"L'Amour et les Forêts" est le genre de projet qui mérite vraiment d'être étudié. Valérie Donzelli a choisi de nous parler des relations toxiques avec ce film, et honnêtement, elle l'a vraiment bien fait. Ce genre de thématiques est assez complexe à traiter en apparence, mais la réalisatrice a parfaitement réussi à retranscrire les éléments qui font une relation toxique. Le principal point autour duquel elle décide de tourner va notamment être l'enfermement au sein de cette relation, par le caractère et l'attitude du conjoint. On le ressent très rapidement avec ce choix de ratio en 1.66:1, car il retranscrit l'enfermement et le côté très cadré de cette relation. Mais on le voit également dans le choix des décors, la vie de notre héroïne passant de la liberté offerte par un environnement en bord de mer, au côté resserré des arbres de la forêt. Tout cela sera également associé à la présence très abusive du mari, même quand celui-ci n'est pas à l'écran. On peut noter ces discussions au téléphone, où sa voix n'a aucun filtre, ce qui permet de donner la sensation qu'il est proche d'elle malgré tout. La réalisatrice cherche donc à imager cette thématique et à l'intégrer à sa mise en scène, au-delà de simplement la montrer. Et c'est donc très intéressant, car le film n'aura jamais besoin d'expliquer grossièrement le problème, on le comprend très vite. Mais si je devais quand même faire mon rabat-joie, je dirai que le style de cette réalisatrice n'a rien de subtil. Pour tout ce qu'il est efficace au niveau de sa narration, il peut aussi apporter certains moments qui font peut-être un peu trop. Je pense notamment à quelques scènes en particulier, l'une où un zoom bien à l'ancienne est utilisé, ou une autre où le montage ne réussit pas à correctement faire ressentir la présence flottante du mari, et va donc tomber dans la facilité en montrant notre héroïne l'imaginer proche d'elle. Mais il faut être honnête, ces quelques passages n'enlèvent rien à la qualité du long-métrage, on croit très fortement en ce qui nous est présenté. Et si la réalisation est pour quelque chose dans cette réussite, il est difficile de ne pas parler du casting. Virginie Efira est vraiment bluffante, comme toujours, que ce soit dans l'un ou l'autre de ces rôles. Et quant à Melvin Poupaud, il est absolument terrifiant, car il dégage une vraie impression dérangeante à beaucoup d'instants. Par conséquent, je vous recommande fortement l'expérience de ce projet. C'est un film qui s'avère assez impressionnant dans sa maîtrise de la narration, et même s'il n'est pas parfait, il vaut vraiment le détour. Pour conclure, un film bien oppressant.