, dans un rôle encore plus minuscule, on rencontre Maud Wyler et là, on a un flash : c'est bien à côté de "Perdrix", le film réalisé par Erwan Le Duc et dans lequel Maud Wyler tient le rôle principal, que vient se ranger avec bonheur "Sur la branche".