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QuelquesFilms.fr
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2,0
Publiée le 16 octobre 2024
Tour à tour pêcheur, mécanicien et docker, Ousmane Sembène (1923-2007) s’est d’abord fait connaître dans le monde des arts comme romancier (Le Docker noir, 1956) puis, tout en continuant à écrire, s’est formé au cinéma à Moscou. Après quelques courts-métrages, il a réalisé en 1966 ce long-métrage, La Noire de…, qui lui a valu une consécration internationale et le statut à jamais de fondateur du cinéma africain. Centré sur les illusions et désillusions d'une jeune Sénégalaise, exploitée et malmenée verbalement, en France, par un couple français, le film est animé d'intentions louables, critiquant postcolonialisme et racisme ordinaire. Malheureusement, son style a vieilli, la dénonciation apparaissant lourdement démonstrative, la narration datée (avec voix off monocorde) et la mise en scène souvent maladroite (notamment pour introduire l'événement dramatique majeur du film). Le niveau faible voire très faible de l'interprétation (Anne-Marie Jelinek dans le rôle de Madame), ainsi que la post-synchronisation très approximative des voix ajoutent aux limites formelles du film.
Magnifique film, réalisé par un Ousmane Sembène qui maîtrisait très bien le cinématographe. La Noire de... est un film historique, car il s'agit du premier long métrage réalisé en Afrique subsaharienne par un réalisateur local. Mais au-delà du témoignage historique, il a une grande valeur par ses qualités intrinsèques.
Il s'agit d'un film désabusé et douloureux sur les rapports sociaux violents entre Occidentaux et Africains, à travers la colonisation. Une violence contenue, ici, mais qui est profondément oppressante, comme on le voit avec le personnage de Diouana, l'héroïne qui est exploitée à Dakar puis en France par un couple de Français.
Si La Noire de... est un vibrant plaidoyer pour l'Afrique, pillée par les Occidentaux, c'est aussi un long métrage subtil, qui place les Africains face à leurs contradictions.
C'est aussi une œuvre à l'esthétique superbe, dans un beau noir et blanc. L'image est très soignée, avec des cadrages et une composition du plan maîtrisés et harmonieux, et un regard moderne, voire avant-gardiste.
Par tous ces aspects, La Noire de... est donc un grand et beau film, qui me semble indispensable. Une très belle découverte, que je ne suis pas prêt d'oublier...
Un film à la puissance incroyable, malgré sa durée relativement courte (60 minutes). Premier long-métrage de Ousmane Sembène, l’un des pionniers du cinéma africain, ce brûlot violemment anticolonialiste raconte l’arrivée de Diouana, jeune femme sénégalaise, dans une famille de la Côte d’Azur pour devenir bonne à tout faire, alors qu’elle pensait se consacrer à la garde d’enfants. Confrontée au racisme ordinaire de ses patrons, prisonnière entre les quatre murs de leur appartement avec vue sur mer, ses illusions et ses rêves de découverte d’un pays de cocagne vont rapidement s’envoler. Une œuvre politique d’une âpreté magnifique, qui illustre sans concession le décalage flagrant entre les valeurs incarnées par la France et une certaine réalité bien moins reluisante. Réalisé six ans après l’indépendance du Sénégal sur la France, La noire de... montrait aussi que le chemin pour se défaire des logiques coloniales, économiques autant que psychologiques, sera long. En adoptant le point de vue d’une femme de ménage noire, Ousmane Sembène, qui mettait ici en images l’une de ses nouvelles, choisissait de mettre en lumière celles et ceux qu’on ne montrait pas dans la France des Trente Glorieuses, plus pressée de découvrir les joies du tourisme de masse sur des plages bondées que de s’intéresser à la vie des populations immigrées contribuant à la reconstruction du pays. Remarquable.
film de 1966, premier long métrage d'un cinéaste africain, ce film numérisé a été présenté au festival Lumiere 2015 à Lyon. Une jeune femme noire embauchée comme nounou à Dakar accepte de suivre ses patrons blancs de retour en France. là, coupée de sa famille et de sa culture, elle devient la bonne à tout faire sous la férule d'une mère de famille devenue exigeante et méprisante. film engagé qui dénonce l'exploitation postcoloniale des noirs. Tourné avec peu de moyens et des acteurs pas toujours convaincants, ce film un peu naïf ne manque pas de charme ni de conviction. Pourrait être renouvelé aujourd'hui dans les pays du golf par rapport aux employés asiatiques ou même en Afrique entre nouvelle bourgeoisie et population sahélienne par exemple
Beaucoup de justesse dans ce portrait d'une jeune Sénégalaise, déracinée et exploitée par un couple de coopérants. Tout le talent d'Ousmane Sembene dans la description du chemin de croix de cette baby-sitter qui, retrouvant en France ses patrons de Dakar, se heurtera à un nouveau comportement, à la fois paternaliste, humiliant et autoritaire.
magnifique film sur la condition d'une femme sénégalaise en france avec le mal du pays et l’incompréhension et les désillusions .et la révolte d'une femme libre .
Le hasard du calendrier des rééditions permet de voir ou de revoir " la noire de..." (Prix jean Vigo 1966) du cinéaste sénégalais Ousmane Sembene dont ce premier opus fait office d'anticipation ou d'écho à " l'histoire de Souleymane" (2024) sorti récemment sur les écrans.
Quelques années après l'indépendance du Sénégal, un couple de français expatriés revient vivre à Antibes. Ils font venir en métropole leur bonne sénégalaise. Pour cette dernière le rêve se transforme en cauchemar.
En soixante minutes, dans un noir et blanc symbolique ,Sembene balaye l'ensemble du sujet ( lutte des classes sociales sur fond de différence raciale, toxicité, maltraitance, incompréhension de la part de la famille africaine, différence culturelle, de style de vie, mal du pays, désespoir...).
Film très réussi, de grande intensité émotionnelle, sincère, décapant, dont la portée est universelle, traité dans un ton qui m'a fait penser à celui employé par l'allemand RW Fassbinder.
Plus qu'un simple film,un témoignage. Il peut surprendre le public de 2010 car le ton est suranné et le jeu de la mère de famille d'une franche nullité. Qu'importe car l'essentiel est ailleurs ,il se trouve dans le personnage de la jeune sénégalaise qui est exactement ce qu'il faut pour nous faire comprendre l'impossible. Cet impossible est parfaitement rendu par les réactions du couple blanc à des années lumières des aspiration de la jeune noire. C'est le film à voir pour quiconque veut parler du Sénégal et de ses habitants dans les années 60. Si on ne passe pas à coté ,ce qui demande quand même un minimum d'attention,de réflexion et d'altruisme ,il est infiniment utile. Seul un africain épris de culture grecque et latine pouvait nous transmettre ce message de cette manière...Des phrases certes mais aucun dialogue puisque les réponses se font en voix off. Réponses indispensables pour nous mais superfétatoires pour un éthno psychologue comme Tobie Nathan pour ce citer que le plus connu. Voila un prix jean Vigo une fois de plus bien attribué. __________________________________
Ce film du réalisateur pionnier du cinéma africain Ousmane Sembène, nous montre un colonialisme qui persiste après la décolonisation.. Le réalisme est à frémir, malgrè l'aspect didactique. Plan très bien construits, symbolique forte.. poignant!
Pourquoi rendre cette femme immigrée aussi antipathique ? elle n aime pas les enfants, ne veut pas travailler...je ne comprends pas l engouement pour ce film laid
La noire de… est un film dramatique écrit et réalisé par Ousmane Sembène en 1966. Ce film est considéré comme étant le tout premier long-métrage réalisé et primé par un africain.
Cette histoire qui se déroule entre le Sénégal et la France peut paraître simplet mais, ô combien captivante !
Dans ce film post-colonial dont, l’histoire est basée sur un fait réel, il est question de Diouana, une jeune sénégalaise qui accepte avec enthousiasme de suivre ses employeurs en France. Mais très vite, Diouana se retrouve dans la situation de la "bonne à tout faire" ; C'est alors que commence une lente descente en enfer qui va l'a conduire jusqu'à cet acte regrettable.
Ici, le réalisateur nous embarque et nous enferme dans une sorte de huit clos pour assister au dépérissement progressif de ce personnage central qui passe ainsi, du rêve à la dure réalité à laquelle elle est confrontée.
Des sentiments d'abandon, de solitude, d'éloignement, de rejet ou encore de dépression apparaissent au fur et à mesure du film, et s'emparent de la jeune fille pour finalement prendre de plus en plus de place, jusqu'à atteindre le point de non-retour. En effet, le mal-être de Diouana est d'abord moral avant d'être physique.
Diouana, c’est vous, c’est moi, c’est l’immigré qui quitte sa terre natale en rêvant simplement d’une vie meilleure, je trouve incroyable qu'un film tourné il y a plus de 50 ans maintenant, soit encore et même, plus que jamais d'actualité.
Aujourd'hui, combien de Diouana partis à la recherche d’un lendemain meilleur, s’endorment sur leurs désillusions ?
Objet inconnu, du moins de la majorité des jeunes cinéphiles, La Noire de qui obtint le prix Jean Vigo en 1966 bénéficie d’une nouvelle sorte impossible à louper. Ce film, brûlot dénonçant le racisme et les dérives du néo-colonialisme, marqua la fin du décret Laval de 1934 qui interdisait tout simplement aux Africains de faire du cinéma. Né en 1923, Ousmane Sembène fut d’abord un grand écrivain avant de se tourner vers le septième art avec comme ambition de raconter le réel. Après quelques courts métrages, il réalise La Noire de, d’abord présenté au Festival mondial des arts nègres à Dakar. Dans ce film d’une heure, on suit l'arrivée à Antibes d’une jeune Sénégalaise, nourrice de son état, emmenée par ses employés blancs pour y exécuter les tâches ménagères sans aucune permission de sortie, constamment ramenée à un statut d’esclave inférieure. Sembène a choisi le parti de la tragédie, ne laissant ainsi aucune échappatoire à son héroïne. C’est son choix qu’il faut replacer dans son contexte où la France constitue encore une puissance coloniale importante. Il n’en reste pas moins que La Noire de est une charge implacable mettant en scène simplement et frontalement le racisme ordinaire fondé sur la présupposée supériorité d’une race. La bonne idée du cinéaste est d’avoir exprimé les pensées de Diouana par le biais d’une voix off à la diction terriblement durassienne ce qui donne au propos de l’auteur une dimension encore plus universelle. La Noire de demeure après plus d’un demi-siècle un geste de cinéma primordial dont l’indépendance et la précision allaient constituer les fondations d’un cinéma africain, et notamment subsaharien, à venir.
Chef d'œuvre absolu ! Le racisme, les préjugés, la bêtise, dénoncés avec une qualité artistique vertigineuse ! Ousmane Sembene filme comme le grand Eisenstein, une qualité de plan et de photographie exceptionnels. La satire est également à son apogée. Merci aux bolognais de L'Immagine ritrovata comme à la Cinémathèque française de nous avoir permis de retrouver cet opus incroyable qui donne vraiment envie de (re)découvrir tous les films du cinéaste sénégalais.