Profession Reporter a été présenté au festival de Cannes en 1975, l'année où Chronique des annees de braise remporte la Palme d'Or.
"Je considère Profession : Reporter comme un de mes films les plus aboutis au niveau de l'esthétique. Je considère également que c'est un film politique puisqu'il traite des rapports de l'individu avec la société." précise Michelangelo Antonioni.
Si Profession : Reporter comporte autant d'images d'archives incrustées au sein du récit, c'est parce que Michelangelo Antonioni a souvent travaillé l'intégration d'images documentaires dans ses films. Une année auparavant, il avait même oeuvré dans ce cinéma en réalisant un documentaire en Chine pour Chung Kuo La Chine.
En 1975, Jack Nicholson faisait partie du cercle des acteurs les plus en vogue du moment. En effet, après ses trois nominations aux oscars pour Cinq pièces faciles, Easy rider et Chinatown, l'acteur est contacté par Michelangelo Antonioni pour Profession : Reporter qui constitue par ailleurs son seul film tourné en dehors des Etats-Unis. Quand à Maria Schneider, elle a déjà eu l'occasion d'être confrontée au cinéma italien en connaissant une renommée mondiale pour le scandaleux Le Dernier Tango à Paris de Bernardo Bertolucci.
Profession : Reporter marque les débuts de Mark Peploe dans l'écriture. En effet, Mark Peploe connaît la consécration pour avoir écrit le scénario de Le Dernier empereur de Bernardo Bertolucci. Il a par la suite été l'auteur du scénario de Little Buddha et a réalisé lui-même des longs métrages comme Double vue ou Victory.
Au générique, on peut remarquer la présence de Luciano Tovoli, un directeur de la photographie qui a acquis une certaine renommé dans le monde entier. Après avoir travaillé pour Marco Ferreri (La Dernière Femme, Rêve de singe) ou Dario Argento (Suspiria, Tenebres), Luciano Tovoli entame une carrière hollywoodienne en travaillant pour Barbet Schroeder (JF partagerait appartement, Kiss of Death, Murder by numbers) et a même oeuvré dans quelques comédies françaises grâce à Francis Veber (Le Dîner de cons, Le Placard, Tais-toi !).
Michelangelo Antonioni est en constante recherche esthétique dans ses films. Dans Profession : Reporter, le réalisateur a voulu travailler l'intégration de l'image documentaire au sein d'une fiction. Ainsi lui a-t-il fallu s'accorder avec le chef opérateur du film, Luciano Tovoli pour mettre en avant cette recherche esthétique. Le directeur de la photographie s'explique : "Laisser le ton cru, dur du reportage. Par conséquent, ne pas utiliser de filtres et de matériaux qui puissent, en quelque sorte, rendre l'image trop élégante. Ne pas faire d'images publicitaires. Faire un film avec la lumière que nous avions à disposition, la lumière naturelle. En outre, c'est un film où rien n'a été tourné en studio, sauf la scène finale."
Puisque Profession : Reporter développe l'alternance entre des images documentaires et la fiction, Michelangelo Antonioni a décidé de montrer l'exécution réelle d'un prisonnier politique. Cette scène montrée dans un souci de réalisme, et qui interroge la représentation de la mort au cinéma, a été censurée dans plusieurs pays. La copie présentée en France est ici en version intégrale.
L'une des scènes les plus connues du film est celle du plan séquence final. Longue de 7 minutes, la séquence nous fait passer sans rupture de l'intérieur à l'extérieur pour revenir à l'intérieur. Afin d'assurer cet effet, Michelangelo Antonioni a élaboré un système très complexe où une caméra est maintenue à l'aide de tubes très légers afin de passer de l'intérieur de l'appartement de David à l'extérieur, en traversant avec une fluidité déconcertante les barreaux de la fenêtre.
Le réalisateur Walter Salles, auteur de Carnets de voyage et Central do Brasil dit avoir été très inspiré par le film pour son travail : "C'est Profession : Reporter d'Antonioni, que j'ai vu à 16 ans au Brésil, qui a déclenché ma vocation pour la réalisation. Ce film a été ma ligne de partage des eaux et Antonioni reste aujourd'hui encore le cinéaste que j'admire le plus. Un film d'Antonioni est quelque chose qui se vit, qui génère une émotion qui n'est pas traduisible par la parole et c'est ce qui m'a donné envie de faire de la mise en scène."