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Fêtons le cinéma
699 abonnés
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4,0
Publiée le 24 janvier 2020
Il est important de voir The Strong Man pour rendre au burlesque son implication politique, pour le restituer dans une époque marquée par le traumatisme de la Grande Guerre d’ailleurs explicitement convoqué au début du long-métrage de façon détournée et parodique, et qui semble alimenter le conflit apparent entre l’ordre et le désordre, entre le chaos d’hommes imbibés d’alcool et désireux de voir s’agiter devant eux des freaks et le besoin de restaurer la loi et une harmonie durable. Frank Capra se saisit du pitre maladroit, figure déjà incarnée à l’époque par Charlie Chaplin puis par le duo montant Laurel et Hardy, pour le faire traverser, davantage que des aventures, des milieux géographiques et culturels : d’abord la guerre, puis la small town avec son église, ses intérieurs aristocratiques servant d’ateliers à des sculpteurs, sa salle des fêtes dans laquelle s’active un spectacle de curiosités humaines. S’opère un clivage entre l’espace public qui se définit par son activité tumultueuse et fanatique – les corps s’y pressent, les croyants y marchent les uns derrière les autres – et l’espace privé tout entier incarné par le jardin de la belle Mary Brown comme maintenu en marge du monde, un îlot de tranquillité à préserver. The Strong Man plonge son protagoniste principal dans une somme de communautés imperméables les unes par rapport aux autres et que l’art de la gaffe permet seul de traverser et donc de relier. Dit autrement, l’unique ressource dont dispose Paul Bergot pour retrouver sa bien-aimée et ainsi remédier à sa solitude est sa maladresse, son manque de chance qui le contraignent à partager avec autrui un scénario commun. Les altercations involontaires produisent du lien social et le transforment, à terme, en gardien de l’ordre. Aussi finit-il par devenir véritablement cet homme fort annoncé dès le titre et qui ne paraissait pouvoir se réaliser que par l’ironie. Frank Capra prouve ainsi la pertinence de son geste artistique et met en scène une œuvre au burlesque délicieux et à la dynamique savante qui a l’entrain de son personnage et l’intelligence de son propos. Un très beau film à (re)découvrir.
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3,5
Publiée le 20 février 2016
C'est de 1926 que date ce film muet cèlèbre, un des premiers longs-mètrages de Frank Capra et du gènial Harry Langdon, acteur quelque peu (et malheureusement) oubliè aujourd'hui! Langdon s'est fabriquè un personnage d'enfant sans dèfense, aussi courageux qu'ingènu et en même temps astucieux! Pour ce faire, il endosse des vêtements ètriquès, comme un gosse qui a trop grandi, un tout petit chapeau qui est comme une proclamation d'innocence, et il fixe le monde, adversaires compris, d'un regard que l'ètonnement ècarquille sans cesse! Dans "The Strong Man" qui restera probablement l'un de ses meilleurs rôles d'une filmographie bien garnie, ce pierrot lunaire est un soldat courageux, d'un autre pays (la Belgique), amoureux d'une jeune femme! spoiler: Un ocèan les sèpare (la Première Guerre Mondiale) et les empêche de se voir! Mais comme nous sommes dans un film de Capra, tout est possible même si la jeune femme en question est aveugle! Vint l'Armistice, la paix et des paquebots chargès d'èmigrants à la conquête de nouveaux horizons dans la terre promise qu'est New York...puis ce petit village de Cloverdale! Beaucoup d'humour burlesque (Langdon en homme fort, c'est quelque chose) mais aussi un ton douloureusement romantique font de "The Strong Man" un classique essentiel du cinèma muet...
Ce film marque les débuts d'un futur réalisateur de génie mais la personnalité de ce dernier est voilé par celle de son acteur principal Harry Langdon. L'ensemble est inégal, parfois un peu trop long et parfois Langdon en fait un peu trop. Mais quelques grands moments valent le détour que ce soit par leur tendresse, celles avec l'aveugle en particulier la scène finale qui est digne de Chaplin, ou leur spectaculaire, comme celle où le héros est éjecté d'un bus, dévale une pente pour retomber dans ce même bus au même endroit où il était assis, ou encore la destruction de la salle de spectacle qui est un véritable morceau d'anthologie. Une découverte qui faute d'être totalement emballante n'en est pas moins intéressante.